PAR NABIL MANSOURI
La flambée des prix qu’a connue dernièrement la viande blanche a poussé les autorités à
prendre une série de mesures pour stabiliser le marché. Le ministère de l’agriculture et du développement rural a rappelé hier, dans un communiqué, à l’ensemble des coopératives avicoles la possibilité de s’approvisionner en aliments de bétail auprès de l’office national des aliments de bétail (Onab).
Selon le président du conseil national de la filière avicole, Moumen Kali, contacté par l’Algérie Aujourd’hui, « c’est une mesure qui va soulager l’éleveur et qui aura un impact sur les prix de la viande blanche ».
L’approvisionnement des éleveurs à travers l’Onab « est une décision louable », a-t-il affirmé, estimant qu’elle aidera à éviter la spéculation, en plus du fait que cet organisme public va mettre sur le marché un produit de qualité avec une traçabilité, ce qui va beaucoup aider les éleveurs qui vont avoir à leur disposition des produits conformes aux normes à des prix raisonnables.
Cette mesure doit aussi être accompagnée, selon lui, par un renforcement des barrières sanitaires à travers la vaccination du cheptel, de sorte que les maladies qui circulent à l’étranger ne touchent pas les élevages. Aussi, poursuit-il, on doit essayer de réguler la filière en amont, notamment en ce qui concerne le prix du poussin qui doit être stable, afin d’assurer une continuité dans l’élevage. « Il n’est pas normal qu’il y ait un surplus de production aujourd’hui et d’un coup une baisse de production soudaine, qui fait flamber les prix. Il faut passer à une régulation stricte », a-t-il insisté.
«Actuellement, tout se remet dans l’ordre»
Concernant la flambée des prix du poulet qu’a connue le marché de la viande blanche dernièrement, M. Kali explique que cela est dû à plusieurs facteurs. Entre autres, les maladies qui ont touché les cheptels ainsi que la cherté de l’aliment, mais également la période de forte chaleur qu’a connue le pays cet été.
Sur ce point, il explique que la majorité des éleveurs, notamment ceux qui activent dans le circuit informel et qui ne disposent pas de bâtiments d’élevage modernes et conformes, ont été obligés de stopper leur activité pour éviter les pertes. « Ce qui a conduit à une grande baisse de l’offre de ce produit sur le marché et une forte hausse des prix », a-t-il affirmé.
Mais c’est une période qui est déjà dépassée, selon notre interlocuteur, qui fait savoir que tout est en train de se remettre dans l’ordre, avec la remise en place de toutes les commodités d’élevage. « Maintenant, l’aliment est disponible et le poussin d’un jour aussi, et les investisseurs ont repris le travail. Tout se remet dans l’ordre », a-t-il souligné.
Concernant la décision d’importation de viande blanche, M. Kali estime qu’il ne faut pas se
précipiter dans l’urgence. « Il faut attendre deux mois au maximum pour que le marché se régularise », a-t-il indiqué, rappelant à ce sujet que les prix de la viande blanche à l’étranger sont déjà nettement plus hauts que dans notre pays. Il a aussi souligné le danger de la
propagation des maladies qui ravagent l’élevage des volailles à l’étranger et qui représente un danger pour le consommateur, appelant à une grande vigilance de la part des autorités sanitaires pour le contrôle de ces produits en cas d’importation.
Pour M. Kali, il est plus sage de soutenir les éleveurs locaux et les accompagner pour faire face aux difficultés qu’ils endurent et pouvoir, ainsi, stabiliser la filière et le marché de la viande blanche sans avoir recours à l’importation. « En plus, les orientations du président de la République vont dans le sens de l’encouragement de la production nationale », a-t-il souligné.
Nécessité de créer des coopératives agricoles
Aussi, la réhabilitation des bâtiments d’élevage fera améliorer la production, ce qui va permettre de mettre sur le marché et à disposition du consommateur algérien un produit de qualité du fait que la modernisation de ces bâtiments permettra une meilleure hygiène et un respect des normes sanitaires.
En ce qui concerne le circuit de distribution de la filière avicole, le président du conseil national de la filière avicole rappelle que la responsabilité du secteur agricole s’arrête une fois que le produit sort du circuit de l’élevage ou de la production. « Après, c’est de la responsabilité du secteur du commerce, car il s’agit de la vente et la distribution, et c’est là que commence la spéculation à mon avis », a-t-il indiqué.
Pour M. Kali, il faut créer des coopératives est, ouest et centre, qui prendront en charge la distribution du produit fini, acheté auprès de l’éleveur avec le prix réel et facturé, pour le vendre avec une marge bien définie, ce qui va éviter toute spéculation.
« Cela fait cinq ans que nous réclamons la création de coopératives pour éviter la spéculation et installer une traçabilité du produit », a-t-il martelé, avant d’ajouter : « On aimerait bien que cette mesure soit prise en considération par le ministre de l’agriculture en parallèle aux dernières décisions au profit de cette filière. »
N. M.