307 observateurs étrangers expulsés depuis 2014 : Le Makhzen impose un black-out sur le Sahara occidental

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Par Amar R.

 

Le régime du Makhzen a toujours imposé un blocus militaire et médiatique de rigueur sur la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et œuvré constamment à rendre invisibles les aspirations du peuple sahraoui à s’affranchir de la colonisation de son territoire. C’est cette vérité implacable qu’a appris à ses dépens la députée basque, Amancay Villalba, pour avoir été empêchée récemment en compagnie d’une délégation officielle du Parlement de son pays par la police marocaine de se rendre au Sahara occidental occupé pour «évaluer la situation du territoire occupé, recueillir des témoignages sur les violations systématiques des droits humains et l’exploitation des ressources naturelles, ainsi que de briser le blocus médiatique».

La députée basque, Amancay Villalba, désabusée mais point résignée, a fustigé l’«expulsion musclée» à laquelle elle a eu droit elle et la délégation qui l’accompagnait par les agents du Makhzen, réitérant sa ferme volonté à poursuivre son engagement et sa solidarité à l’égard du peuple sahraoui.

 

«Si on nous traite ainsi, que font-ils aux Sahraouis ?»

«Si une délégation officielle est bloquée, imaginez le sort des Sahraouis. Si on nous traite ainsi, que font-ils aux Sahraouis ?», s’est-elle indignée, dans un entretien accordé au site d’information espagnol «El Publico», soulignant que l’objectif de la délégation était «d’évaluer la situation du territoire occupé, recueillir des témoignages sur les violations systématiques des droits humains et l’exploitation des ressources naturelles, ainsi que de briser le blocus médiatique».

Selon la députée et militante des droits de l’homme, les autorités marocaines ont bien préparé leur coup, compte tenu, rapporte Mme Villalba, du déploiement massif de policiers sur le tarmac de l’aéroport de la ville d’El Ayoune et du mode de débarquement des passagers qui «était, le moins que l’on puisse dire à son sujet étrange». Avant de poursuivre : «L’avion a fait un aller-retour. Nous sommes restés à bord et sommes retournés à Las Palmas avec de nouveaux billets».

En fait, le traitement «dégradant» de la police marocaine réservé à cette députée basque et la délégation qui l’accompagnait ne constitue point une exception, mais la règle applicable par le régime du Makhzen marocain à toutes les délégations étrangères qui tentent de mettre la lumière sur la situation des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara occidental.

 

L’ONU «préoccupée»

Pas moins de 307 professionnels de l’information, juristes ou militants des droits de l’homme se sont vu refuser l’accès ou ont été expulsés par le Maroc du Sahara occidental occupé, depuis 2014, pour avoir voulu enquêter sur des violations du droit international humanitaire, révèle un décompte publié conjointement par la Ligue pour la protection des prisonniers politiques sahraouis (LPPS) et l’Association française d’amitié et de solidarité avec les peuples d’Afrique (AFASPA). Selon ce bilan arrêté au 31 janvier 2025, ces personnes sont arrivées depuis 21 pays différents, répartis sur 4 continents. Relevant que le Maroc ne tolère plus aucun observateur étranger au Sahara occidental depuis 2014, l’AFASPA et la LPPS précisent que l’occupant marocain a procédé à 85 expulsions en 2016, 68 dont 5 députés européens en 2017, 53 en 2014 et 34 en 2019. Parmi ces cas, au moins 19 personnes en transit pour se rendre au Sahara occidental occupé ont été expulsées du Maroc.

Le bilan fait état de l’expulsion ou de l’interdiction au Maroc de 7 ONG internationales. Et même le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) attend depuis 9 ans l’autorisation du Maroc d’accéder aux territoires occupés du Sahara occidental. Dans son dernier rapport sur la situation au Sahara occidental, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit d’ailleurs «préoccupé» par le manque d’accès «persistant» du HCDH au Sahara occidental. «Le HCDH n’a pas pu se rendre au Sahara occidental pour la neuvième année consécutive malgré de multiples requêtes officielles et en dépit de la résolution 2703 (2023) dans laquelle le Conseil de sécurité encourage un renforcement de la coopération, notamment par la facilitation de ces visites», a-t-il déploré. Cela dit, la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) est la seule mission de maintien de la paix dépourvue d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme.

Cependant, malgré le blocus militaire et médiatique imposé au Sahara occidental par l’occupant marocain, «depuis 2002, des femmes et des hommes sont arrivés au Sahara occidental de 28 pays et de tous les continents» pour «découvrir les conditions de vie et la résistance pacifique des Sahraouis à la répression coloniale», indiquent la LPPS et l’AFASPA.