PAR NABIL M.
L’Algérie franchit un nouveau cap dans son partenariat économique avec l’Union européenne, après la fin de la tournée en Europe pour attirer les investissements vers le pays.
La Conférence de clôture du projet «Partenariat euro-algérien pour l’investissement durable», organisée hier à Alger par la Délégation de l’UE, en collaboration avec l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI) et le ministère des Affaires étrangères, a confirmé une ambition commune d’établir une feuille de route concrète pour dynamiser les investissements durables européens en Algérie.
Dans une salle réunissant hauts responsables, experts économiques, diplomates et acteurs du secteur public et privé, la volonté d’ancrer durablement les intérêts économiques partagés a été clairement affichée. Le Directeur général pour le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et le Golfe (MENA) à la Commission européenne, M. Stefano Sannino, a salué lors de son allocution un projet «exemplaire» de coopération, estimant qu’il arrive à un moment où «la situation géoéconomique mondiale nous pousse à resserrer les liens avec nos partenaires les plus proches».
Face à l’assistance, il a révélé la préparation d’une feuille de route commune pour concrétiser les résultats du projet. «Nous comptons capitaliser sur les acquis du projet pour construire ensemble une feuille de route partagée entre l’Algérie et l’UE pour l’investissement durable en Algérie», a-t-il affirmé.
Soulignant le rôle central de l’Algérie dans la relance des partenariats euro-méditerranéens, M. Sannino a insisté également sur l’importance de la stabilité et de la prévisibilité des engagements pour attirer des investissements pérennes. «Ce projet a permis des rencontres avec plus de 250 entreprises européennes et la création d’un groupe d’experts algéro-européen», a-t-il rappelé, annonçant dans la foulée le lancement imminent d’un jumelage entre l’AAPI et ses homologues européens, en prélude à un nouveau programme prévu pour début 2026.
L’objectif de cette action, selon le DG de la région MENA, est «d’améliorer le climat des affaires, attirer les investissements hors hydrocarbures, faciliter les échanges commerciaux et renforcer l’accès des entreprises algériennes au marché européen». Pour le responsable européen, les prochaines étapes doivent se focaliser sur la mise en place de zones économiques spéciales, le développement de partenariats public-privé, et une mobilisation accrue des financements européens. Il a assuré, à ce propos, que l’ouverture envisagée d’un bureau de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) à Alger est attendue comme un levier stratégique.
Rekkache : «Le partenariat avec l’UE n’est plus un choix, mais une nécessité»
Du côté algérien, le constat est sans appel. Pour le DG de l’AAPI, M. Omar Rekkache, «le partenariat stratégique avec l’UE dans le domaine de l’investissement n’est plus un choix, mais une nécessité». Il a salué les retombées des missions de promotion menées dans 14 pays européens depuis septembre 2023, qui ont permis, selon lui, de «positionner l’Algérie comme une destination fiable et prometteuse». Il a également insisté sur la nécessité de transiter vers la réalisation concrète des résultats du projet en question. «Nous croyons fortement que cette association (Algérie-UE) doit passer de l’étape des constats et des études vers celle de la réalisation et de l’investissement effectif», a-t-il assuré, soulignant que «le dialogue doit se transformer en projets palpables qui contribuent à de la valeur ajoutée et à la création d’emplois».
Le Directeur général Europe au ministère des Affaires étrangères, M. Toufik Djouama, a noté pour sa part que «le volume des investissements européens hors hydrocarbures reste très limité en comparaison avec les échanges commerciaux». Il a ainsi appelé à «corriger ce déséquilibre structurel» par une action coordonnée, alignée à la fois sur les priorités algériennes et la stratégie européenne en Méditerranée.
«Dans ce contexte, le projet des IDE européens en Algérie, qui est le sujet de cette rencontre, est une initiative importante qui vise à dresser un bilan global de cette situation afin de trouver les solutions possibles pour rétablir ce défaut structurel», a-t-il expliqué.
Le président du Conseil du renouveau économique algérien, Kamel Moula, a également souligné, pour sa part, le potentiel encore inexploité d’un partenariat équilibré et tourné vers l’avenir. Il a plaidé pour une révision claire et transparente de l’Accord d’association entre l’Algérie et l’UE, afin de renforcer la coopération économique entre les deux parties.
Alors que l’Europe reste le premier investisseur en Algérie, cette feuille de route commune pourrait bien marquer un tournant décisif. Il ne s’agit plus seulement de renforcer les liens, mais de les ancrer dans des projets durables, concrets et mutuellement bénéfiques.