Par S. Ould Ali
Jeudi dernier, le ministère du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national a mené une vaste campagne de contrôle des activités médicales et paramédicales exercées par des non-professionnels, notamment les salons de coiffure et les instituts de beauté et de soins corporels, ainsi que les produits alimentaires importés illégalement. De Ouled Djellal à Tlemcen, en passant par Tamanrasset, M’sila, Alger, Tissemsilt, Relizane, Oran…, des brigades spécialisées dans le contrôle et la répression des fraudes ont inspecté de nombreux établissements à la recherche de produits non conformes ou d’origine inconnue. Cette tâche s’est avérée relativement aisée, le phénomène dit du «cabas» – qui désigne l’importation de produits via des circuits illégaux – ayant pris, depuis de nombreuses années, une ampleur importante dans le pays. Tellement considérable que beaucoup estiment que le terme «cabas» ne reflète plus la réalité du phénomène. Ce que les contrôles effectués ce week-end ont d’ailleurs confirmé : produits et accessoires médicaux et paramédicaux, parfums, cosmétiques, produits alimentaires (café, sucreries, fromages)… aucun produit n’échappe à la contrefaçon et à la contrebande.
Des «quantités importantes» de produits alimentaires importés illégalement, d’origine inconnue, ainsi que des produits périmés, qui constituent une menace directe pour la santé des consommateurs, ont été saisis, a confirmé le conseiller du ministre chargé de la communication, Amine Amara, sans toutefois préciser le volume exact des marchandises saisies. Des vidéos publiées par le ministère du Commerce Intérieur et de la Régulation du marché national sur son compte Facebook offrent un aperçu de la situation, qui, toutefois, n’a rien de surprenant dans un pays inondé par la contrefaçon. Ce qui interpelle en revanche, c’est l’ampleur prise par les activités paramédicales, où des personnes non qualifiées pratiquent ces actes, notamment dans des salons de coiffure et établissements de beauté. Des actes qui peuvent parfois entraîner de graves conséquences, comme ce fut le cas il y a quelques mois à Oran, lorsqu’une jeune femme a perdu un œil après qu’une personne justement non qualifiée ait remplacé la colle spéciale pour faux cils par une colle classique. La victime a été immédiatement transportée à l’hôpital, où le personnel médical n’a malheureusement pas pu éviter le pire.
Alors que l’on pouvait croire que ce type de situation restait marginal, les interventions de jeudi ont révélé que le phénomène est beaucoup plus répandu et représente une véritable menace pour la santé publique. Des produits cosmétiques périmés, des seringues utilisées lors de soins esthétiques, ainsi que des articles de soins importés de Chine et généralement non contrôlés, ont été découverts dans des salons de beauté tenus par des personnes non qualifiées, un peu partout sur le territoire national. Ce qui suscite naturellement des inquiétudes et appelle à «la réorganisation de ces activités en coordination avec les secteurs concernés et la mise en place de règlements juridiques clairs pour leur exercice, représentent une étape sérieuse et responsable vers la protection du consommateur et le renforcement de la confiance en les institutions de l’Etat», comme l’a notamment préconisé le Conseil national de l’Ordre des médecins dentiste (CNODM).