La réduction du volume du gaz exporté de l’Algérie vers l’Espagne a chamboulé les cartes du gouvernement espagnol qui s’est retrouvé dans l’obligation d’augmenter ses achats de gaz liquéfié dans un contexte international marqué à la fois par la flambée du prix du gaz et du fret maritime, pour garantir l’approvisionnement régulier du marché français et portugais.
D’après les dernières données dévoilées par la compagnie espagnole de l’énergie, les importations de Madrid en gaz via le gazoduc Medgaz ont chuté de «14,3% en avril par rapport à mars dernier, s’établissant à 9.545 gigawattheures (GWh), tandis que les États-Unis se consolident pour le quatrième mois consécutif comme principal fournisseur», indiquent les derniers chiffres du gouvernement espagnol. Pour sa part, la société espagnole de l’énergie, Enagas, affirme dans son dernier bulletin mensuel que «l’approvisionnement du marché espagnol par le gaz algérien est en baisse de 35% par rapport au même mois de l’année dernière». Cette baisse des importations de gaz en provenance d’Algérie survient au milieu des tensions dans les relations entre les deux pays, après le changement de position du gouvernement espagnol concernant le dossier du Sahara occidental. Pour l’instant, l’Algérie ne s’est pas prononcée sur la réduction de ses exportations vers l’Espagne, le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, s’est juste contenté de rappeler à Madrid fin avril dernier, que «l’Algérie romprait le contrat d’approvisionnement en gaz naturel avec l’Espagne si une partie de ce qu’elle envoie vers le pays était détournée vers une autre destination».
Madrid épuise ses stocks
En fait pour continuer à honorer ses contrats qui la lient à la France et le Portugal, l’Espagne s’est retrouvée face à une situation très difficile. Car elle est dans l’obligation à la fois d’épuiser ses stocks en gaz et d’augmenter ses achats de gaz naturel liquéfié par voie maritime depuis les Etats-Unis. Une démarche entreprise par le gouvernement espagnol, très coûteuse, qui remet en question son projet de devenir une plaque tournante du gaz pour l’Europe, et d’augmenter ses exportations vers la France. «Par les gazoducs des Pyrénées reliant l’Espagne à la France, une quantité régulière d’environ 200 GWh/jour a été expédiée depuis avril», d’après la presse espagnole, mais pour garantir la continuité de son approvisionnement, il est question à la fois pour l’Espagne de puiser dans ses réserves de stocks et d’importer d’importantes quantités de gaz liquéfié. Dans ce sens, la compagnie espagnole de l’énergie s’est tournée vers les USA qui ont consolidé leur position de premier fournisseur de l’Espagne en gaz naturel avec un taux «30,7% du total de gaz naturel arrivant dans le pays au cours du mois d’avril dernier». Enfin, même si le marché américain offre un important volume en matière de gaz liquéfié avoisinant les 80 milliards de tonnes par an, le coût de cette énergie, le prix du transport et enfin le coût de la regazéification joueront un rôle important dans la détermination du prix à la vente. Cela pour dire que le gaz exporté par l’Espagne est de plus en plus cher que celui exporté par l’Algérie vers l’Italie et l’Espagne.
A. B.