/Valoriser la production agricole pour augmenter les rendements, des objectifs assignés par le président de la République et, surtout, par la conjoncture nationale et mondiale, dont la finalité serait l’atteinte de l’autosuffisance (ou sécurité) alimentaire et aspirer à l’exportation du surplus. Pourtant, sur les 160 produits agricoles identifiés pour l’exportation, la facture d’exportation était de seulement 100 millions de dollars en 2020, dont les plus remarquables sont les dattes avec 72 millions de dollars, et les carroubes et dérivés avec 20 millions de dollars.
L’Algérie dispose d’un réel potentiel en matière d’agriculture et les dirigeants du pays en sont conscients. Le secteur revient dans, presque, tous les Conseils des ministres, et de nouvelles orientations sont, à chaque fois, données par le premier magistrat du pays pour booster la production. Des potentialités pour ne plus importer, mais aussi pour exporter. Un avis partagé par de nombreux spécialistes, mais «encore faut-il organiser la production et la planifier par rapport à la demande internationale». Tel est le constat de Ali Bey Nasri, président de l’Association nationale des exportateurs algériens (ANEXAL), qui était, hier, l’invité de la rédaction de la rédaction à la Chaîne III. Celui-ci qui confirme que l’Algérie peut redevenir le pays exportateur d’agrumes, de dattes, d’huile, d’orge et d’alfa, entre autres, qu’elle était durant les années 70. A cela s’ajoutent «des produits du terroir qui sont identifiés par le ministère de l’Agriculture pour l’export», affirmera-t-il en donnant l’exemple des artichauts de Relizane, la carotte Muscadine de Bou Saâda, les agrumes et, notamment, l’orange Thomson de Mohammadia ou de la Mitidja. Ali Bey Nasri est formel : «L’Algérie dispose d’un réel potentiel, mais encore faut-il revoir tout le système de la production destinée à l’exportation qui obéit à des normes et un itinéraire technique qu’il faut maitriser». L’intervenant relèvera, dans son intervention, les forces de l’Algérie et qui résident dans sa précocité, sa primeur et l’arrière saison. Il ajoutera que «l’Algérie est l’un des rares pays au monde à continuer à étendre sa surface agricole utile, notamment dans le sud où les rendements sont bien supérieurs à ceux enregistrés dans le nord». Il illustrera cet exemple par le rendement du blé qui avoisine les 80 quintaux à l’hectare à Adrar, alors qu’il n’atteint pas les 28 quintaux dans les Hauts Plateaux. Un état de fait qui l’amènera à se poser la question de «l’utilité de poursuivre ces cultures dans le nord ?», suggérant que le ministère de l’Agriculture définisse et trace une stratégie d’exportation.
«La moyenne d’âge de l’agriculteur est entre 60 et 80 ans»
Sur les raisons du recul des exportations agricoles par rapport aux années 1970, l’expert dira : «Actuellement, on souffre du profil du personnel en place, la moyenne d’âge est entre 60 et 80 ans.» Il regrettera, néanmoins, le fait que les grandes écoles d’agriculture froment des ingénieurs par centaines. «Rien que pour l’Ecole nationale supérieure d’agronomie, 300 ingénieurs agronomes sortent chaque année, mais ils ne sont pas orientés là où ils devraient, notamment vers le travail de la terre», déplorera-t-il. Pour y remédier, il suggère d’«encourager l’entreprenariat des jeunes diplômés en agronomie et injecter cette force dans le secteur qui est sous-qualifié». Et à ce titre, il en appelle aux ministères concernés pour trouver des solutions de manière à donner aux ingénieurs agronomes des terres en concession avec des crédits à long terme. Ali Bey Nasri recommande également d’augmenter les volumes de production agricole et d’aller vers l’agriculture intensive car l’exportation nécessite «d’atteindre une taille critique». Pour ce faire, il propose de mettre à disposition des investisseurs nationaux et étrangers de nouvelles surfaces agricoles qui seront dédiées à l’exportation. Et à ce propos, il reste convaincu que «l’investissement en partenariat avec des étrangers peut contribuer à transférer le savoir-faire et, surtout, donner une ouverture vers le réseau à l’international, ce qui peut apporter facilement des plans de charge à l’exportation», poursuit le spécialiste. Le problème de la logistique et du transport se pose, également, dans tout ce qui doit être revu, au même titre que la distribution qui, selon lui, devrait revenir à des standards qui ont démontré leurs preuves, à l’image de l’OFLA.
B. A.