Par Zine Haddadi
L’Algérie a haussé le ton face à la France concernant la série de provocations qui la cible depuis quelques mois la mettant en garde qu’elle aura «des conséquences incalculables sur la relation algéro-française dans toutes ses dimensions».
La mise en garde est aussi claire que sévère. L’Algérie ne s’interdit pas de réagir aux attaques dont elle est la cible quasi quotidiennement en France tant par les hommes politiques que par les médias d’une fachosphère qui ne se fixe plus de limites.
L’Algérie, par le biais du ministère des Affaires étrangères, a fermement réagi aux annonces faites par la France concernant des mesures de restrictions d’entrée sur le territoire français prises contre des Algériens titulaires de passeports diplomatiques.
L’annonce a été faite mardi par le ministre français des Affaires étrangères, Jean Noel Barrot, de passage sur BFM TV. Le chef de la diplomatie française a annoncé la mise en place de «mesures de restriction de circulation et d’accès au territoire national pour certains dignitaires algériens».
«Ce sont des mesures qui sont réversibles et qui s’éteindront dès lors que la coopération à laquelle nous appelons reprendra», a tenté de tempérer le locataire du Quai d’Orsay.
L’Algérie surprise par l’annonce de Barrot
Les déclarations de Jean Noël Barrot ne sont pas restées sans réponse de la part de l’Algérie qui a réagi, hier, dans un communiqué très ferme aux annonces faites par le responsable français.
C’est avec «surprise» que ces mesures ont été accueillies à Alger. «Le gouvernement algérien exprime sa surprise et son étonnement quant à cette annonce dont il n’a été aucunement informé comme le commandent les dispositions de l’article 8 de l’accord algéro-français en matière d’exemption réciproque de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques ou de service», a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans sa réaction.
Visiblement, c’est de manière unilatérale que les autorités françaises, mises sous une grande pression médiatique, ont agi puisque du côté algérien, le ministère des Affaires étrangères précise que «les autorités algériennes n’ont aucune connaissance de pareilles mesures restrictives, à l’exception de deux cas précis intervenus sur la période récente».
«Le premier cas, sur demande d’explications algérienne, a fait l’objet d’expressions de regrets de la part des autorités françaises et a été qualifié d’incident malheureux dû à une rupture dans la chaîne de commandement. Le deuxième cas intervenu très récemment fait l’objet actuellement d’une même demande d’explications adressée aux autorités françaises», détaille le MAE algérien dans son communiqué.
L’Algérie, consciente de la tournure prise en France par les tensions dans les relations entre les deux pays, estime que «l’annonce de ces mesures dont l’Etat algérien n’a pas été informé s’inscrit dans la longue liste des provocations, des intimidations et des menaces dirigées contre elle.»
Alger réagira immédiatement à toute initiative française
Le ministère algérien des Affaires étrangères prévient toutefois le côté français que la logique de l’intimidation ne fonctionnera pas. Ainsi, au sujet des mesures annoncées par Jean Noël Barrot, l’Algérie répond que «celles-ci sont de nul effet sur notre pays qui n’y cèdera pas» et met en garde la France que «toute mesure attentatoire à ses intérêts fera l’objet de mesures réciproques, strictes et immédiates».
«L’Algérie est manifestement devenue l’enjeu de querelles politiques intra françaises où tous les coups bas politiciens sont permis dans le cadre d’une compétition, dont l’extrême droite est l’instigateur, le référent et le donneur d’ordres», ajoute le MAE dans son communiqué.
L’Algérie avertit que la poursuite sur le chemin de l’escalade et de la provocation que semble prendre la France officielle suivant la vague de l’Algérie-Bashing aura un coût et il risque d’être payé cher.
«Cette dynamique qui entraîne dans son sillage non seulement des forces politiques françaises, mais également des membres du gouvernement français, peut avoir des conséquences incalculables sur la relation algéro-française dans toutes ses dimensions», conclut le ministère des Affaires étrangères dans son communiqué.
Dans l’escalade de tensions voulue par Paris avec Alger, un pas a été franchi par le gouvernement français ces dernières heures.
Jean Noël Barrot, autrefois plus mesuré que Retailleau qui assure pleinement son côté anti-algérien, a été tenté par le discours anti-algérien à la mode en France. Un discours auquel s’essaie également François Bayrou, Premier ministre d’un pays dont les institutions sont instables et dont le discours hostile à l’Algérie semble le meilleur remède pour cacher cette instabilité.