PAR NABIL M.
L’Algérie renforce ses relations économiques avec l’Arabie Saoudite en consolidant la confiance entre les milieux d’affaires des deux pays lors du Forum d’affaires algéro-saoudien tenu hier à Alger.
Organisé par la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI), ce Forum a rassemblé de nombreux opérateurs économiques algériens et une importante délégation d’hommes d’affaires saoudiens, dans l’objectif d’explorer des opportunités d’investissement dans des secteurs à fort potentiel tels que l’agroalimentaire, l’agriculture, le tourisme, le bâtiment ou encore les technologies de l’information.
Dès l’ouverture des travaux, le président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), Kamel Moula, a insisté sur la nécessité de «transformer les atouts respectifs de l’Algérie et de l’Arabie Saoudite en projets concrets», appelant à en tirer parti à travers «des investissements efficaces et l’échange d’expertises pour créer des emplois, relever les défis communs et réaliser un développement durable».
Selon lui, ce Forum «permettra de renforcer la coopération entre les deux pays, notamment dans les domaines de l’agroalimentaire, de l’agro-industrie, de la sidérurgie, du tourisme et des Technologies de l’information et de la communication (TIC)».
Même tonalité du côté de l’ambassadeur saoudien en Algérie, Abdullah Bin Nasser Al Bussairy, qui a rappelé que si les échanges commerciaux frôlent actuellement le milliard de dollars, ce chiffre reste «en deçà du potentiel réel». Il a mis en avant les récentes réformes engagées par l’Algérie, notamment la nouvelle loi sur l’investissement, comme autant de signaux encourageants pour les investisseurs saoudiens.
Le diplomate a également salué l’enracinement des relations bilatérales, soutenues, selon lui, par la volonté claire des dirigeants des deux pays d’élever leur coopération à un niveau stratégique. A ses yeux, le Forum constitue un espace concret où les opérateurs peuvent transformer cette ambition politique en résultats tangibles.
«Il est temps d’élever nos relations économiques à la hauteur de nos liens politiques et culturels», a déclaré pour sa part le président du Conseil d’affaires algéro-saoudien du côté saoudien, Raed bin Ahmed Al-Mazroua. Il a insisté sur l’ouverture du marché saoudien aux entrepreneurs algériens et sur l’importance d’initiatives comme ce forum pour consolider la confiance entre les milieux d’affaires.
Signature de 5 accords dans des domaines variés
Le temps des discours a rapidement laissé place à l’action, avec l’organisation en marge du Forum des rencontres B2B qui ont porté leurs fruits, avec la signature de cinq accords couvrant des domaines variés.
Dans le secteur du tourisme, un protocole d’accord a été conclu entre la société algérienne «Tourisme et Voyages Algérie» et l’entreprise saoudienne «Our World and Business Tourism», visant à développer des offres touristiques croisées, misant sur l’attractivité des deux pays et l’essor du tourisme religieux, culturel et de loisirs.
Sur le plan commercial, la société algéro-saoudienne «Algerian Gulf Business Company» a signé un protocole d’accord avec «Magnum Trading», spécialisée dans les échanges multiformes de biens et services. Cette entente pourrait ouvrir la voie à une intensification des flux commerciaux, notamment dans les produits alimentaires et les matériaux de construction.
L’industrie n’est pas en reste, avec un partenariat conclu entre la société CATM et le groupe saoudien Ghaith Holding, actif dans les infrastructures et l’ingénierie, pour de futurs projets dans le secteur du bâtiment, où la demande est forte des deux côtés.
Le domaine des matériaux composites et des solutions technologiques a également été concerné, avec la désignation de la société saoudienne Alwah Al Khalij Trading comme distributeur agréé de «Tonal Techno Bond», une entreprise algérienne innovante dans la fabrication de panneaux composites.
Enfin, un accord de coopération juridique a été signé entre le cabinet algérien Laoubi et le bureau saoudien Riyan bin Mohammed Qurban & Partners. Ce partenariat vise à faciliter l’accompagnement juridique des investissements croisés, preuve que la coopération s’étend aussi aux services à haute valeur ajoutée.
Une dynamique durable en construction
Ce Forum s’inscrit ainsi dans une dynamique plus large, portée par la volonté des deux Etats de diversifier leurs économies, notamment pour l’Algérie qui, en quête d’un modèle de croissance hors hydrocarbures, cherche à attirer des capitaux et du savoir-faire, dans le cadre d’une coopération économique durable, équilibrée et tournée vers l’avenir.
Le président de la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI), Kamel Hamni, a affirmé que ce partenariat bilatéral «ouvrira à l’Arabie Saoudite le marché africain, qui compte 1,5 milliard d’habitants», et lui permettra de bénéficier «des avantages accordés dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf)».
Pour sa part, le vice-président du Conseil d’affaires algéro-saoudien et président de l’Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP), Charaf Eddine Amara, a fait part de la disposition du Conseil à réaliser les objectifs du partenariat algéro-saoudien, à mettre ses expertises au service des projets communs et à faciliter la création de grands projets d’investissement et de joint-ventures entre les deux pays. Il a appelé, à ce titre, toutes les entreprises algériennes et saoudiennes à collaborer «afin que le forum d’affaires marque le début d’une nouvelle étape dans les relations bilatérales», souhaitant que cette rencontre «débouche sur des initiatives concrètes mutuellement bénéfiques».