Algérie, Tunisie, Egypte et Maroc : Un petit tour, deux petits tours et puis s’en vont

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A quelques jours seulement du baisser de rideau sur la CAN 2023 en Côte d’Ivoire où les sélections nord-africaines n’ont pas du tout brillé, quittant la compétition après un petit tour, voire un deuxième, il est temps de s’attarder un peu sur les raisons de ce énième échec de ces nations ayant évolué en dehors de leur habituelle zone de confort.

PAR MALIK DZIRI

La CAN TOTAL ENERGIES – Côte d’Ivoire 2023 a désigné son carré d’as parmi les 24
sélections engagées le 13 janvier pour animer sa 34e édition. Quatre nations, déjà
vainqueurs par le passé, ont barré la route à quatre autres qui voulaient goûter pour la
première fois au Graal. C’est ainsi que la RD Congo (1968 et 1974), le Nigeria (1980, 1994 et 2013), la Côte d’Ivoire (1992 et 2015) et l’Afrique du Sud (1996) ont déjà inscrit leur
nom sur le socle du titre continental et s’apprêtent à en rajouter un autre, contrairement à l’Angola, la Guinée, le Mali et le Cap Vert qui espéraient rompre de nouveau cette tradition qui remonte à 2012 lorsque la Zambie d’Hervé Renard est parvenue à déjouer les pronostics pour décrocher le titre pour la première fois.

En attendant l’issue finale, dimanche prochain, après les demi-finales prévues ce mercredi avec de belles affiches : Côte d’Ivoire – RD Congo et Nigeria – Afrique du Sud, retour sur les nations nord-africaines qui, une fois encore, n’ont pas fait long feu dans cette compétition. S’il y a deux ans les Pharaons ont réussi à se hisser en finale avant de céder le titre aux Sénégalais lors de la séance des tirs au but, cette fois aucune nation n’a dépassé le cap des huitièmes de finale. Il faut remonter jusqu’à l’édition de 2013 pour retrouver une telle performance, qui fait déjà débat chez les spécialistes.

C’est ainsi que l’Algérie et la Tunisie sont tombées dès la phase de poules en occupant la dernière place de leurs groupes respectifs avec deux petits points à leur actif, alors que
l’Egypte et le Maroc ont dû décrocher dès les huitièmes. La première aux tirs au but face à
la RD Congo, au bout d’un quatrième match nul, et le second, en se faisant balayer par le réalisme sud-africain (0 à 2). Triste bilan pour ces quatre nations : 2 victoires seulement sur 14 matchs disputés, dont deux lors des huitièmes de finale, celles du Maroc face à la Tanzanie (3 à 0) et la Zambie (1 à 0) en phase de poule, contre 9 matchs nuls (4 pour l’Egypte, 2 pour l’Algérie, 2 pour la Tunisie et 1 pour le Maroc) et 3 défaites (1 pour chacune de ses sélections : Algérie, Tunisie et Maroc).

Du coup, plusieurs observateurs assidus de la scène footballistique continentale ont
remis sur la table de l’analyse le fameux syndrome de la CAN hors de la zone de confort
des sélections nord-africaines (UNAF) qui ne sourit que très rarement à ces dernières.
En effet, en épluchant le palmarès de la CAN depuis sa création en 1957 et la première
édition disputée au Soudan (pas encore partagé entre le nord et le sud), les sélections du
nord de l’Afrique ont réussi à gagner 11 fois le trophée sur 34 éditions, soit 32% (presque
le tiers), dont 63% reviennent à l’Egypte (7 titres sur 11) qui détient toujours le record de
consécrations. En plus de ces 11 trophées, les sélections nord-africaines sont parvenues sept fois en finale avant de laisser filer le sacre : l’Egypte, trois fois (1962, 2017 et 2021), la Tunisie deux fois (1965 et 1996), l’Algérie et le Maroc une fois chacun (1980 pour les Verts et 2004 pour les Lions de l’Atlas). Cela donne un ratio de 53%, soit plus de la moitié des éditions disputées jusqu’ici, ont vu les sélections nord-africaines arriver en finale pour en gagner 11 et perdre 7, avec toujours l’Egypte en tête (10 finales animées, dont 7 gagnées).

Seule l’Égypte avait cette profondeur… continentale

Les Pharaons courent depuis un huitième titre continental dont le dernier a été glané en 2010 en Angola après ceux de 1957, 1959, 1986, 1998, 2006 et 2008. Pourtant, à deux reprises, en 2017 et en 2021, la génération Mohamed Salah a tenté de rallumer la flamme de celle d’Abou Trika qui a régné durant trois éditions consécutives sous la baguette du sélectionneur Hassan Chehata. Grande nation du football africain, l’Egypte a réussi à aller chercher quatre trophées hors de ses bases : Soudan (1957), Burkina Faso (1998), Ghana (2008) et Angola (2010). Mais cette profondeur continentale longtemps pendant faisant la force des Pharaons a tendance à s’effilocher au fil des années. Est-ce le fait de l’absence d’une génération dorée à l’image de celles d’El Khatib et d’Abou Trika qui fait défaut ? Ou est-ce les progrès du football africain et les changements constatés dans chaque fédération qui font aujourd’hui la différence ? Ce qui est certain, c’est que la phase finale en Côte d’Ivoire a confirmé les difficultés des nations nord-africaines de s’imposer en dehors de leurs bases, puisque l’Algérie (chez elle en 1990 et en Egypte en 2019) et la Tunisie (en 2004 chez elle) restent sur cette thèse, alors que le Maroc, vainqueur lors d’un tournoi en Ethiopie (en 1976) demeure une exception.

Le climat, l’éternel argument

Le déroulement de la CAN dans un autre pays autre que la zone UNAF est apparemment un élément qui a souvent perturbé les sélections nord-africaines qui, à chaque fois, devaient penser à l’aspect acclimatation avant l’entame de la compétition. La sélection nationale a beau faire un stage à Lomé, au Togo, où elle s’est apparemment bien préparée, aux dires des joueurs et du sélectionneur Djamel Belmadi, avec à la clé deux matchs amicaux gagnés face au Togo A’ et au Burundi, mais une fois à Bouaké, les données ont complètement changé. Surtout lors du dernier match face à la Mauritanie, où l’équipe a perdu tous ses repères sur le terrain. Evidemment, Belmadi, tout comme Regragui ou bien Kadri le coach tunisien, chacun a pris sur lui la responsabilité de l’échec. Sauf que cette fois, tous les arguments liés à l’état des pelouses ou au climat ne peuvent tenir la route, et les raisons il faut aller les chercher ailleurs.

La CAN en milieu de saison, est-ce un handicap ?

Les joueurs nord-africains éprouvent-ils plus que d’autres des difficultés à évoluer lorsque la CAN est organisée en plein milieu de la saison ? C’est un autre paramètre avancé par certains pour expliquer les contre-performances des nations maghrébines en particulier. Mais est-ce vraiment un handicap, d’autant que d’autres sélections s’y accommodent naturellement, malgré le fait que leurs joueurs évoluent pour la plupart hors du continent
africain, soit majoritairement en Europe. La motivation des joueurs est-elle remise en doute ? Des psychologues du sport de haut niveau essayent de comprendre, alors que d’autres avancent des thèses liées à l’aspect technique, en plus de la motivation psychologique. Une question de génération, estiment d’autres observateurs au vu des résultats passés et du palmarès de cette CAN qui a, à chaque fois, consacré des nations dont la sélection était au diapason sur tous les plans : une bonne cuvée de joueurs, un état d’esprit de gagneurs, un
staff technique à la hauteur du potentiel équipe et bien d’autres ingrédients, facteurs de réussite.

Ce qui est certain, c’est que les résultats et le parcours des sélections nord-africaines lors de la CAN mériteraient une étude un peu plus approfondie, d’autant que l’union nord-africaine de football (UNAF) dispose de compétences techniques et autres capables de décortiquer les faits, et sur plusieurs éditions, afin de fournir un éclairage un peu plus concret sur ces échecs récurrents.

M. D.