PAR AMAR.R
Nombre de pays se sont élevés pour déplorer le recours récurrent et abusif des Etats-Unis à leur droit de veto pour faire avorter les résolutions présentées devant le conseil de sécurité de l’ONU, dont la dernière qui avait été présentée par l’Algérie recommandait l’adhésion de la Palestine comme membre à part entière de l’organisation onusienne.
Bien qu’ayant récolté 12 voix pour, dont celles de 3 membres permanents du CS (Chine, Russie et France) et 2 abstentions (Suisse et Grande-Bretagne), qu’il lui suffisait, au moins 9 voix sur 15 en faveur, sans veto d’un membre permanent pour être adoptée, la résolution algérienne portant la demande d’adhésion pleine et entière de la Palestine n’a pu l’être en raison d’un veto américain en dernière minute, qui l’a avortée.
Ce vote qui va à l’encontre des aspirations des Palestiniens d’avoir droit à un Etat souverain, qu’ils attendent depuis 76 ans, a non seulement créé une profonde déception doublée de colère auprès des Palestiniens, mais aussi bouleversé tous les pays épris de paix à travers le monde.
Une «violation flagrante»
Ce rejet «ne brisera pas notre volonté, ne stoppera pas notre détermination. Nous n’arrêterons pas nos efforts. L’Etat de Palestine est inévitable, il est réel», a lancé en pleurs l’ambassadeur palestinien à l’ONU, Riyad Mansour.
La décision a été dénoncée aussi par l’autorité palestinienne y voyant une «une violation flagrante des droits du peuple palestinien», qui pousse le Moyen-Orient «au bord du gouffre».
Le président de l’Etat de Palestine, Mahmoud Abbas, a annoncé hier que «la direction palestinienne va réexaminer les relations bilatérales avec les Etats-Unis pour garantir la préservation des intérêts de notre peuple, de notre cause et de nos droits».
Intervenant juste après ce vote, le représentant permanent de l’Algérie à l’ONU, Amar Bendjama, a regretté le rejet de ce projet, affirmant que «mon pays reviendra bientôt» à la charge pour défendre l’adhésion de la Palestine à l’ONU.
La Chine déçue, la Russie dénonce
Membre permanent du conseil de sécurité, la Chine se dit « déçue » par la décision des Etats-Unis d’opposer leur veto à l’adhésion de la Palestine aux nations unies. C’est un jour triste à cause du veto américain, la demande palestinienne d’adhésion à part entière aux nations unies a été rejetée, et le rêve du peuple palestinien depuis des décennies a été brisé», a indiqué l’ambassadeur de la République de Chine, assurant, plus loin, qu’«il s’agit là d’une logique de gangster qui confond le bien et le mal».
Même déception chez la Russie, dont le représentant permanent auprès de l’ONU a appelé à voter en faveur de la résolution visant à accepter la Palestine en tant membre à part entière de l’ONU, soulignant que chaque veto américain sur Ghaza au conseil de sécurité de l’ONU coûtait des milliers de vies palestiniennes dans l’enclave.
De son côté, la France, qui a voté en faveur du projet de résolution de l’Algérie, a vu sa représentante permanente adjointe de la France auprès des nations unies, Nathalie Broadhurst, remercier l’Algérie pour ce projet de résolution et a réitéré le soutien de la France à un « règlement politique global du conflit israélo-palestinien sur la base d’une solution à deux Etats, la seule à même de répondre aux besoins de la sécurité d’Israël ainsi qu’aux aspirations légitimes des Palestiniens à un Etat ».
L’Egypte, la Jordanie et l’Arabie saoudite ont aussi exprimé leurs profonds regrets suite à l’incapacité du conseil de sécurité, à adopter une résolution permettant à l’Etat de Palestine d’obtenir adhésion aux nations unies, à un moment critique où la question palestinienne se trouve à la croisée des chemins.
Au Maghreb, la Tunisie a estimé que le vote des membres du conseil révèle clairement les responsabilités de toutes les parties dans la prise en compte des droits légitimes et inaliénables du peuple palestinien.
Et la Libye a exprimé son «regret» et sa «profonde consternation», en appelant les pays qui ont refusé et se sont abstenus de voter en faveur de la résolution à adhérer aux principes du droit international et à s’en tenir aux dispositions de la charte des nations unies, qui accorde la pleine adhésion aux pays qui acceptent les engagements qui y sont contenus.
Dans ce contexte aussi, la République de Barbade a, elle, décidé de reconnaître l’Etat de Palestine sur les frontières de 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.
A.R.