Par R. Akli
La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a exprimé hier sa volonté et son engagement personnel, ainsi que celui de l’instance qu’elle dirige, à œuvrer de concert avec les autorités algériennes en vue de renforcer la coopération bilatérale, selon un communiqué rendu public par les services de la présidence de la République. Dans un message de félicitations adressé au président Tebboune à l’occasion de sa victoire au scrutin présidentiel du 7 septembre dernier, la présidente de la Commission européenne a ainsi souligné que cette réélection pour un second mandat «intervient à une étape importante pour les relations algéro-européennes et pour l’intérêt commun» des deux parties, faisant part dans le même contexte de son engagement à œuvrer en faveur de la concertation et de la coopération bilatérales. Un message fort qui laisse augurer d’une volonté réelle de l’Union européenne de repartir sur de nouvelles bases dans ses relations avec l’Algérie, d’autant plus qu’il émane de la présidente même de l’organe exécutif de l’UE. Aussi, ce message qui intervient, est-il utile de le souligner, au lendemain de l’annonce du verdict de la Cour de justice européenne invalidant des accords commerciaux avec le Maroc, pourrait constituer un nouveau point de départ pour aplanir les divergences entre l’Algérie et l’UE, en particulier celles que ne cesse de susciter le contenu de l’accord d’association qui lie les deux parties depuis déjà plus de vingt ans. La Commission européenne étant, du reste, l’instance en charge des négociations des accords de l’UE à l’international, la teneur du message que sa présidente a adressé hier au président Tebboune laisse entrevoir une réelle disponibilité à ouvrir un possible dialogue en vue de relancer le partenariat bilatéral en œuvrant surtout à corriger les déséquilibres et les distorsions charriés par le mise en œuvre de l’ accord d’association en question depuis son entrée en vigueur en 2005.
Approche «gagnant-gagnant»
Des distorsions dont les effets défavorables pour l’économie nationale n’ont cessé de s’accumuler au fil des années et de susciter ouvertement le mécontentement des autorités algériennes, au point où le président Tebboune n’avait pas hésité à exiger expressément, lors d’une réunion du Conseil des ministres tenue fin octobre 2021, que l’accord d’association liant l’Algérie à l’UE soit révisé «clause par clause». Une révision devenue incontournable et qui devra se faire en fonction d’une nouvelle vision souveraine et d’une approche «gagnant-gagnant», tout en tenant compte de «l’intérêt du produit national en vue de créer un tissu industriel et des emplois», selon les termes posés par le chef de l’État lors de la même réunion du Conseil des ministres. Trop portée sur le commerce pur en faveur des pays de l’UE et avare en investissements européens directs que cible l’économie nationale pour stimuler sa diversification, la mise en œuvre des clauses de l’accord d’association continue depuis à être en bonne partie à l’origine de discordes qui viennent contrarier épisodiquement l’amélioration des relations bilatérales. Tout récemment encore, la Commission européenne est allée jusqu’à annoncer le lancement d’une procédure internationale de règlement de différends contre l’Algérie pour contester ce qu’elle estime être des barrières à son commerce extérieur vers le marché national, notamment pour les biens agricoles et l’automobile. Pourtant, bien que les importations algériennes aient effectivement connu une certaine diminution en raison d’une politique globale de rationalisation mise en place ces dernières années pour préserver les équilibres économiques du pays, l’Union européenne continue à occuper le rang de premier partenaire de l’Algérie en termes d’échanges commerciaux. Un partenariat commercial privilégié de par l’accord d’association qui lie les deux parties, mais qui reste toutefois à matérialiser davantage par des projets concrets de colocalisation et d’investissements directs.