Aoun-Iveco : 2e rencontre à Alger

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PAR NABIL M.

 

Une délégation du groupe italien de fabrication automobile Iveco, conduite par le Directeur régional du groupe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, M. Impelluso Carmelo, a été reçu hier par le ministre de l’Industrie, et de Production pharmaceutique, Ali Aoun.

Marquant une étape importante dans la coopération industrielle entre l’Algérie et l’Italie, cette rencontre qui s’est tenue au siège du ministère, en présence de l’ambassadeur d’Italie en Algérie, M. Alberto Cutillo, a fait l’objet d’une présentation par la délégation italienne d’un projet de fabrication de véhicules utilitaires moyens et lourds en Algérie, a indiqué un communiqué du ministère.

Lors de cette rencontre, le partenaire italien, qui «avait entamé les démarches d’implantation de l’usine avec son partenaire algérien», a présenté la politique du groupe de fabrication automobile Iveco, axée, d’une part, sur «la satisfaction des besoins du marché algérien et, d’autre part, sur l’exportation», ajoute le communiqué.

A l’issue de la présentation, M. Aoun s’est félicité des relations entre l’Algérie et l’Italie, soulignant «la nécessité de développer une véritable industrie automobile, basée sur l’intégration locale à travers la mobilisation des sous-traitants locaux». Il a en outre relevé «la nécessité du respect du cahier des charges pour obtenir l’agrément et lancer cette activité dans les meilleurs délais», note le communiqué.

Cette visite de la délégation du groupe Iveco intervient un mois après que le projet de réalisation d’une usine de fabrication de véhicules utilitaires de cette même marque, prévu à Bouira en partenariat avec le groupe algérien Ival-Industrie, a été confié à l’entreprise publique Ferrovial, dans le cadre de la mise en œuvre des décisions du Conseil des participations de l’Etat (CPE) et des décisions de la justice pour la récupération du patrimoine de l’Etat.

Si le communiqué du ministère de l’Industrie ne précise pas l’identité du partenaire algérien du constructeur italien, il est probable qu’il s’agisse de l’entreprise publique économique Ferrovial, spécialisée dans la construction de matériels et équipements ferroviaires.

Ce projet d’usine, dont les travaux ont été lancés en 2014 et se sont arrêtés en 2019 avec un taux de réalisation de 65%, revêt une importance «particulière», selon les responsables en charge de la réalisation, qui comptent le relancer et le mettre en exploitation prochainement avec le partenaire italien. Une fois opérationnelle, cette usine pourra générer jusqu’à 750 postes d’emploi directs et 1200 autres postes indirects.

L’usine implantée sur une assiette foncière de 100 000 m2, devrait produire 4000 véhicules, dont des bus urbains et suburbains dans une première étape, avec 8 chaînes de production équipées d’une technologie de pointe.

Lors de la cérémonie de la remise symbolique de ce projet, le PDG de Ferrovial a expliqué que son entreprise allait entamer dès septembre les travaux pour le parachèvement de cette usine.

«Nous n’avons que des procédures administratives à accomplir», a-t-il précisé, ajoutant que la relance du projet «s’inscrit dans le cadre des orientations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, visant à relancer tous ces projets à l’arrêt dans les plus brefs délais».

 

Un prolongement naturel d’une coopération de longue date

Il faut rappeler qu’en juin 2023, à l’occasion du Forum sur les perspectives de développement de l’industrie automobile en Algérie, tenues à Turin (Italie), le ministre de l’Industrie qui conduisait la délégation algérienne, s’est entretenu, lors des rencontres B2G (business to government), avec les responsables du groupe Iveco.

Les représentants de cette marque italienne avaient manifesté leur intention de s’implanter sur le marché algérien et de s’ouvrir vers le marché africain à travers la réalisation d’un projet d’usine de production de  véhicules utilitaires de type moyen et gros tonnage.

La marque italienne était alors à la recherche d’un partenaire algérien pour produire pas moins de 1000 unités par an. Le ministre de l’Industrie, Ali Aoun, avait souligné aux responsables d’Iveco la nécessité de s’inscrire dans la lignée du nouveau cahier des charges de la filière automobile et de respecter ses dispositions, notamment en ce qui concerne le respect du taux local d’insertion établi.

Il est à noter que cette marque de référence du poids lourd en Europe et qui compte 48 ans d’existence est présente en Algérie depuis 1999 à travers son ancien distributeur officiel Ival. Iveco est présent dans plus de 160 pays et possède 17 usines de fabrication, de production et de montage en Europe, en Chine, en Australie, au Brésil, en Afrique (Afrique du Sud et Ethiopie), ainsi que 16 centres de recherche et développement.

L’intérêt porté par le groupe italien pour l’investissement en Algérie date de plusieurs années. Le projet de l’implantation d’une usine de fabrication en Algérie avait été annoncé par l’ambassadrice d’Italie en Algérie en septembre 2015. Un séminaire avait même été organisé la même année à Alger, pour inviter une soixantaine d’opérateurs algériens à se lancer dans la production de pièces de rechange localement, en partenariat avec des équipementiers étrangers.

Le PDG d’Iveco s’était déplacé en personne à Alger à la tête d’une délégation de responsables de l’entreprise, pour marquer leur adhésion au projet et discuter avec les éventuels fournisseurs locaux.

Le constructeur italien avait l’intention d’assembler à l’époque, 1000 à 1500 camions et véhicules utilitaires par an en Algérie, avec un taux d’intégration qui devait se situer entre 17 et 20%, pour qu’à long terme, la capacité de l’usine atteigne les 13 000 unités par an, avec une partie qui devra être exportée vers certains pays d’Afrique.