Par M. Mansour
Un énième mensonge de la droite française, de plus en plus inclinée vers l’extrême, s’est heurté aux chiffres officiels présentés par un ministre français en fonction. Il s’agit du montant prétendu de la dette liée aux soins impayés des ressortissants algériens dans les hôpitaux français, qui, selon de nombreux fanfarons de cette droite sans consistance, aurait atteint 45 millions d’euros. Un autre mensonge démystifié, à l’instar de bien d’autres, comme ces soi-disant aides publiques françaises, censées être octroyées chaque année à l’Algérie au titre de soutien au développement.
Espérant peut-être enfoncer davantage le clou, la sénatrice du parti Les Républicains, Jacqueline Eustache-Brinio, a interrogé le ministre français de la Santé, Yannick Neuder, sur les impayés des ressortissants algériens dans les hôpitaux français, lors d’une récente séance d’audition au Sénat français. La sénatrice de droite a abordé divers sujets, critiquant d’abord le renvoi par Alger de l’influenceur algérien Boualem Naman, expulsé par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, une loi «récemment adoptée» par l’Algérie obligeant la France à décontaminer le Sahara des déchets nucléaires, ainsi que la réaction d’Alger concernant les mauvais traitements subis par des passagers algériens dans des aéroports parisiens. Elle a également évoqué une prétendue campagne de haine contre le Premier flic de France et une «prise en otage de l’écrivain Boualem Sansal», tout en mettant en avant un appel à dénoncer l’accord de 2007 entre l’Algérie et la France concernant la prise en charge médicale des ressortissants algériens en France, avançant que les impayés côté algérien s’élevaient à 45 millions d’euros en 2023.
La douche froide
Dans sa réponse, le ministre français de la Santé a clarifié que pour les soins prodigués en France à des ressortissants non résidents et non assurés par le système de sécurité sociale, des accords internationaux permettent leur accès aux soins. «Cela représente 800 millions d’euros par an. Plus de 99% concernent des citoyens de l’Union européenne et de la Suisse. 50% de ces soins sont dispensés par les hôpitaux publics et sont globalement recouvrés», a-t-il précisé, ajoutant que «sur les 150 millions d’euros entre 2007 et 2023 relatifs aux financements algériens, le recouvrement est satisfaisant, puisqu’à ce jour, il reste 2,58 millions d’euros à recouvrer». Ces chiffres sont en ligne avec ceux publiés vers la fin janvier, par l’APS, qui indique qu’entre 2010 et 2019, l’Algérie a transféré 93.700.815,64 euros aux hôpitaux français et qu’entre 2020 et 2024, un montant de 23.263.322,55 euros a été réglé. L’APS a par ailleurs révélé que l’Algérie demande à la France une réunion de la commission mixte pour régler des créances de 2.537.194,23 euros, couvrant les frais d’hospitalisation de 2018 à 2024.
Un mensonge parmi d’autres
Ce n’est pas la première fois que les absurdités proférées par la droite française et sa complice l’extrême droite sont démystifiées par des chiffres officiels. Il y a quelques mois, c’étaient les prétendues aides publiques françaises au développement, et plus particulièrement les aides fictives allouées à l’Algérie, qui faisaient la Une des médias français, toutes tendances confondues. L’origine de cette tempête médiatique : un tweet de la députée européenne Sarah Knafo, candidate sur la liste de Marion Maréchal Le Pen pour le parti Reconquête, datant de mai 2024. Dans ce tweet, elle remettait en question la capacité de la France à «donner 800 millions d’euros d’aide au développement à l’Algérie chaque année, alors qu’elle refuse de reprendre ses clandestins qui sont parfois des bombes sur pattes». Un montant évidemment sorti tout droit de son imagination, aussi malveillante que déconnectée de la réalité, puisque, quelques jours plus tard, le ministère français de l’Economie a démenti cette somme farfelue. «Les financements de la France à destination de ce pays (l’Algérie, ndlr) étaient de 112 millions d’euros en 2021 et 132 millions d’euros en 2022», a précisé Bercy. En décortiquant cette «aide», on s’aperçoit rapidement qu’elle est en grande partie destinée à servir les intérêts français.
Là aussi, c’est l’APS qui a réagi pour dévoiler les dessous de cette aide censée atteindre 130 millions d’euros en 2022. En réalité, l’Algérie ne reçoit qu’une poignée de miettes, soit à peine 5 millions d’euros, bien loin des chiffres fantaisistes avancés par l’extrême droite française et ses relais médiatiques. Le reste, 80% de cette somme, reste sagement confiné en France, pour financer l’accueil d’étudiants algériens dans ses universités, dans le seul but de renforcer son influence culturelle et économique. Ce n’est en rien de l’aide au développement, mais une manœuvre cynique pour capter des bénéfices directs sur le dos de l’Algérie. Les quelques fonds qui parviennent à l’Algérie sont principalement alloués à des projets de coopération bilatérale, dont l’impact est dérisoire et souvent contesté. Le reste de cette prétendue aide est entièrement au service des intérêts français pour promouvoir sa langue et ses entreprises sur le sol algérien. En fin de compte, ce n’est ni un geste de générosité ni un acte désintéressé.
En conclusion, il devient évident qu’il ne fallait accorder que peu de poids aux menaces soufflées contre l’Algérie ni aux prétendus privilèges qui lui seraient octroyés, comme l’affirment les figures de l’extrême droite et leurs doubles de la droite française. Ces accusations, telles des châteaux de sable érigés sous un vent de mauvaise foi, sont souvent démenties par les voix mêmes des officiels français.