Par M. Mansour
En l’espace d’un mois, le dossier de la relance de l’industrie des smartphones en Algérie a fait l’objet d’une progression significative, illustrant l’engagement des autorités à ranimer une activité en sommeil depuis plusieurs années. Des étapes décisives ont été franchies, de la présentation des motifs lors de la réunion du gouvernement, début mars, à la rencontre entre des ministres et les acteurs du secteur la semaine dernière, culminant lors de la dernière réunion du conseil des ministres hier, débouchant sur des décisions importantes jetant les bases de cette industrie stratégique aux retombées positives.
Pourquoi opter pour l’assemblage ?
Les décisions prises lors de cette réunion, sous la houlette du président de la République, s’inscrivent dans la continuité d’une démarche menant inexorablement vers le développement d’une industrie nationale de la téléphonie mobile, avec un accent particulier sur la production locale de smartphones. Après que les pouvoirs publics eurent exploré divers moyens de développer cette industrie, en collaboration avec les opérateurs de téléphonie mobile déjà présents sur le marché, le chef de l’Etat a fini par trancher en faveur d’une relance de cette activité par le biais de l’assemblage des smartphones.
Cette orientation, somme toute logique, découle des échanges entre les acteurs du domaine et les autorités publiques compétentes. En effet, les opérateurs de la téléphonie mobile avaient eu l’occasion, début avril, de mettre en avant l’expérience accumulée dans le domaine de l’assemblage des kits CKD-SKD, soulignant, par-là même, l’existence d’une infrastructure prête à être relancée sans nécessiter d’investissements massifs. Ainsi, il apparaît que les autorités publiques ont décidé de relancer cette activité en se concentrant initialement sur les capacités existantes, avant de s’engager dans une phase plus ambitieuse.
Pour ce faire, le futur cahier des charges, qui sera probablement élaboré dans des délais raisonnables, compte tenu de l’intérêt porté par l’Etat à ce secteur, devra éviter de retomber dans les travers passés. Des mesures strictes de contrôle du commerce extérieur, une évaluation globale concernant les transactions dans le domaine de la téléphonie mobile et un renforcement des normes de qualité et de traçabilité des produits seront probablement au cœur de ce cahier des charges.
Encourager l’investissement et intégrer les jeunes compétences
Il est utile de rappeler sur ce point que la mise en place d’un écosystème a été au cœur de cette entreprise de relancer une industrie efficace des smartphones en Algérie. C’est d’ailleurs dans ce contexte que le président de la République a donné des instructions lors du conseil des ministres pour encourager l’investissement dans ce secteur, tout en intégrant les compétences spécialisées jeunes. La démarche vise à revigorer le paysage technologique en favorisant l’émergence de projets novateurs et compétitifs, tout en capitalisant sur le potentiel créatif de la jeunesse algérienne.
En embrassant cette vision, l’Algérie ambitionne de jouer un rôle dans la conception et le développement de smartphones, tant sur le marché national que régional. Cette orientation souligne l’importance de la collaboration entre le gouvernement, le secteur privé et les institutions académiques pour nourrir l’innovation et assurer la pérennité de l’industrie des smartphones en Algérie. C’est dans cette logique que le chef de l’Etat a insisté sur la nécessité d’établir des partenariats entre opérateurs locaux et étrangers, visant à combler les lacunes en matière de savoir-faire et à accélérer le transfert de connaissances dans le secteur.
Une activité aux multiples retombées positives
Ainsi, en plus d’être lucrative, cette industrie est également génératrice d’opportunités d’emploi. Actuellement, entre six et dix marques présentes en Algérie disposent de lignes de production de smartphones, alimentant ainsi plusieurs dizaines de chaînes d’assemblage, chacune capable de créer environ 250 postes de travail qualifiés dans le secteur productif.
Du point de vue commercial, chaque marque dispose également d’un réseau de distribution dédié, avec entre 100 et 150 points à travers le pays, potentiellement employant jusqu’à dix personnes chacun. Ces chiffres s’ajoutent aux 35.000 boutiques réparties à travers le territoire national susceptibles également de générer des emplois.
En adoptant une perspective écosystémique, les autorités publiques ainsi que les acteurs industriels envisagent d’intégrer, à travers des contrats de prestations, divers intervenants dans le processus de fabrication, y compris des startups qui pourraient jouer un rôle clé dans la conception d’applications préinstallées sur les appareils à produire dans le futur.
Cette activité promet également des retombées financières substantielles, grâce aux redevances et taxes, en plus des droits de licence à l’office national des droits d’auteur et des droits voisins (Onda). Ces revenus contribueront à renflouer les caisses du trésor public, mettant, par-là même, fin à la fuite de capitaux vers le marché parallèle, comme ce fut le cas ces six dernières années.
En outre, les produits « Made in Bladi » représenteront un gage de sécurité pour les consommateurs algériens, leur offrant une alternative fiable aux dispositifs malveillants potentiellement présents dans certaines marques de smartphones haut de gamme. C’est également un gage de qualité offert à des consommateurs qui ne se retrouvent plus entre appareils contrefaits et reconditionnés.
M.M.