Accord avec l’UE : L’Algérie ne veut plus être le dindon de la farce

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Union européenne

/Le président de la République a ordonné une réévaluation des chapitres de l’accord d’association avec l’union européenne (UE), «clause par clause», en fonction d’une vision souveraine et d’une approche «gagnant-gagnant», en tenant compte de l’intérêt de produit national en vue de créer un tissu industriel et des postes d’emploi.

Lors d’une réunion du Conseil des ministres qu’il a présidée dimanche, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune est revenu sur les pourparlers avec l’Union européenne et ordonné, la révision des dispositions de l’accord conclu en 2002 et entré en vigueur le 1er septembre 2005 qui prévoyait la mise en place d’une zone de libre-échange (ZLE) en 2017. Toutefois, l’établissement de la zone de libre échange n’a toujours pas été mis en œuvre en 2021. Et pour cause, ayant été d’abord précédée par une période de transition durant laquelle l’Algérie devait éliminer progressivement les droits de douane sur des produits industriels et procéder à une libéralisation de ses produits agricoles, la ZLE a été encore prolongée, jusqu’à septembre 2020. L’Algérie en a fait la demande pour protéger sa production locale,  à travers notamment la révision du calendrier du démantèlement tarifaire.

Déficit permanent

Cela eu lieu aussi, en raison du déficit permanent de la balance commerciale hors hydrocarbures, défavorable à l’Algérie qui n’a cessé de demander sa réévaluation sans y renoncer totalement. Ainsi, lors d’une entrevue accordée à des responsables de médias nationaux, diffusée récemment, le Président Tebboune a déclaré : «Nous ne pouvons pas renoncer à l’accord d’association avec l’UE (…), l’Union Européenne étant un partenaire auquel nous nous attachons». Le président de la République a insisté, toutefois, sur l’attachement de l’Algérie à ses intérêts économiques et ses efforts pour construire une économie indépendante de la rente. Après s’être interrogé sur le véritable taux de respect des accords avec l’UE, le Président Tebboune a souligné que cet accord ne repose pas uniquement sur le démantèlement tarifaire qui doit se faire progressivement. «Nous allons revoir le calendrier (démantèlement) et ils (UE) sont d’accord concernant cette révision à laquelle s’attelle des économistes», a-t-il assuré. «Nous sommes en principe des partenaires de l’UE mais pas au détriment de notre économie», a ajouté le Président de la République. En juin 2020, l’ancien ministre des affaires étrangères, Sabri Boukadoum a, lors de la 12e session du Conseil d’association Algérie-UE, indiqué «que  toutes les mesures de la révision de l’Accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne se font sur la base de «l’équilibre», affirmant «qu’il y a une volonté de dialogue de part et d’autre.» «En tant que négociateurs algériens, nous sommes assez conscients des manquements en matière de l’application de l’accord d’association notamment dans son aspect commercial. L’essentiel est qu’il y a une volonté de dialogue de part et d’autre et il est évident que quand il y a déséquilibre, nous intervenons pour le corriger», avait déclaré M. Boukadoum, en faisant observer «que le message de l’Algérie est bien reçu par la partie européenne». Selon le chef de la diplomatie algérienne, «tous les partenaires européens (France, Italie-Hongrie, Portugal Allemagne…)  ayant séjourné récemment en Algérie sont conscients de ce déséquilibre et ils ont abordé cet accord en prélude de la réunion d’aujourd’hui». «L’Algérie et l’Union européenne vont continuer dans la mise en œuvre de l’accord d’association qui ne concerne pas que l’aspect commercial mais d’autres aspects globaux», avait-il assuré, en outre.

Pourquoi il faut revoir l’accord

En 2014, l’Algérie avait déjà émis des réserves s’agissant de certains segments dans le but de sauvegarder la balance commerciale qui était en défaveur de l’Algérie, comme en témoignent les chiffres officiels des échanges commerciaux entre les deux parties. À en juger : en 15 ans de mise en œuvre de cet accord, l’UE a vendu l’équivalent de plus de 310 milliards de dollars de marchandises, alors qu’elle n’en a acheté que pour quelque 15 milliards de dollars de produits algériens, hors hydrocarbures. Et rien qu’en 2019, l’UE et l’Algérie ont échangé pour un peu plus de 33 milliards d’euros, avec une balance au bénéfice des Européens (+612 millions d’euros). En février 2020, les chiffres présentés par une représentante du ministère du Commerce montraient que les importations de l’Algérie avoisinaient, avant l’entrée en vigueur de l’accord d’association avec l’UE, les 9 milliards de dollars en 2003, contre 21,099 milliards de dollars d’importations depuis l’UE en 2018,

A. R.

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