Par Zine Haddadi
La saison estivale est loin de se dérouler dans des conditions normales pour l’entreprise nationale de transport maritime des voyageurs, en proie à d’énormes difficultés opérationnelles.
Sur son réseau international, l’ENTMV n’arrive pas à respecter sa programmation en raison d’une flotte décimée par les pannes.
A l’heure actuelle, des navires sont hors service, ce qui a contraint la compagnie à une interminable gymnastique dans la programmation.
Le Moby Dada, navire italien affrété, est tombé en panne quelques heures après sa libération sur intervention du parlement de la Méditerranée avec une participation du ministère italien des transports,
En Espagne comme en France, les passagers en galère
Pour remédier à l’indisponibilité du Moby Dada, qui opérait jusque-là sur le créneau Espagne, Algérie Ferries a dû avoir recours à l’affrètement du navire Kerry de la compagnie Balearia, sa concurrente sur ce réseau.
Le Ferry de Balearia a pris la mer samedi avec à son bord 700 passagers et quelque 250 véhicules à destination d’Oran, selon le média espagnol Puente de Mando.
Sur le réseau France, la situation n’est pas meilleure. Les passagers ne se retrouvent plus dans la programmation constamment changeante d’Algérie Ferries.
La compagnie a d’ailleurs procédé à de nombreuses modifications pour cette semaine, à Marseille notamment.
Ainsi, la desserte Marseille-Oran du 29 juillet est remplacée par Marseille-Alger le 31 juillet à 19h. La compagnie a en outre annoncé le report de la traversée Skikda-Marseille initialement prévue le 30 juillet au lendemain 31 juillet à 12h. La traversée vers Marseille depuis Oran du 31 juillet est remplacée par une traversée depuis Alger le 1er août à 18h.
À Sète, une destination récemment ajoutée au programme à l’occasion de la saison estivale, les témoignages rapportés par la presse française renseignent sur une situation assez compliquée également.
« Nous dormons sur des cartons, comme des sans-abri »
La semaine a été dure pour les passagers à Sète. « Nous dormons sur des cartons, comme des sans-abri », a confié une passagère dans un témoignage au Midi Libre.
Une traversée prévue mardi dernier n’a pas pu être opérée en raison des problèmes techniques rencontrés par le navire Tassili 2.
Le navire Tassili 2 est de nouveau tombé en panne avant de redevenir opérationnel. Alors qu’il était en route ce samedi 27 juillet vers Sète où il devait récupérer des passagers qui l’attendaient depuis cinq jours, selon les témoignages, le navire en question est tombé en panne au large de Barcelone et n’a pu regagner le port de destination que dimanche à 4h du matin à destination d’Oran.
Du coup, la traversée prévue samedi n’a pu prendre le départ que dimanche à 11h, selon les données du site Marine Traffic.
Sur la page Facebook de l’ENTMV, les communiqués annonçant des modifications dans la programmation avec le soin de préciser qu’elles sont dues à des raisons hors de sa volonté se sont enchaînés ces derniers jours.
« Nous avons fourni des observations et alertes depuis des mois concernant l’état de la flotte et le système de réservation catastrophique. Nous avons également demandé aux autorités d’identifier les responsables et de travailler à corriger sérieusement les défauts juste après la fin des vacances d’été », a commenté le député de la communauté algérienne en France sur son compte Facebook.
Pas de solutions en vue pour Algérie Ferries
Chaotique, cauchemardesque, les adjectifs ne manquent pas pour décrire la situation que traverse Algérie Ferries cet été.
Avec le Moby Dada, navire affrété qui s’avère être défaillant, le Tassili 2, revenu de maintenance et qui retombe en panne puis qui reprend la mer dans la foulée, et les nombreux changements qui en découlent, la situation d’Algérie Ferries ne donne pas envie de tenter une traversée.
On n’est jamais sûr que la traversée qu’on réserve va être opérée dans les délais prévus ni dans le tronçon prévu.
Au vu des communiqués annonçant des changements, des passagers ayant réservé une traversée Marseille – Oran se voient obligés de prendre une traversée vers Alger proposée par la compagnie comme solution de rechange.
Face à l’ampleur du chaos, la compagnie se contente d’annoncer les changements quand les pannes visiblement récurrentes la contraignent à modifier sa programmation.
Or un point sur la situation s’impose. Les passagers ayant payé au prix fort leur traversée ont droit à une communication, une explication de la part de la compagnie qui se mure dans un silence gênant, donnant l’impression de subir la gestion et de parer au plus pressé.
La compagnie a encore au moins un mois de tension à gérer. Le mois d’août, généralement connu comme celui des grands retours des vacanciers vers l’Europe, s’annonce difficile.