Par M. Mansour
Dans un contexte de crise profonde au Proche et au Moyen-Orient, marqué par les répercussions de l’agression israélienne contre Ghaza et l’enlisement de l’instabilité politique en Libye et au Soudan, le président Tebboune effectue une visite de travail et de fraternité de deux jours en Egypte. Bien que les discussions aient principalement porté sur les dossiers diplomatiques et sécuritaires d’intérêt commun, les questions économiques et la coopération bilatérale ont également occupé une place importante dans les échanges de haut niveau.
Quelques heures après son arrivée au Caire hier, le chef de l’Etat a animé, aux côtés de son homologue égyptien, une conférence de presse au cours de laquelle divers aspects de la coopération bilatérale ont été abordés, avant la mise en lumière des convergences de vues sur certains dossiers brûlants. Cette visite en Egypte, précédant une visite d’Etat au Sultanat d’Oman, revêt une importance particulière, car elle symbolise le lancement d’une nouvelle dynamique diplomatique à la suite de la réélection du président Tebboune pour un second mandat. Dans ce contexte, le chef de l’Etat – tout en soulignant des «relations fraternelles fortes reposant sur des bases solides incarnant plus de 70 ans de lutte commune dans la défense des fondements de la nation arabe» -, a insisté sur la «nécessité d’une collaboration étroite» pour faire face aux turbulences régionales, en posant les bases d’un partenariat durable entre les deux nations.
Energie et bâtiment
Sur le plan des relations bilatérales, le président Tebboune a affirmé que les liens entre l’Algérie et l’Egypte sont forts et reposent sur des bases solides, une compréhension mutuelle et une volonté affirmée de collaboration, notamment en matière de nouveaux investissements. Il a souligné que «l’Egypte se positionne comme le premier fournisseur de l’Algérie dans le monde arabe, avec des importations atteignant un milliard de dollars», et a exprimé son ambition de «franchir de nouvelles étapes dans cette coopération». Concernant l’investissement, il a précisé que «les deux nations unissent leurs efforts dans les secteurs de l’énergie et de l’exploration gazière, en mettant particulièrement l’accent sur les l’exploration dans les régions du Sud et dans l’offshore».
Dans cette dynamique, le chef de l’Etat a également mis en avant la réputation des entreprises égyptiennes, reconnues pour leur expertise dans la réalisation de projets d’envergure, ce qui renforce davantage les perspectives de collaboration. A ce propos, il a noté la présence antérieure d’entreprises égyptiennes en Algérie dans le domaine du bâtiment, précisant qu’il a chargé le ministre de l’Habitat de favoriser des partenariats avec ces entreprises dans divers secteurs, y compris l’architecture et la création de nouvelles villes. En ce qui concerne les investisseurs égyptiens intéressés par le marché algérien, il a assuré que l’Algérie serait «ravie de les accueillir, tout en restant ouverte aux opportunités venant de l’ensemble du monde arabe».
La 9e commission mixte se tiendra prochainement au Caire
De son côté, le président Al Sissi a mis en lumière les perspectives de coopération entre les deux pays, les qualifiant de considérables. Il a ensuite annoncé que la neuvième commission mixte se tiendra prochainement au Caire. Le Président égyptien a également réaffirmé la volonté de son pays de renforcer la coopération bilatérale, soulignant le «profond respect que» les entreprises égyptiennes portent au traitement généreux dont elles bénéficient en Algérie. Il a précisé que «plus de 5000 entreprises égyptiennes sont prêtes à investir en Algérie», tout en indiquant que le marché égyptien reste également ouvert aux entreprises algériennes, offrant toutes les facilités nécessaires pour investir en Egypte.
Situation à Ghaza
Concernant la situation à Ghaza, le président Tebboune a exprimé son profond désarroi face à la tragédie qui frappe le peuple palestinien, dénonçant ce qu’il a qualifié de «génocide» et saluant la résilience d’un peuple qui refuse de vivre une nouvelle Nakba. Il a affirmé que les Palestiniens sont victimes d’un plan d’extermination de masse orchestré par l’occupant israélien, tout en soulignant les efforts déployés par l’Algérie au sein du Conseil de sécurité pour mettre fin à cette crise. Par ailleurs, le chef de l’Etat a réitéré le soutien de l’Algérie à l’initiative égyptienne visant à acheminer une aide humanitaire à Ghaza.
Concernant la Libye, le président Tebboune a affirmé qu’une solution issue d’un consensus interne, sans ingérence extérieure, est la seule voie capable de rétablir la paix, tout en appelant à des élections libres et transparentes, une approche pleinement partagée par Al Sissi. En ce qui concerne la crise au Soudan, le chef de l’Etat a confirmé le soutien conjoint de l’Algérie et de l’Egypte en faveur du dialogue entre les parties soudanaises, précisant qu’il refuse de prendre parti afin d’éviter toute polarisation. Il a également exprimé sa vive inquiétude face à la dégradation de la situation, avertissant des répercussions régionales potentielles de ce conflit.
Coordination constante et dialogue permanent
Le chef de l’Etat a par ailleurs convenu avec le président Sissi de maintenir une coordination constante et un dialogue constructif sur les affaires arabes et les relations bilatérales. De son côté, le Président égyptien a réaffirmé la volonté commune de renforcer les liens entre les deux nations et de travailler à rétablir la sécurité et la stabilité dans la région. Il a également souligné avoir discuté avec son «frère, le président Tebboune», de la situation à Ghaza, au Liban, en Libye et au Soudan, exprimant une totale convergence des points de vue sur l’importance de rétablir la stabilité dans la région, sans interférences étrangères.