Alger-Madrid : les indices en faveur du dégel se multiplient

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Alger-Madrid : les indices en faveur du dégel se multiplient

PAR ZINE HADDADI

Moins d’un mois après l’officialisation du retour de l’ambassadeur d’Algérie en Espagne, de nouveaux signes laissent croire que les deux pays ont franchi plus de pas vers un rétablissement de leurs relations bilatérales.

La réception lundi de l’ambassadeur espagnol en Algérie, Fernando Morán CalvoSotelo par Kamel Moula, président du conseil du renouveau économique algérien, constitue un élément de taille dans la lecture de la situation des relations algéro-espagnoles. Depuis juin 2022, les relations commerciales entre l’Algérie et l’Espagne sont au point mort. La rencontre entre ces deux hommes peut être considérée comme un indice important d’un retour à la normale dans un proche avenir.

De nouveaux pas ont été franchis entre Alger et Madrid

Dans la foulée de cette rencontre, un autre indice est venu grossir la thèse d’un dégel des relations algéro-espagnoles. Le ministère algérien des transports a annoncé hier le retour de la liaison aérienne d’Air Algérie entre Alger et Madrid ainsi que le renforcement de la ligne Alger – Barcelone.

Dans son communiqué, le ministère des transports annonce la relance de la ligne
Alger – Madrid, qui n’a plus été opérée depuis mars 2020, à raison de deux vols par semaine. Il a également annoncé le passage du vol Alger – Barcelone à une fréquence quotidienne.

Le créneau des vols entre l’Algérie et l’Espagne, qui est resté sous un régime restreint malgré le retour à la normale du transport aérien en Algérie après la période de la crise sanitaire liée à la Covid 19, reprend progressivement ses droits. Entre l’Algérie et l’Espagne, la crise diplomatique a duré près de vingt mois. Aux origines de la crise, un revirement dans la position espagnole concernant le conflit au Sahara occidental opéré en mars 2022 par Pedro Sanchez, qui a considéré dans une lettre annoncée par le palais royal marocain que le plan d’autonomie proposé par Rabat était la piste la plus sérieuse à envisager comme une solution à la question sahraouie.

Une position qui avait suscité le courroux d’Alger qui a rappelé son ambassadeur en mars 2022 avant d’étendre sa riposte en juin de la même année en suspendant le traité
d’amitié en vigueur depuis 2002 avec l’Espagne, ce qui a paralysé par la suite les échanges commerciaux, notamment la céramique et les bovins. La décision algérienne a engendré des pertes considérables pour de nombreuses entreprises espagnoles dont le principal marché est l’Algérie.

Les entreprises espagnoles aux aguets

Cependant, depuis septembre, les lignes ont commencé à bouger dans le sens d’un dégel des relations. Le retour d’un discours équilibré de l’Espagne sur le Sahara occidental lors de l’assemblée générale des nations unies où Pedro Sanchez a affirmé que son pays œuvrait pour une solution dans le cadre des résolutions du conseil de sécurité de l’ONU sans faire référence à sa position antérieure en faveur de la solution marocaine, a trouvé bon écho chez les autorités algériennes.

Le positionnement de Pedro Sanchez, reconduit le mois dernier à la tête du gouvernement
espagnol en faveur de la création d’un Etat palestinien, a également contribué au
réchauffement des relations avec l’Algérie.

Le président du cercle de commerce et d’industrie algéro-espagnol Djameleddine Bouabdallah a estimé, dans une déclaration accordée à l’Algérie Aujourd’hui, que la réception de l’ambassadeur espagnol par le Crea ainsi que le renforcement des liaisons aériennes étaient de « bons signes » en vue du retour à la normale des relations algéro-espagnoles, notamment sur plan commercial. « Il est clair qu’il s’agit d’un pas de plus vers le rétablissement des relations commerciales. Il y avait des craintes d’un refroidissement
après la reconduction du ministre des affaires étrangères, mais visiblement des discussions ont eu lieu, d’où l’enchaînement des initiatives entre les deux pays ces derniers jours qui présagent le retour des échanges », a-t-il expliqué.

« Nous attendons avec impatience le retour des relations commerciales avec l’Algérie qui est un pays très important pour nous », confie pour sa part le gérant d’une entreprise espagnole qui exporte vers l’Algérie ses machines nécessaires à la production du carrelage. Dans un autre registre, l’Algérie est redevenue en octobre le premier fournisseur de gaz à l’Espagne avec 15.741 GWh, soit 46,6% du total des importations espagnoles en la matière.

Il s’agit là d’un autre indice que le retour à la normale des relations algéroe-spagnoles est en bonne voie.

Z. H.