Alger se drape de ses atours de Mecque des révolutionnaires

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Par Djilali B.

 

 

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu, en marge des festivités de célébration du 70e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale, une brochette d’invités d’un genre particulier, avec une forte symbolique pour leurs liens directs ou indirects avec la Révolution du 1er Novembre 1954.

 

Dans cette catégorie d’invités, il y a des proches des amis de l’Algérie et de la Révolution algérienne, et des descendants de leaders révolutionnaires charismatiques, dont les parents et grands-parents avaient un lien direct avec les cadres de la Révolution algérienne. En les invitant ce 1er novembre 2024, l’Algérie exprime clairement sa reconnaissance envers tous ceux qui ont soutenu, d’une manière ou d’une autre, sa Révolution et à cette occasion rend hommage à ces hommes qui sont en quelque sorte, eux aussi, des héros de la guerre de Libération nationale de 1954.

On pense dans ce cas à la petite-fille d’Enrico Mattei, Rose Angela Mattei, qui fait partie de l’Association internationale des amis de l’Algérie. Son grand-père, industriel italien, est connu pour son combat contre le fascisme. Il est connu pour avoir soutenu la Révolution algérienne. Le bloc italien, qui regroupe à la fois des hommes de gauche et des hommes de droite, qui a combattu Mussolini, a apporté son appui tant dans les brigades internationales qui ont appuyé l’Espagne que les peuples du Sud qui se battent pour leur indépendance.

Il y a aussi le petit-fils de Nelson Mandela, qui revient encore une fois dans un cadre officiel, visiter la seconde patrie de son père et pays de sa formation politico-militaire avant de lancer son combat contre l’apartheid. Il est venu ainsi prendre connaissance, comme dans son propre pays, du sens de l’indépendance et de la liberté. Lui, il est dans un univers bien connu, de par l’histoire de son père, ce qu’il a entendu de lui et ce qu’il a vu lui-même en se rendant à Alger à des occasions de commémorations.

Il y a également Mme Maria Do Nascimento da Garça Amorim, ancienne ministre des Affaires étrangères de Sao Tomé-et-Principe, petit pays insulaire au large du golfe de Guinée, un pays aussi représentatif de cette Afrique pour sa libération et son affranchissement de la tutelle coloniale. Sao Tomé-et-Principe, ancienne colonie portugaise, a eu son indépendance en 1975. Son hymne national, en portugais, se rapproche de «Qassaman» national, en claironnant «Indépendance totale».

 

Toute une symbolique restituée

La surprise a été sans doute ces deux guest stars, comme dit la terminologie cinématographique, pour désigner les invités surprise, que sont les descendants du général vietnamien Giap, Che Guevara et Salvador Allende.

En effet, le premier est l’artisan principal de la déroute de l’armée française à Dien Bien Phu. L’homme a réussi à défaire l’armée française, mais aussi celle de l’autre empire, les Etats-Unis, qui a remplacé les Français. Ce fin tacticien militaire demeure une source d’inspiration pour les rébellions aspirant à la liberté. Pour l’anecdote, lors de sa visite en Algérie en 1976, le général Giap avait demandé à rencontrer Kateb Yacine, qui avait écrit «L’homme aux sandales de caoutchouc», une référence à l’autre héros du Vietnam, Ho Chi Minh. Il se rendit ainsi à La Casbah où habitait le célèbre écrivain, sans protocole aucun, avant d’entamer sa visite officielle et aller à la rencontre du président Houari Boumediene auquel il avait dit : «Je m’excuse pour le retard, j’ai été voir mon ami Kateb Yacine». Il appelait d’ailleurs Kateb, «mon ami». Son fils était donc parmi ces invités surprise dont l’Algérie contemporaine n’a pas oublié les parents. Parmi eux aussi, la fille du légendaire révolutionnaire international, l’Argentin, Ernesto Che Guevara, le Ché, qui a avec Fidel Castro participé activement à la libération de Cuba. Il avait visité l’Algérie, alors Mecque des révolutionnaires, en 1963 et en 1965. Sa fille Alida a eu l’insigne honneur de se rendre en Algérie, ce pays de révolutionnaires et qui a abrité des révolutionnaires.

Enfin, un invité particulier, le petit-fils de Salvador Allende, le président chilien de gauche démocratiquement élu en 1970 et assassiné par le fasciste Pinochet en 1973, avec le soutien de l’administration américaine, qui plongea le Chili dans une innommable dictature. L’Algérie avait accueilli des réfugiés chiliens jusqu’aux années 1980.

En définitive, cette petite cérémonie renseigne sur la profondeur de l’ancrage des relations entre l’Algérie combattante et ses «amis», ceux ayant soutenu son combat et ceux dont elle a eu à adopter le combat. Toute une symbolique restituée ce 1er Novembre 2024 !