Algérie-France : Les «5 lourds dossiers» commencent à s’alléger

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Algérie-France: commission d'historiens

PAR M. MANSOUR

Le ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, avait parlé, fin décembre 2023, de « cinq importants et lourds dossiers » faisant obstacle à la visite d’Etat du président de la République en France. Le ministre avait lié la concrétisation de cette visite à la levée de ces obstacles. Depuis lors, certains de ces points ont connu des avancées et la situation semble se détendre.

Dans un entretien accordé à la plateforme de la chaîne qatarie Al Jazeera, Atheer, le 29 décembre 2023, Attaf avait expliqué que des divergences subsistaient concernant plusieurs dossiers, tels que la mobilité, la coopération économique, le dossier mémoriel, ainsi que la restitution des biens ayant appartenu à des personnalités historiques algériennes, ce qui compliquait la visite du président de la République en France. Il avait également souligné que la résolution de ces points serait bénéfique pour la réalisation de cette visite d’Etat.

Un peu plus d’un mois plus tard, des progrès significatifs ont été enregistrés, notamment dans le dossier de la mémoire commune. Lors de son entretien télévisé, Attaf avait indiqué que l’Algérie avait réclamé la restitution de l’épée et du burnous de l’émir Abdelkader, actuellement conservés au château d’Amboise en France. Le ministre avait également mentionné un geste symbolique que l’Algérie espérait voir réalisé avant la visite de Abdelmadjid Tebboune.

La requête d’Alger a fini par être prise en charge par la commission mixte des historiens algériens et français, qui a recommandé, dans son rapport du 3 février, la restitution de l’épée, du burnous, du Coran et de la tente de l’émir Abdelkader, ainsi que de la tente d’Ahmed Bey, les canons, les clés et les étendards de Laghouat. La commission avait également salué l’initiative de certains musées français tels que le Louvre et le quai Branly, qui ont annoncé la réalisation d’un inventaire des items provenant d’Algérie.

Dans le même contexte, il a été proposé que l’exposition sur l’émir Abdelkader réalisée au Mucem en 2022 soit également présentée dans un musée en Algérie. S’agissant de la coopération économique, Attaf avait mentionné des divergences dans les approches entre les deux pays. Il avait notamment évoqué le projet de création d’un fonds d’investissement
d’un montant de 100 millions d’euros, proposé par l’Algérie, auquel la partie française avait opposé son niet. Là aussi, la situation a bien évolué depuis, et les choses semblent se diriger vers plus d’échanges et de coopération, avec la création du conseil d’affaires algéro-français. Le 5 février dernier, le conseil du renouveau économique algérien (Crea) et le mouvement des entreprises de France (Medef) ont annoncé la création de cette structure qui s’inscrit dans un « partenariat renouvelé entre la France et l’Algérie ».

Dans un communiqué publié le même jour, le Medef a souligné que le conseil d’affaires algéro-français visait à « renforcer les relations économiques bilatérales, tant du côté des opérateurs économiques que des autorités ».

En clair, cette initiative projette de dynamiser les échanges et les investissements entre les deux pays, offrant ainsi de nouvelles opportunités au secteur privé. Pour conclure, notons que la résolution des différends mémoriels, la restitution des biens ayant appartenu à l’émir Abdelkader et d’autres résistants durant la période coloniale, ainsi que le dynamisme accru
dans le domaine de la coopération économique marquent un pas significatif vers la levée des autres obstacles et facilitent les rapports souvent très délicats entre les deux pays.

M. M.