Analyse et constats de la période 2019 à 2022: Le satisfecit du FMI

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Le fonds entame une nouvelle mission de consultations en Algérie

Par R. Akli/ Abdeallah. B

L’économie algérienne retrouve ces deux dernières années une trajectoire de plus en plus positive, après les chocs sévères qui l’ont secouée en 2020, sous l’effet combiné de la crise pandémique mondiale, de la chute drastique des prix du pétrole qui s’en est suivie, mais aussi du contexte d’instabilité institutionnelle qu’a connu le pays en 2019.

De fait, selon les constats périodiques établis ces trois dernières années par le Fonds monétaire international (FMI) sur l’évolution de l’économie nationale, celle-ci continue à renouer progressivement avec la croissance, tout en enregistrant un net redressement de ces principaux fondamentaux, après plusieurs années de graves déséquilibres financiers externes.

En 2022, relève en ce sens le dernier rapport du FMI sur l’économie algérienne, rendu public mercredi dernier, le solde des transactions courantes de l’Algérie enregistre «son premier excédent depuis 2013» et les réserves officielles de change ont connu une augmentation, «interrompant ainsi leur baisse tendancielle au cours des dernières années».

D’un déficit global évalué à 9,9% en 2019, puis à 12,8% en 2020 et à 2,8% en 2021, le compte des transactions courantes de l’Algérie, qui représente pour ainsi dire la somme de ses échanges financiers avec le reste du monde, a enregistré un solde positif de 7,6% par rapport au produit intérieur brut (PIB) à la fin de l’exercice écoulé, selon les évaluations du FMI.

Corrélativement, l’encours des réserves officielles en devises, qui n’a cessé de se contracter depuis le contrechoc pétrolier de la mi-2014, retrouve également une courbe ascendante à la fin de l’exercice écoulé pour se situer à 62 milliards de dollars, contre des stocks évalués respectivement à 46,7 milliards et 48,2 milliards de dollars sur les deux exercices précédents.

Ainsi, avec une balance des transactions courantes qui renoue avec les excédents et des réserves officielles de change – gage de la solvabilité extérieure du pays et de son pouvoir d’achat à l’international – qui retrouve une tendance haussière, la position financière extérieure de l’Algérie est devenue plus solide en 2022, comme le mettent en évidence les rapports du Fonds monétaire international.

Un constat  qui vaut également pour l’économie réelle, dont l’institution financière internationale relève surtout une «reprise renforcée» et une croissance du PIB hors hydrocarbures estimée à 3,2% en 2022, contre 2,1% en 2021 et surtout une contraction drastique à -4,1% en 2020.

 «Des progrès accomplis en matière de réforme…»

Au-delà de ses évaluations et de ses données statistiques rendant compte de l’amélioration constante de la situation économique de l’Algérie, le FMI fait également état de progrès notables accomplis en termes de réformes structurelles, notamment celles visant à assainir le climat des affaires et à favoriser l’investissement.

«Les réformes législatives récemment adoptées ou en cours, notamment le nouveau code de l’investissement et les lois relatives à l’auto-entrepreneuriat et aux énergies renouvelables, pourraient contribuer à créer un environnement plus propice à l’activité du secteur privé», relève ainsi l’institution de Bretton Woods.

Cette dernière indique en outre que «les mesures en cours pour renforcer la gouvernance et réduire les risques de corruption sont les bienvenues et devraient être intensifiées».

De même, est-il noté dans le tout dernier rapport de cette institution sur l’Algérie, «les services du FMI saluent les progrès accomplis en matière de réforme de la gestion des finances publiques et appellent à des efforts supplémentaires pour renforcer le cadre budgétaire».

Le Fonds fait ainsi référence à la mise en œuvre à partir de l’exercice en cours de la nouvelle loi organique relative aux lois des finances qui pourrait constituer, estime-t-il, «une étape primordiale dans les efforts de modernisation».

Des réformes cruciales auxquels le FMI, faut-il le rappeler, n’a cessé d’appeler depuis plusieurs années à travers ces rapports annuels sur l’Algérie et qui commencent ainsi à connaître désormais un début de concrétisation.

Des perspectives favorables pour 2023

Avec la hausse des recettes de l’Etat et les efforts engagés dans l’amélioration du climat des affaires en Algérie, notamment en matière de cadre législatif, le Fonds monétaire international prévoit une amélioration des indicateurs macroéconomiques du pays durant l’année en cours, dans son dernier rapport publié début du mois courant.

En effet, selon les experts du FMI, «les perspectives pour 2023 sont favorables, mais la croissance devrait ralentir et l’inflation rester élevée à moyen terme.

La croissance du PIB hors hydrocarbures devrait se renforcer pour atteindre 3,4% en 2023 sous l’effet d’une forte augmentation des dépenses budgétaires».

Selon ces derniers, «les perspectives à court terme de l’économie algérienne se sont sensiblement améliorées, portées par le rebond des cours des hydrocarbures», lit-on dans le rapport en question.

En allant dans les détails, les experts du FMI ont mis en avant quelques prévisions en matière de l’amélioration des indicateurs macroéconomiques en relevant que «le compte des transactions courantes devrait rester excédentaire en 2023».

En effet, les rédacteurs du rapport en question s’attendent à une plus-value que vont «apporter les nouveaux projets d’investissement dans le secteur des mines pour l’économie nationale qui reste pour l’instant tributaire de la trajectoire du prix des hydrocarbures».

Par ailleurs, les meilleures performances sur le plan budgétaire réalisées dans l’année écoulée offrent à l’Algérie, selon la même source, une meilleure position sur le plan extérieur. «La position extérieure de l’Algérie en 2022 a été plus solide que le niveau correspondant aux fondamentaux et aux politiques souhaitables.»

Pour ce qui est de l’inflation, les experts du FMI indiquent que «le taux devrait s’atténuer légèrement à 8,1% en 2023, mais rester relativement élevé à moyen terme», affirment-ils tout en indiquant que «l’accélération généralisée de l’inflation est devenue un défi considérable pour les politiques publiques».