PAR BRAHIM AZIEZ
L’intérêt des banques, publiques et privées, pour le financement automobile se confirme de jour en jour. Le retour de la production locale, avec Fiat qui a entamé ses activités industrielles le 11 décembre 2023, et l’arrivée prochaine de nouveaux opérateurs dans la production automobile multiformes (voitures, camionnettes, camions, bus, motocycles, tracteurs…), ravive les ambitions des différents organismes financiers qui multiplient les offres, qu’elles soient standard ou islamiques, atteignant jusqu’à 90% du prix du véhicule, un âge qui peut aller au-delà de 70 ans et un salaire oscillant entre 40.000 et 50.000 DA.
L’on apprendra ainsi du président du comité de la finance islamique au niveau de
l’Abef (association des banques et établissements financiers), Sofiane Mazari, que
12banques sont actives dans le financement des crédits automobiles sous la forme
islamique, et qu’elles sont d’ores et déjà prêtes à accompagner les clients dans l’acquisition de nouveaux véhicules parmi ceux qui seront fabriqués localement. CPA, BEA, BNA, BDL, Al Salam, Al Baraka, CNEP banque… tous les organismes financiers, ou presque, sont sur les starting-blocks.
Sofiane Mazari, qui est aussi chef du département finance islamique au crédit populaire d’Algérie (CPA), précisera, dans une déclaration à l’APS, que cette banque publique proposait un financement pour l’acquisition de voitures selon la formule mourabaha, où le financement peut atteindre jusqu’à 80% du prix de la voiture.
Il soulignera que la marge de profit sur le financement est fixée à 7,5% par an (NDLR : hors taxe), mais que la banque n’exigeait pas que le client ait un compte au CPA. Rappelant que seules les voitures fabriquées localement étaient concernées par ces crédits, le responsable à la CPA révélera que la banque s’orientait vers l’acquisition d’un stock de voitures fabriquées localement pour les revendre aux clients (formule mourabaha).
«La demande sera élevée»
L’intérêt des banques pour le crédit automobile n’est pas fortuit. Et à ce propos,
Mazari affirmera que « la demande sera élevée et le besoin de financement sera
important, en raison de la hausse des prix des voitures ».
Même son de cloche chez ses concurrents. Houssam Akacha de la banque extérieure d’Algérie (BEA) indiquera que « le financement pour l’achat de voitures via le
produit mourabaha automobile peut aller jusqu’à 90% du prix du véhicule, avec une
marge bénéficiaire fixe de 7,5% par an, pour une période allant d’un an à cinq ans,
et des conditions bancaires compétitives ». Ce dernier ajoutera la possibilité, pour les entreprises, de bénéficier du financement de voitures et d’équipements mobiles
via le produit « location d’équipements mobiles ».
De son côté, la banque nationale d’Algérie (BNA) propose la même formule avec une période de remboursement allant jusqu’à 60 mois. Amina Athamnia, chef du département finance islamique à la BNA, précisera que ladite banque a lancé une nouvelle facilité pour le financement de l’acquisition de voitures, permettant aux clients détenteurs de comptes dans d’autres institutions bancaires et ceux d’Algérie Poste de bénéficier du financement sans avoir besoin d’ouvrir un compte auprès de la BNA. Plus explicite, Mme Houria Zinat, directrice de la finance islamique à la banque de développement local (BDL), indiquera que dans la formule mourabaha véhicule, le guichet islamique de la banque achète la voiture à la demande du client, puis la revend avec un bénéfice (le coût de la voiture plus la marge bénéficiaire de la banque), avec un délai de remboursement qui s’étend jusqu’à 60 mois.
Et si la marge bénéficiaire à la BDL est de 8,5%, malgré un financement bancaire de 80% seulement, c’est surtout parce que cette dernière permet de disposer de son véhicule dans les 48 heures à partir de la date de signature du contrat de mourabaha.
Des traitements de dossiers dans les 48 heures
A la Cnep-banque, la directrice de la finance islamique, Yamina Belhassani annonce le lancement prochain d’un nouveau produit de financement pour l’acquisition de voitures via la formule mourabaha, dont le taux de financement devrait atteindre 85% du prix du véhicule. Parmi les conditions d’éligibilité à ce crédit, la responsable a souligné que le potentiel candidat devrait être âgé entre 21 et 70 ans, et justifier d’un revenu mensuel d’au moins 40.000 DA, avec la précision que l’étude du dossier de financement se fait dans un délai de 48 heures, tandis que la livraison de la voiture reste, selon elle, « liée à la réactivité de l’usine face à la demande ».
Le directeur général de la banque Al Salam, Nasser Haider, affirmera à l’APS la disposition de la banque à commencer à recevoir des demandes de financement, en attendant la disponibilité des voitures fabriquées localement. A l’instar du CPA, le DG de la banque Al Salam dira que la démarche adoptée par l’institution bancaire qu’il représente est axée sur l’achat d’un stock de voitures et sa revente, attestant qu’en cas de surplus, « le client reçoit sa voiture le jour même du dépôt du dossier ». Le financier a affirmé prévoir « une pression »
au lancement de l’opération due à la forte demande par rapport à l’offre, et ce, a-t-il
soutenu, jusqu’à ce que « d’autres usines d’assemblage soient lancées pour répondre à toutes les demandes ». Mais tous restent unanimes à avertir « la livraison de la voiture reste liée à la disponibilité du produit ».
B. A.