Par Djilali B.
La situation dans la région du Sahel est une préoccupation majeure pour l’Algérie et une source de menace pour toute la région. Et c’est tout naturellement que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a évoqué la problématique lorsque la question lui a été posée par le journal «L’Opinion». Plus précisément sur le Mali, dont les autorités ont provoqué une détérioration des relations avec l’Algérie.
Abdelmadjid Tebboune a affiché une nette compréhension de la situation dans la région du Sahel en proie, depuis les années des indépendances, 1960, à des coups d’Etat répétitifs. Un héritage de l’occupation française et des décolonisations inaccomplies dont les prolongements se font encore ressentir aujourd’hui. Le chef de l’Etat a affirmé que ces coups de force sont prévisibles, parce que, a-t-il estimé, les Etats du Sahel n’ont pas réussi à construire des institutions solides et plus résilientes. Plus encore, ils font face à des mouvements de rébellion armés, particulièrement des groupes touareg réclamant justice et répartition équitable des richesses avant de passer à la revendication de l’autonomie, comme c’est le cas des communautés du nord Mali. Cependant, est-il utile de le rappeler, c’est à Alger que sont ressenties les répliques et les répercussions de cette instabilité poussant l’Algérie, toujours en alerte, à intervenir en pompier pour éteindre les incendies. N’en déplaise aux putschistes locataires du palais de Koulouba qui feignent de découvrir l’Algérie comme ennemi dans le jardin à défaut de pouvoir penser des solutions aux attentes des Maliens et respecter les délais et les termes de leur transition.
Il est d’ailleurs regrettable que l’Accord d’Alger signé entre les groupes rebelles du nord et le gouvernement malien soit dénoncé avec une telle légèreté par la junte malienne sous de fallacieux prétextes d’ingérence de l’Algérie dans les affaires internes du Mali. Par-delà le volet lié à l’arrêt des hostilités, obtenu à Alger en 2015, l’Algérie s’est engagée dans ce processus à accompagner un plan de développement pour les régions du nord pour plusieurs millions de dollars. Ce que feint d’ignorer ou ignore la junte au pouvoir à Bamako. Parce que l’Algérie a, à juste titre rappelé le président Tebboune dans l’entretien, «il n’y a pas de solution uniquement sécuritaire».
«L’Algérie ne cherche pas à administrer le Mali»
Et le Président de renvoyer les Assimi Goita à leurs incertaines certitudes sur les prétendues intentions de l’Algérie sur le Mali : «L’Algérie ne cherche pas à administrer le Mali que nous considérons comme un pays frère pour lequel notre main sera toujours tendue». Il est également utile de rappeler aux courtes vues ou à l’ignorance des maîtres de Bamako que l’Algérie avait refusé catégoriquement l’offre de Bamako, aux premières années de l’indépendance, de lui céder ses régions du nord.
Bien entendu, cette question qui relève d’un constant principe s’est manifestée avec la présence du groupe de sécurité privé russe Wagner appelé à la rescousse par Bamako pour «pacifier» la région du nord où les rebelles avaient repris les armes.
Il va sans dire qu’une telle présence dérange au plus haut lieu l’Algérie, mais pas la junte de Bamako qui a chassé les troupes françaises, la mission onusienne de soutien (Minusma) considérées comme des ingérences pour faire appel à un groupe de sécurité privé de la lointaine Russie pour suppléer les forces militaires maliennes, les Fama, non préparées et formées à ce type de combat, qui ont connu une déroute au nord du pays, sans se soucier ni sourciller de sous-traiter sa sécurité. Un comble pour des putschistes. Bien entendu, l’Algérie avait protesté auprès de la Russie contre la présence du groupe Wagner à ses frontières. Le groupe s’est aujourd’hui replié, a quitté le nord et réduit sa présence à la protection d’Assimi Goita pour se maintenir au pouvoir et lancer sa campagne contre ses opposants et les opposants à la prolongation indéfiniment de sa transition. C’est le cas de l’imam Dicko, membre de la Ligue des oulémas, prêcheurs, imams du Sahel (Lopis), qui par ailleurs avait servi, dans le cadre des négociations entre le gouvernement malien et les groupes terroristes dans le projet de réconciliation initié par l’ex-président Ibrahim Boubacar Keita, comme intermédiaire, et au débarquement du président IBK, l’un des plus grands soutiens au colonel Assimi Goita, avec un renfort de ses troupes dans les rues de Bamako. Bamako de Goita l’a banni parce que l’influent imam avait rejoint le mouvement politique qui avait réclamé le retour à l’ordre constitutionnel. Partant de ces quelques éléments, connus du grand public, ainsi que de sa connaissance du personnage et de son influence, le président Tebboune a rétabli la vérité pour évacuer les allégations de Bamako : «L’imam Dicko est un sage. Lorsqu’il s’est installé en Algérie, il a naturellement rejoint la Grande Mosquée d’Alger qui prône l’islam du juste milieu». C’est partant de ces données qu’il faut comprendre les sollicitations des Etats-Unis pour la coopération sécuritaire avec l’Algérie pour la paix et la sécurité au Sahel.