2023, les grands défis de l’agriculture algérienne

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2023, les grands défis de l’agriculture algérienne

Par Brahim Aziez

Si l’année 2023 s’annonce comme celle de la relance économique et du renouveau de l’automobile en Algérie, la relance du secteur de l’agriculture risque, elle, d’être soumise à rude épreuve.

Du coup, l’autosuffisance en céréales fixée par le chef de l’Etat risque d’être difficile à réaliser en raison des conditions climatiques peu clémentes en ce début de saison agricole plutôt crucial.

Si les prévisions d’une récolte de 27 à 30 millions de quintaux fixés par le ministère de l’Agriculture au début de la saison agricole 2021-2022 ont été plutôt dépassées avec un peu plus de 40 millions de quintaux récoltés à la fin de la saison, les choses devraient être plus prolifiques cette année, même si cela s’annonce plus compliqué avec une faible pluviométrie enregistrée à la fin décembre 2022.

Il faut savoir que de nombreuses mesures sont prises, chaque année, en faveur de ce secteur stratégique pour le porter à des niveaux supérieurs.

Mais les résultats tardent à se concrétiser sur le terrain, et l’Algérie continue à importer une bonne partie de ses denrées alimentaires, dont les céréales, le lait et les viandes rouges.

L’Algérie était, jusqu’à l’année dernière, l’un des plus gros importateurs de blé au monde à une période où une inflation mondiale frappe les prix des céréales depuis un peu plus de 2 ans.

Des programmes de densification de la production nationale sont mis en place pour réduire la dépendance du pays à l’importation de cet aliment stratégique, mais les conditions climatiques peu clémentes ces dernières années n’ont pas permis d’atteindre cet objectif intermédiaire, sachant que l’objectif fixé par le président de la République est la sécurité alimentaire du pays, en général, l’autosuffisance en matière de céréales plus particulièrement.

L’année 2021 avait été marquée par un recul de la production nationale de céréales (moins de 14 millions de quintaux) en raison du stress hydrique qui avait frappé la région et notre pays. Des actions complémentaires devraient être mises en place pour arriver, dans un premier temps, à réduire au maximum les importations de l’Algérie avant d’arriver, à moyen terme, à l’autosuffisance.

Pour rappel, plus de 2 millions de tonnes avaient été importées durant l’année 2022, à un moment où les prix mondiaux dépassaient les 400 dollars la tonne (alors qu’ils ne dépassaient pas les 180 dollars il y a un an).

Passer de 20 q/ha de céréales à 30 q/ha

On se rappelle de la réaction du président de la République lors de la rencontre gouvernement-walis tenue le 24 septembre 2022 à Alger, et au cours de laquelle M. Tebboune est revenu sur le secteur de l’agriculture qui ne semblait pas en mesure d’atteindre les objectifs qui lui ont été assignés.

«Tout le monde me demande comment un pays comme l’Algérie importe les céréales malgré toutes ses capacités», avait-il souligné alors, en s’adressant au ministre de l’Agriculture. En évoquant l’agriculture stratégique, le président lançait : «On a tout pour atteindre les 9 millions de tonnes/an de céréales, ce qui comblerait notre autosuffisance. Il faut suivre de près les wilayas céréalières.»

Et d’ajouter : «Notre moyenne nationale n’atteint pas les 20 q/ha, alors que 3 millions d’hectares sont dédiés aux céréales.»

Pour appuyer encore plus cet objectif, de grandes surfaces agricoles ont été dégagées au sud du pays pour encourager les investisseurs à s’y intéresser et favoriser l’agriculture saharienne.

La formation agricole, la banque nationale des semences pour préserver et protéger les espèces végétales et animales locales et les facilitations accordées aux agriculteurs d’importer des tracteurs de 5 ans d’âge et de pouvoir vendre directeur leurs produits aux consommateurs sont autant de mesures supplémentaires à même d’encourager les professionnels du secteur.

«De nouveaux textes pour l’agriculture industrielle»

Le président de la République qui revient souvent sur le secteur de l’agriculture avait annoncé depuis peu l’élaboration prochaine de nouveaux textes qui permettront aux agriculteurs de produire et vendre leur huile.

«L’agriculture industrielle deviendra une réalité», disait-il en substance, ajoutant que cela s’étendra au sucre. Il n’avait pas manqué à cette occasion de signaler qu’un agriculteur qui s’est déjà lancé dans la culture de la canne à sucre pourra, lui aussi, bientôt produire du sucre.

B.A