Algérie-France. Les clarifications de Tebboune : «Moi, je travaille avec Macron»

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Par M. mansour

 

Plusieurs thèmes ont été abordés lors de l’entretien accordé hier par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, aux représentants des médias nationaux. Parmi eux, la question des relations avec la France a occupé une place centrale. Le chef de l’État a tenu à clarifier plusieurs points essentiels concernant cette relation, actuellement marquée par de fortes tensions, avant d’évoquer les liens avec d’autres puissances, notamment les pays européens, les États-Unis, la Russie et la Chine.

S’agissant de la France, le président Tebboune a tenu à réaffirmer que, malgré les différends, le dialogue restait ouvert au plus haut niveau : «Nous gardons un seul point de repère, et c’est le président Macron. Il y a eu un moment d’incompréhension, mais il reste le président de la République française. Tous les problèmes doivent se régler avec lui ou avec la personne qu’il délègue.»

Dans cette optique, le chef de l’État a dénoncé certaines pratiques médiatiques et politiques françaises, notamment la censure du documentaire « Algérie, section armes spéciales », déprogrammé par France Télévisions : «À force de mettre la poussière sous le tapis, à la fin, l’air devient irrespirable. Ce qui a été caché au peuple français est désormais connu.»

Son message à la diaspora : «Personne ne s’en prendra à eux»

Évoquant ensuite la liberté d’expression, il a pointé du doigt ce qu’il considère comme un double discours des autorités françaises : «On nous accuse d’être un pays sans liberté d’expression, mais lorsqu’un journaliste dit la vérité en France, il est sanctionné.»

Sur la question sensible des visites de responsables français au Sahara occidental, le président Tebboune a souligné le caractère ostentatoire de ces démarches, tout en relativisant leur impact sur les relations bilatérales. Il a rappelé l’importance du respect du droit international : «Ce n’est pas une provocation envers l’Algérie, mais cela dérange la légalité internationale. La France est membre permanent du Conseil de sécurité et ce dossier est entre les mains de l’ONU», a-t-il précisé, ajoutant que l’amitié entre la France et le Maroc ne dérange en rien l’Algérie.

Enfin, le president Tebboune a tenu à rassurer la diaspora algérienne en France. «Nos compatriotes à l’étranger doivent savoir que nous sommes là pour eux, et que personne ne s’en prendra à eux.»

 

Des relations solides avec l’Italie et l’Allemagne

En élargissant la perspective européenne, le chef de l’État a mis en lumière la profondeur des liens avec l’Italie, saluant une relation ancrée dans la solidarité et l’efficacité. «Depuis l’indépendance, nous avons toujours été en bons termes avec l’Italie, qui privilégie l’efficacité en toute modestie», a-t-il rappelé, faisant référence à l’attitude italienne durant la décennie noire : «Alors que la France imposait un embargo sur nos aéroports, les Italiens n’ont pas suivi.»

Il a également mis en avant la coopération économique grandissante, citant un projet d’envergure dans le sud algérien : «Nous avons 36 000 hectares d’investissements italiens dans le sud. Nous essayons de construire un véritable pont économique entre l’Algérie et l’Italie, où les intérêts deviennent de plus en plus imbriqués.»

Dans la même dynamique, le président a évoqué les relations avec l’Allemagne, qui s’impose comme un partenaire clé, notamment sur le plan énergétique. Il a rappelé le soutien allemand durant la guerre de libération et la coopération qui s’est renforcée depuis : «L’Allemagne était aux côtés de l’Algérie pendant la révolution, et aujourd’hui, elle reste un allié industriel et énergétique important.»

 

Des liens apaisés avec les autres pays européens

Poursuivant sur les relations européennes, le chef de l’État a souligné l’importance de maintenir des partenariats stratégiques, citant notamment l’Espagne. Malgré les tensions récentes, il a affirmé que les relations se sont nettement réchauffées.

Il a également mis en avant les liens solides entretenus avec d’autres nations européennes, telles que la Slovénie, la Tchéquie, la Serbie et la Croatie, des pays avec lesquels l’Algérie cultive des relations fondées sur le respect mutuel.

 

Les États-Unis, la Russie et la Chine

Sortant du cadre européen, le président Tebboune a abordé les relations avec d’autres puissances majeures, notamment les États-Unis, la Russie et la Chine. A ce propos, il a souligné une amélioration continue des liens entre Alger et Washington : «Nous avons d’excellentes relations avec les États-Unis, qui se renforcent sur le plan militaire et économique», a souligné le chef de l’Etat ajoutant : «Les relations entre nous et Washington s’améliorent quotidiennement.» Il a aussi salué les efforts visant à ouvrir une ligne aérienne directe entre Alger et New York, illustrant la volonté de rapprochement.

Dans ce même esprit d’ouverture, il a tenu à rappeler que ce rapprochement avec Washington ne se faisait pas au détriment des relations historiques avec la Russie et la Chine. «Ça fait partie de l’ADN du non-alignement», a-t-il affirmé, insistant sur le fait qu’aucun de ces partenaires n’a jamais tenté de vassaliser l’Algérie.