PAR LATIFA ABADA
LA SECONDE ÉDITION des Assises nationales du cinéma s’ouvre aujourd’hui au Centre international des conférences (CIC) Abdellatif Rahal. A l’initiative du ministère de la Culture, ces rencontres ont pour objectif d’impulser une réflexion nationale participative autour de la profession. Parmi les grands axes qui vont structurer le débat, il y a le financement de la production cinématographique, la réhabilitation des salles de cinéma, la technologie et la préservation du patrimoine cinématographique. Plus de 800 personnes prendront part à ces deux jours consacrés à l’industrie cinématographique en Algérie. Parmi les participants, on notera la présence des cinéastes algériens et étrangers, les producteurs, réalisateurs, scénaristes et associations des clubs de cinéma résidant en Algérie. Les opérateurs économiques sont également conviés. « Le cinéma algérien va au-delà de sa fonction artistique et culturelle pour se positionner comme un levier stratégique de promotion de l’identité nationale. Il constitue également un puissant vecteur d’ouverture sur le monde, offrant de grandes opportunités pour valoriser le patrimoine culturel algérien et contribuer activement au développement économique et social du pays », indique le ministère de la Culture.
La problématique du financement
Le premier atelier des assises du cinéma abordera la problématique du financement. Le secteur du cinéma en Algérie continue de faire face à des difficultés pour attirer des investissements durables et diversifiés. La forte dépendance au financement public, combinée à une faible collaboration avec le secteur privé, constitue un frein au développement d’une industrie cinématographique nationale compétitive, estime le ministère. Les participants à cet atelier tenteront de définir les mécanismes qui participent à renforcer l’attractivité du secteur cinématographique pour les investissements nationaux et étrangers. Les résultats attendus de cet atelier constitueront une feuille de route pour
créer un environnement favorable à l’investissement national. L’atelier devra se clôturer par une proposition juridique qui oblige les télévisions à participer au financement de la production cinématographique. Le ministère de la Culture a par ailleurs souligné les difficultés auxquelles fait face le cinéma algérien. Parmi embûches auxquelles se heurte le 7e art en Algérie, on peut mentionner la rareté des fonds spécialisés dans le soutien à la production cinématographique, le manque de partenariats entre le secteur public et privé et une faible exploitation des avantages existants. Pour rappel, la loi de finances 2025 introduit des mesures fiscales destinées à soutenir l’industrie cinématographique en Algérie, notamment par la mise en place de diverses taxes et redevances. Ces fonds alimenteront le Fonds national pour le développement de la technique et de l’industrie cinématographiques, un fonds public dédié à l’aide à la production cinématographique en Algérie.
Cinéma cherche public
Repenser la relation du public avec le cinéma est un autre axe important qui sera abordé lors de ces assises. Le challenge sera de trouver des moyens pour moderniser les infrastructures et diversifier le contenu cinématographique. Pour bien structurer le débat, le ministère de la Culture a d’abord établi un état des lieux. La tutelle estime que de nombreuses salles de cinéma sont en mauvais état et nécessitent une réhabilitation. Le ministère pointe du doigt l’inégalité d’accès aux salles de projection : « La plupart des salles de cinéma sont concentrées dans les grandes villes, avec une absence presque totale dans les zones rurales et l’intérieur du pays ». Par ailleurs, il relève le manque de soutien suffisant pour les clubs cinématographiques et les festivals locaux pour garantir leur pérennité. Comment y remédier ? Le ministère propose de définir des mécanismes efficaces pour la réhabilitation et la modernisation des salles de cinéma existantes, élaborer des stratégies pour garantir une distribution équitable des œuvres cinématographiques à travers les différentes régions, mettre en place des stratégies pour le développement des films locaux et internationaux avec une programmation équilibrée.
La technologie, un levier de développement
Les transformations numériques sont au cœur des enjeux de développement de la création cinématographique, notamment la mise à jour des outils de production et de post-production, ainsi que la création d’un système numérique intégré et puissant pour la numérisation des archives cinématographiques. En outre, plusieurs objectifs sont attendus de l’atelier. D’abord, l’impératif d’assurer la numérisation des archives cinématographiques algériennes pour garantir leur conservation et leur accessibilité, actualiser les équipements utilisés pour la production, la post-production et la conservation numérique, mettre en place des plateformes solides pour la diffusion du contenu cinématographique, facilitant l’accès pour le public et les chercheurs. Enfin, élaborer des programmes de formation adaptés aux exigences des métiers techniques et numériques du secteur cinématographique. A la suite d’une première expérience similaire ayant eu lieu le 29 avril 2023, les assises nationales du cinéma sont un espace stratégique pour évaluer les réalisations concrètes, analyser les défis et proposer des solutions pratiques et efficaces.