Adoption des statuts des corps médicaux et paramédicaux : Ce qu’en pensent les syndicats

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Par Zine Haddadi

Du côté des syndicats de la santé, l’adoption des nouveaux statuts des corps médicaux et paramédicaux est accueillie plutôt favorablement.
Un nouveau cadre juridique régissant les corps médicaux et paramédicaux de la santé a été adopté lors du dernier conseil des ministres tenu mardi sous la houlette du président de la République.
La troisième mouture présentée par le ministre de la santé Abdelhak Saïhi aura été la bonne. Les deux premières avaient été rejetées par Abdelmadjid Tebboune en conseil des ministres.
Le président de la République voulait un texte qui ne contienne pas uniquement des nouveautés sur le plan financier.
Les nouveaux statuts des corps médicaux et paramédicaux ont bien évidemment compris une révision du régime indemnitaire, ce qui permet de revoir à la hausse les conditions économiques des travailleurs de la santé. Néanmoins, le président avait exigé que le texte en question englobe le volet de la protection et celui de la retraite.

SNPSSP : l’intérêt historique du président doit s’accompagner d’une vision claire

Le président du SNPSSP (syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique), Mohamed Iddir, évoque, tout en précisant ne pas avoir consulté la mouture adoptée, avec satisfaction l’intérêt porté par le président de la République au secteur de la santé.
« N’ayons pas peur des mots. La démarche du président est historique. Il est temps de passer à une vision basée sur une stratégie. Actuellement, le secteur de la santé est géré de sorte que le ministère agit ici et là pour régler les problèmes rencontrés. C’est beaucoup plus par des mesures que par un plan d’action que le ministère procède. C’est une façon de travailler qui règle certains problèmes vu que la situation était catastrophique, mais il faudrait passer à une politique pérenne sur le long terme », a détaillé Mohamed Iddir.
Ce dernier a plaidé pour une politique générale de l’hôpital public. Il faudrait que le médecin spécialiste de la santé publique ait une idée claire sur ce que sera sa carrière, a suggéré le président du SNPSSP.
« A l’heure actuelle, le spécialiste qui travaille dans les EPH, on ne sait pas quoi  en faire après le service civil. L’approche du ministère est beaucoup plus basée sur les hospitalo-universitaires à travers la généralisation des CHU », a-t-il pointé.
Mohamed Iddir souhaite ainsi que le ministère du travail se mette au niveau de la volonté politique affichée par le président de la République qui a demandé des textes plus spécifiques à chaque corps du secteur médical.
Le président du SNPSSP revendique une approche basée sur des études des besoins en ressources humaines en amont. Le ministère doit, selon lui, savoir où sont situés ses besoins et ne pas procéder par réaction à chaque problème qui se présente. « Il y a des hôpitaux qui ont des scanners et des IRM mais n’ont pas de radiologue et ça arrive à Alger », a-t-il cité comme exemple.

Les nouveaux statuts salués par les syndicats

Pour sa part, le secrétaire général du syndicat algérien des paramédicaux, Lounès Ghachi, a noté avec satisfaction la révision du régime indemnitaire ainsi que la création du poste de directeur de soins qui faisait partie de ses revendications.
Concernant l’adoption de statuts plus spécifiques, le SG du syndicat des paramédicaux a estimé que le passage vers un cadre juridique particulier pour la santé est une revendication qui fait l’unanimité auprès de l’ensemble des organisations représentatives des travailleurs du secteur.
La coordination nationale des fonctionnaires de la santé a salué, dans une déclaration de son président Badreddine Klibi à Sabq Press, en l’adoption des nouveaux statuts des corps médicaux et paramédicaux « un acquis historique important qui consolide la place des métiers médicaux et paramédicaux en Algérie et offre des avantages aux affiliés de ces corps »,
Le président du conseil de l’ordre des médecins, Dr Mohamed Bekkat Berkani, a de son côté salué l’adoption des nouveaux statuts des corps médicaux et paramédicaux, expliquant que cela aiderait à mieux assurer la couverture médicale à travers la révision des incitations accordées aux médecins pour travailler dans des zones reculées du pays.
Dr Bekkat Berkani a également indiqué que les nouveaux statuts permettront dans un premier temps de retenir un tant soit peu les médecins hésitants qui seraient attirés par l’exil à l’étranger où les conditions économiques sont très alléchantes.

Sortir du statut de « fonctionnaire » est inévitable

Cependant, le président du conseil de l’ordre des médecins a estimé que le passage vers un cadre juridique particulier au secteur de la santé au-delà de la fonction publique, comme l’a suggéré le président de la République, est inévitable.
« Les métiers de la santé ne sont pas un métier de fonctionnaire où on fait nos heures et on va chez soi. Souvent, on emporte les soucis des gens à la maison. Il faut faire en sorte que le médecin, et les autres intervenants, aient de la motivation pour travailler dans le secteur public, qu’ils ne soient pas contraints à le quitter pour le secteur privé ou pour l’étranger. Bien évidemment, chacun est libre de travailler dans le privé ou à l’étranger, mais cela doit être un choix, pas une contrainte », a expliqué le président du conseil de l’ordre des médecins.
Dr Bekkat Berkani a mis l’accent sur l’importance capitale des ressources humaines dans le secteur médical. « Une grande partie des médecins sont attirés par la sécurité du travail qu’offre le secteur public, mais cela doit s’accompagner des incitations qui font que les conditions soient agréables et motivantes. »
Les infrastructures de santé existent malgré ce qu’on peut dire, assure le président du conseil de l’ordre des médecins. Ce qu’il faut, c’est qu’on donne de la visibilité et de la clarté à ceux qui choisissent de faire carrière dans le secteur de la santé, selon Dr Bekkat Berkani.
« C’est facile de construire des hôpitaux, voire d’acheter du matériel de pointe. Mais c’est mieux de faire en sorte que ceux qui travaillent dans ces infrastructures et qui utilisent ce matériel sophistiqué soient mis dans des conditions optimales, et ce, dès leur choix de carrière, d’où l’importance d’un cadre juridique particulier qui prenne en considération la spécificité du secteur », a-t-il conclu.

Z.H.