Dos courbés trimbalant un poids trop lourd pour leur petite corpulence, nos écoliers sont de retour, soulevant pour la énième fois la problématique du cartable scolaire. Pour mettre fin aux souffrances des élèves qui persistent depuis des années, preuve en est le nombre d’enfants atteints de scoliose qui ne cesse de s’accroître, le Président Abdelmadjid Tebboune a donné instruction pour l’allègement du cartable scolaire. Face à cela, les syndicats autonomes demeurent sceptiques par rapport aux mesures prises par la tutelle qui aspire à la digitalisation de l’école algérienne. En effet, pour cette rentrée 2021-2022, Abdelhakim Belabed, ministre de l’Education nationale a mis en avant son projet d’une école algérienne intelligente dans laquelle les élèves suivront leurs cours sur tablettes.
Les tablettes, la solution miracle
Pour Sadek Dziri, président de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation, cette ambition d’aller vers une école digitale est «précoce» et est loin de la réalité. «Ce n’est pas la première fois que la tutelle évoque les tablettes comme solution miracle pour soulager les écoliers du poids de leurs cartables. Cette idée a déjà été suggérée et a maintes reprises sans pour autant qu’elle ne se concrétise et cela à cause du manque de moyens humains et matériels. Avec plus de 20.000 établissements scolaires à travers l’ensemble du territoire nationale et 50 écoles pilotes pour cette année, il est clair que le projet de l’école digitale ne sera opérationnel que dans au moins 5 ans», a déclaré le syndicaliste. Réticent face à l’idée de voir l’école envahie par les écrans, notre interlocuteur a déploré le fait que les autorités refusent d’adopter des mesures peu couteuses et efficaces : «Cette problématique revient à la charge chaque année et la tutelle est en mesure de prendre les décisions nécessaires pour soulager nos écoliers. Plusieurs solutions existent et ont déjà été proposées sans qu’elles ne soient prises en considération. Tout d’abord, il y a la possibilité de revoir le volume des manuels scolaires et les présenter aux enfants en deux tomes, cela réduira le poids du cartable de près de moitié.»
Des casiers individuels à l’école
Il y a aussi la possibilité de mettre à disposition des enfants des casiers au sein de l’école. Certaines écoles ont d’ailleurs adopté cette solution mais il s’agit d’une minorité», a indiqué notre interlocuteur. Dans ce sillage, Sadek Dziri a suggéré l’idée que chaque élève puisse disposer de manuels scolaires en double. «L’enfant pourra ainsi avoir ses livres à l’école et à la maison», explique-t-il en poursuivant : «Je pense que c’est une bonne manière de soulager les écoliers du poids des manuels car ils n’auront plus à les ramener chez eux pour étudier. Cependant, vu le cout élevé des manuels scolaires, je propose que seuls les manuels que l’enfant ramènera à la maison soient pris en charge par ls parents».
«Il faut réformer le système scolaire»
Pour sa part, Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur de l’éducation (Cnapest), il faudra prendre le problème à la racine, à savoir réformer le programme scolaire. «Le problème du cartable lourd a fait son apparition dans nos écoles en 2003 suites aux changements opérés sur le programme scolaire ou des matières ont été ajoutées au cycle primaire et le volume des cours a été augmenté. Nous avons déjà dit par le passé et je continue à dire que ce programme a montré ses failles et il est plus que temps d’allers vers des réformes. Toutes les solutions proposées jusque-là sont des solutions de bricolage qui ne règle pas le problème», a-t-il déclaré.
W. S.