Aouchiche, un départ symbolique et de grandes ambitions

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Par M. Mansour

Depuis les ruelles étroites et chargées d’histoire de la Casbah d’Alger, Youcef Aouchiche, candidat du front des forces socialistes (FFS) pour la présidentielle du 7 septembre, a officiellement lancé sa campagne électorale. Ce choix hautement symbolique traduit une volonté de reconnecter son message politique aux racines profondes de la lutte pour l’indépendance algérienne. En rappelant aux Algériens les sacrifices consentis par leurs aînés, Aouchiche les invite à réfléchir aux choix cruciaux qui détermineront leur avenir, un avenir que son programme associe à l’élection d’un président résolu à relever les défis de demain.

La Casbah, véritable cœur battant de la capitale, a donc été le théâtre de cette première sortie de campagne. C’est là, au musée national Ali-Amar, ou l’illustre Ali la Pointe, de son nom d’emprunt, que le candidat a rendu hommage à Ali Amar, Hassiba Ben Bouali, Yacef Omar et Mahmoud Bouhamidi, tombés en martyrs en octobre 1957. En déposant une gerbe de fleurs sur ce lieu de mémoire, Aouchiche a voulu envoyer un message fort et symbolique en direction des Algériens, témoignant de son attachement profond aux «valeurs nationales» et à «l’héritage des luttes populaires».

Le choix de débuter sa campagne dans la Casbah et à Bab El-Oued, deux quartiers emblématiques d’Alger, relève d’une stratégie qui a toujours été celle du FFS. Pour Aouchiche, il s’agit de montrer que son engagement n’est pas abstrait, mais ancré dans la réalité sociale des Algériens. «Vision pour demain», son slogan de campagne, renvoie, comme il l’explique, à une volonté de bâtir une société sans laissés-pour-compte.

 

Les promesses du candidat

«Un État social, un État de droit et un État prospère bâti sur les principes démocratiques» : les quatre éléments qui reviennent constamment dans son programme électoral.

Ainsi, durant son périple dans ces deux quartiers phares de la capitale, au titre du premier jour de la campagne électorale, le jeune candidat a eu l’opportunité d’échanger avec les citoyens avec un certain sens de la complicité. Les cris de «Aouchiche président» résonnaient dans les ruelles à chaque fois qu’il faisait une halte.

Après son passage au musée Ali-Amar, Aouchiche a poursuivi son périple jusqu’à la place des Martyrs, autre lieu hautement symbolique de la capitale. Là encore, il a pris le temps de discuter avec les passants, d’écouter leurs préoccupations et d’y répondre en puisant dans son programme électoral. Ce contact direct avec la population est l’une des marques de fabrique de sa campagne, qu’il veut moderne et au diapason des nouvelles technologies de communication, mais également profondément humaine, comme il l’a si bien défini lors de son passage un peu plus tard dans la soirée de jeudi, sur le plateau d’une télévision privée.

La dernière étape de cette journée inaugurale l’a mené à Bab El-Oued, un quartier qui porte en lui l’histoire de multiples révoltes et résistances. Ici, Aouchiche a voulu marquer son attachement aux couches populaires et à la mémoire collective des Algériens. Il y a réaffirmé son engagement à bâtir un «État fort» et à «renforcer la confiance entre les Algériens et les institutions de l’État». Pour lui, l’élection du 7 septembre prochain est une opportunité historique de poser les bases d’un renouveau national.

Youcef Aouchiche dit ne pas se contenter de simples paroles. Il s’engage à œuvrer pour «la réhabilitation des classes moyennes», à «renforcer le pouvoir d’achat des citoyens» et à «réviser le salaire national minimum garanti (SNMG)». Parmi ses promesses phares, on trouve également la «remise en liberté des détenus d’opinion» et la «révision de textes de loi» jugés «répressifs», comme l’article 87 bis du code de procédures pénales.

 

«On pourra réaliser des miracles»

À chaque halte et à chaque fois qu’il a été sollicité par les citoyens durant son périple, Aouchiche s’est évertué à rappeler l’héritage des pères fondateurs de l’Algérie indépendante en se revendiquant de leur message. «En m’honorant de votre confiance, on pourra réaliser des miracles, comme l’ont fait les pères fondateurs de ce pays», a-t-il déclaré en s’adressant à une citoyenne. Le jeune candidat veut incarner un leader proche du peuple qui, selon lui, veut faire de l’Algérie une «puissance régionale et internationale».

Dans le cadre de son passage à l’émission télévisée «Expression directe», diffusée par la télévision nationale le même jour, le candidat a expliqué sa démarche. Pour lui, l’Algérie a besoin d’une «réforme politique et institutionnelle radicale, axée sur les principes de démocratie, d’État de droit, de développement et de prospérité sociale». Il prône également un système politique semi-présidentiel, qui offrirait des pouvoirs plus larges au parlement, consacrant ainsi une véritable séparation des pouvoirs. «Il est temps de mettre fin à la prédominance du pouvoir exécutif», martèle-t-il, insistant sur l’urgence de rééquilibrer les institutions pour une démocratie plus solide.

Enfin, sur la question identitaire, Aouchiche se montre ferme : l’arabe et tamazight, les deux langues nationales, doivent être protégées de toute manipulation politique. «Ces deux langues sont la synthèse de notre identité nationale», affirme-t-il. Pour le candidat du FFS, le passé militant de son parti et les luttes qu’il a menées font de lui une alternative crédible pour sortir l’Algérie de l’impasse actuelle.