Par S. Ould Ali
Un arrêté signé par Houria Meddahi, ministre du Tourisme et des métiers de l’artisanat le 26 novembre 2024, et récemment publié au «Journal officiel», marque une étape importante pour le secteur de l’artisanat en Algérie. Ce texte établit les modalités de délivrance de deux labels de qualité et d’authenticité : «Artisanat d’Algérie» et «Artisanat d’Algérie produit région». Le premier, déjà doté d’un logo, garantit l’origine et les caractéristiques communes à tous les produits artisanaux du pays. Quant au second, il est destiné à mettre en valeur les spécificités des créations issues des différentes régions du pays. A charge pour la Chambre de l’artisanat et des métiers territorialement compétente de chaque région de concevoir un logo spécifique pour ses produits artisanaux.
Ces labels, propriété de l’Etat algérien, ne peuvent être transférés, cédés ou hypothéqués. L’Agence nationale de l’artisanat traditionnel (Anart) sera chargée d’examiner les demandes et de délivrer les labels après un processus impliquant le dépôt des dossiers auprès des Chambres compétentes, leur examen par la Direction de wilaya chargée de l’artisanat, et la validation finale par un comité technique au sein de l’Anart. Un système de recours est prévu en cas de rejet des demandes.
L’impact attendu de cette loi est double. D’une part, mieux protéger les produits artisanaux algériens contre la contrefaçon, en garantissant leur authenticité et leur qualité. D’autre part, promouvoir le tourisme en Algérie, en offrant aux visiteurs une garantie sur l’origine et la qualité des produits qu’ils achètent. Ces labels devraient également encourager les artisans locaux à préserver et à valoriser leurs savoir-faire traditionnels.
Lors de son passage à Oran en décembre 2024 à l’occasion de la 10e édition du Salon national de soutien aux produits de l’artisanat, le DG de l’artisanat et des métiers au ministère du Tourisme, Bouam Kamel Eddine, avait livré quelques données sur l’évolution de l’artisanat, en indiquant que le secteur compte plus de 460 000 artisans actifs, ce qui a permis la création de plus de 1,2 million de postes d’emploi. Il a également réitéré l’engagement des pouvoirs publics à promouvoir l’artisanat, notamment en évoquant avec l’organisation en 2024 de «plus de 1000 événements nationaux et locaux dans 58 wilayas, auxquels ont participé plus de 21 000 artisans. Ce qui a permis d’ouvrir de nouveaux espaces de commercialisation pour les produits artisanaux des artisans. Il y a également eu plus de 13 participations à des événements internationaux».
En garantissant l’origine et la qualité des produits artisanaux, ces labels devraient renforcer la confiance des consommateurs, et contribuer à valoriser le patrimoine culturel algérien. Avec plus de 460 000 artisans actifs, cela devrait également booster le tourisme et préserver les savoir-faire traditionnels dont beaucoup ont disparu ces dernières années, ou sont en voie de l’être en raison du manque de soutien et de l’impact de l’industrie. De la tannerie et la transformation du cuir, à la dinanderie en passant par la tapisserie, la joaillerie, la pâtisserie… de nombreux métiers peinent à exister et à se perpétuer.