Algérie-Chine : 3 grands dossiers d’intérêt commun

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Algérie-Chine : 3 grands dossiers d'intérêt commun

PAR NABIL M.

La visite du président de la République en Chine, entamée depuis hier, devrait permettre un renforcement des relations stratégiques entre les deux pays, dans différents domaines. Le partenariat existant entre la deuxième puissance économique au monde et l’Algérie est illustré par trois grands projets ; le port d’El-Hamdania, la mine de fer de Gara Djebilet et le projet de phosphate intégré (PPI).

Grâce au caractère stratégique des relations économiques entre l’Algérie et la Chine, ces trois grands dossiers sont appelés à se raffermir davantage, à l’occasion de cette visite
d’Etat.

La signature, en novembre 2022, du deuxième plan quinquennal de coopération stratégique globale 2022-2026, qui tend à poursuivre l’intensification des contacts et de
la coopération entre l’Algérie et la Chine dans tous les domaines, est un atout majeur pour
ces investissements chinois en Algérie.

L’expérience chinoise au profit du projet Gara Djebilet

Considéré comme l’une des plus grandes mines de fer dans le monde, la mine de Gara Djebilet à Tindouf, est un projet stratégique qui constitue un important levier de l’industrie
sidérurgique en Algérie.

Ce projet structurel, qui se déroulera en plusieurs phases sur une période allant de 2022 à 2040, concerne différents secteurs, notamment les transports, les travaux publics, l’énergie, les ressources en eau, les finances, l’environnement et l’urbanisme. À cet effet,
l’Algérie s’est appuyée sur l’expérience chinoise pour mener à bien ce mégaprojet.

Ainsi, un mémorandum d’entente avait été signé avec un consortium d’entreprises chinoises, notamment pour la partie financement du projet. Il s’agit des entreprises CWE,
MCC et Heyday Solar.

Cet accord a marqué le lancement effectif du projet d’exploitation de la mine de Gara Djebilet, qui a mené à la formation d’une joint-venture avec l’entreprise nationale de fer et de l’acier (Feraal).

S’agissant du choix des trois compagnies chinoises, le ministre de l’énergie Mohamed Arkab avait mis en avant les compétences et les capacités techniques et technologiques dont disposent ces sociétés. Il avait précisé que MCC jouissait de hautes « compétences » dans la
construction et le développement des mines ainsi que dans l’extraction des minerais, tandis
que CWE possédait une large expérience en matière de développement, de construction et
de mise en service des projets d’énergies renouvelables, en sus de Heydey Solar, considérée comme une ressource spécialisée dans les solutions de réseaux électriques de pointe et les installations principales.

En juin dernier, une autre convention de partenariat a été signée entre Feraal et le
consortium chinois CMH pour la création de deux sociétés mixtes algéro-chinoises. La première pour l’exploitation de la mine de Gara Djebilet à Tindouf, et la seconde pour la réalisation d’un complexe de transformation des minerais de fer de la mine de Gara Djebilet en matériaux semi-finis (dalles), dans la wilaya de Béchar.

Dans cette même série de partenariats chinois, une joint-venture entre Feraal et un
groupe chinois est aussi prévue fin 2023. Selon le PDG de Feraal, un partenariat avec un groupe chinois pour la création d’une joint-venture sera cette fois dédié à la réalisation d’un projet pour l’exportation vers la Chine.

Un grand projet de développement du phosphate intégré

Le troisième grand dossier économique, en rapport avec le partenariat chinois, concerne le domaine de production de phosphate. L’Algérie et la Chine ont créé une société mixte dénommée Algerian Chinese Fertilizers Company (ACFC), fruit d’un partenariat entre
les groupes algériens Asmidal (filiale de Sonatrach) et Manal d’une part, et les sociétés chinoises Wuhuan et Tian’an d’autre part.

Grâce à ce partenariat, cette nouvelle société par actions de droit algérien a entamé les activités préliminaires relatives au développement du projet phosphates intégré (PPI).
Le projet englobera le développement et l’exploitation du gisement de phosphate dans
trois wilayas de l’est du pays : Bled El-Hadba, Djebel Onk (wilaya de Tébessa) ; la transformation chimique des phosphates à Oued Kéberit (wilaya de Souk Ahras) ; la fabrication des engrais à Hadjar Soud (wilaya de Skikda), ainsi que des installations portuaires dédiées au niveau du port de Annaba.

En mai dernier, le PDG de Sonatrach Toufik Hakkar avait effectué une visite de travail en Chine, à la tête d’une délégation composée de cadres du groupe, de la société Asmidal,
filiale de Sonatrach, et du groupe Manadjim ElDjazair (Manal).

Lors de cette visite, des réunions ont été tenues avec des responsables de China National Chemical Engineering Co. Ltd (CNCEC), propriétaire exclusive de la société Wuhuan, spécialisée dans les industries chimiques et des engrais. Les deux parties ont discuté du développement du PPI, ainsi que des perspectives de coopération dans les domaines liés à la recherche, au développement et à la production de l’ammoniac vert, ou encore à la valorisation des déchets industriels issus de la transformation des engrais, lit-on
dans le communiqué.

La rencontre a été aussi l’occasion d’évoquer les moyens de financement du projet intégré, en programmant des rencontres avec un groupe de banques intéressées par le financement du projet et des sociétés d’assurance, de prêts, d’investissement et d’exportation, qui
sont prêtes à contribuer au financement de ce projet stratégique.

À l’occasion de cette visite, Hakkar a eu des rencontres avec des sociétés partenaires de Sonatrach, notamment China National Petroleum Corporation (CNPC) activant en Algérie à travers ses filiales HQC, KunLun Digital, Huawei et PowerChina.

Le PDG de la compagnie nationale des hydrocarbures a abordé, lors de ces rencontres, les opportunités d’investissement et de coopération communes dans le domaine des hydrocarbures, des énergies nouvelles et renouvelables, de la transition numérique et des nouvelles technologies utilisées dans l’exploration et la production des hydrocarbures.

N. M.