Louh prend 6 ans, S. Bouteflika, Ali Haddad et Belhachem 2 ans, les autres acquittés

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Louh

La justice a rendu son verdict hier soir dans l’affaire de l’ex-ministre de la Justice, Tayeb Louh, poursuivi pour entrave au bon déroulement de la Justice, faux en écriture officielle et incitation à la partialité. L’ancien garde des sceaux contre lequel le procureur a requis 10 ans de prison ferme a écopé d’une peine ferme de 6 ans et une amende de 200.000 DA. Saïd Bouteflika, Ali Haddad et Tayeb Belhachem contre lesquels le parquet a requis 7 de prison ferme, ont, quant à eux écopé d’une peine d’emprisonnement de 2 ans ferme et une amende de 100.000 DA (200.000 da pour Belhachem, qui quitte la prison donc parce qu’il a purgé sa peine ). Concernant les juges, Mokhtar Belahrach, Samaoune Sid Ahmed, Khaled Bey et tous les autres magistrat, en plus de l’avocat Derfouf Mustapha, ils ont tous été déclarés non coupables. Ces derniers étaient poursuivis pour leurs supposées interventions, sur instructions de l’ancien ministre de la Justice Tayeb Louh, dans la falsification de documents officiels et de jugements. Parmi les affaires présentées, l’affaire d’annulation du mandat d’arrêt international émis contre l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil, ainsi que l’affaire d’intervention, sur ordre du ministre de la Justice Louh, en vue de falsifier un procès-verbal avec effet rétroactif dans le but d’admettre une candidate lors des législatives de mai 2017. 

Y. C.

Comment les accusés ont joué leurs dernières cartes

Le troisième et dernier jour du procès de Tayeb Louh, Saïd Bouteflika, Ali Haddad et les quinze magistrats impliqués dans l’affaire dite des sms a été réservé aux plaidoiries des avocats de la défense. L’affaire de l’annulation du mandat d’arrêt contre Chakib Khelil et sa famille a largement dominé les débats.

Khaled Bey, ancien procureur près le tribunal de Sidi M’hamed est directement impliqué dans l’affaire de l’annulation du mandat d’arrêt de Chakib Khalil. «En aucun cas», défend son avocat. Maître Benharkat Abdellah a, à cet effet, demandé l’acquittement de Bey, «victime», selon lui, de l’ancien système. «Mon client n’a pas annulé le mandat d’arrêt, il ne l’a pas rédigé non plus. Il s’est contenté de corriger une erreur, un vice de procédure sur le document, et ce, sur instruction de l’inspecteur général Tayeb Benhachem. Ben Djerrah Mokhtar, procureur général près de la cour d’Alger était informé au moment des faits, par téléphone, puis par écrit». Des propos confirmés par ce dernier lors de son témoignage devant les juges. Maître Benharkat a, par ailleurs, tenté de jouer sur la fibre sentimentale des juges en évoquant le décès de la mère de son client à la suite d’une crise cardiaque pendant son incarcération, la maladie chronique de son client conjuguée à son âge avancé. 

Saïd Bouteflika a tout mis sur le dos de son frère

Les avocats de Saïd Bouteflika ont eux aussi plaidé non coupable pour toutes les accusations montées contre lui. Représenté par Maître Hadjouti, ce dernier s’est étonné que son client soit dans la case des accusés dans ces affaires, notamment celles relatives à l’affaire de la chaine de télévision Beur TV et Sonatrach 2. «Mon client est ici pour un sms  qu’il n’a lu qu’une fois ces affaires instruites. Il n’a rien à faire ici. Il doit être relaxé», tonne-t-il. Pour ce qui est de l’affaire de l’annulation du mandat d’arrêt de Chakib Khelil, Maître Hadjouti a déclaré devant la cour «que l’ordre venait directement du président Abdelaziz Bouteflika, qui était un ami d’enfance de Chakib Khalil».

«Je détiens des secrets sismiques»

De son côté, Saïd Bouteflika s’est adressé aux juges pour leur demander de ne pas faire comme leurs homologues de Blida. «J’ai été convoqué au tribunal militaire de Blida comme témoin, j’ai fini comme accusé. Le PV de l’interrogatoire était falsifié du fait que je n’avais répondu à aucune question. Pour ce qui est du réquisitoire du procureur, je comprends sa position, il est dans son rôle, et peut-être sous l’influence de ce qu’il a pu lire à mon propos dans la presse et sur les réseaux sociaux. Il ne m’a même pas questionné sur mon implication dans l’affaire. Mais je vous assure que je n’ai pas demandé à Louh d’annuler le mandat d’arrêt contre Chakib Khalil et sa famille. Vous aviez dit que je me cache derrière mon frère, mais avez-vous des preuves ? Non, juste des suppositions.» Et d’ajouter : «J’ai fait le serment devant Dieu de suivre l’exemple de nos ancêtres. Je détiens des secrets que je préfére emporter dans ma tombe, parce que si je les divulgue, ça provoquera un séisme dans notre bien aimée Algérie».

En pleurs, Louh a demandé la clémence

Tayeb Louh a adressé un message poignant aux juges. Solennellement, il a commencé son oral par remercier les juges pour le bon déroulement du procès. «Je vous remercie monsieur le président pour votre patience et votre professionnalisme. Je suis  apaisé et rassuré par ce que j’ai vu. Vous nous avez tous écoutés, je suis sûr que vous allez rendre un jugement juste, parce que je vois en vous l’honnêteté et l’intégrité. Je suis innocent de ce qu’on m’accuse, j’ai servi la justice et mon pays pendant 41 ans, je suis vieux et fatigué. Vous avez le pouvoir de réparer une injustice qui dure depuis presque 2 ans…», dira-t-il avant de se tourner vers le procureur général : «Je regrette que vous ayez requis 10 ans contre moi et 7 ans et 3 ans contre les autres accusés, j’ai demandé la clémence de la justice, j’espère que vous me l’accorderez».

Ali Haddad : «On m’a transféré d’El-Harrach à Tazoult 4 jours avant mon procès, pourquoi ?»

Ali Haddad, transféré à la prison de Tazoult à Batna il y a 4 jours, a été écouté et jugé par visioconférence. Dans son mot de la fin, il a contesté cette décision. «On m’a transféré sans motif. Vous allez me juger sans que je puisse suivre mon propre procès à cause des coupures de son et d’image. Je n’ai même pas pu m’entretenir avec mes avocats pour la préparation de mon procès. Je vous remercie messieurs les juges pour la façon avec laquelle vous avez dirigé ce procès, quant au réquisitoire du procureur, je le trouve dur, très dûr». Poursuivi pour deux affaires liées à Beur TV et l’USMA, son avocat, Maître Nadir Lakhdari, a dénoncé un procès scandaleux, du fait qu’aucun des accusés n’est un criminel. «Le dossier est vide, je doute que le procureur qui a requis ces peines ait lu le dossier».

Y. C.

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