PAR DJILALI B.
L’UNION du Maghreb arabe, UMA en abrégé, est dans le coma, a décrété avant-hier le ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, lors de la conférence de presse qu’il a animée. Cependant, loin d’être un médecin, le chef de la
diplomatie algérienne s’est contenté du constat clinique. Il n’annonce surtout pas de perspective de sa réanimation. Ahmed Attaf a affirmé que l’UMA est dans le coma, qu’elle n’a aucune activité et sans secrétaire général avec des prérogatives. Une organisation qui a fonctionné au ralenti avant de succomber. Les autorités marocaines n’ont pas manifesté d’intention de redynamiser l’UMA. Sans véritablement répondre à la question de savoir si le Maroc est disposé à remettre sur les rails la machine maghrébine, se contorsionnant dans une réponse à la « oui, mais », son chef de la diplomatie a pointé du doigt l’Algérie qui est, selon lui, à l’origine du blocage de l’union. Il a omis l’invitation lancée par Abdelmadjid Tebboune lors d’une émission face à la presse au Maroc notamment pour redonner vie à l’UMA et ses instances.
En raison de ces tergiversations et de la mauvaise volonté du Maroc qui a ferraillé à enterrer ce bloc politico-économique, l’Algérie a fini par perdre patience et à se rendre à l’évidence qu’il serait peut-être inutile de travailler à remettre sur pied l’organisation, alors que l’un de ses membres s’acharne par des manœuvres hostiles et des actes de provocation qui ont conduit d’ailleurs à la rupture de ses relations avec l’Algérie. Et Alger de se pencher sur une alternative. Bien entendu, l’Algérie n’a pas l’intention d’abandonner l’UMA ni de la copier dans un format réduit. Ahmed Attaf a précisé que les deux entités ne sont pas semblables et que l’initiative algérienne n’est pas faite pour remplacer l’UMA et qu’elle est une formule différente. Autre argument avancé par le ministre, la région du Maghreb demeure la seule qui n’est pas unie dans un cadre.
« L’Afrique du Nord est la seule région en Afrique, peut-être la seule au monde, qui n’a pas de cadre de discussion et n’a pas de position commune vis-à-vis des questions internationales », a indiqué M. Attaf. Ahmed Attaf évoquera donc cette nouvelle formule mais sans donner plus de détails. Il a ainsi précisé que le président de la République a évoqué le dossier de l’UMA avec les responsables de la région qui ont visité l’Algérie. « Le président a proposé une formule, et moi quand je suis parti comme envoyé spécial du président dans les pays du Maghreb, ma mission était de leur expliquer ce dossier. J’ai été en Mauritanie, en Libye et en Tunisie », a-t-il révélé.
Une rencontre dans un proche avenir
Les dirigeants de 3 pays du Maghreb, à savoir l’Algérie, la Tunisie et la Libye, se sont rencontrés une première fois en marge du forum sur le gaz qui s’est déroulé à Alger. Une autre réunion entre les dirigeants de quatre pays de la région (les trois précités et la Mauritanie) est déjà programmée. Elle aura lieu dans un proche avenir, a précisé Attaf. Les questions économiques pourraient devancer les aspects politiques dans cette nouvelle organisation maghrébine. Et pour cause, les dossiers économiques ont été déjà abordés au niveau bilatéral et ont enregistré des avancées. L’intensification des échanges commerciaux intermaghrébins, création de zones franches au niveau des frontières entre l’Algérie et les trois pays.
Celle avec la Mauritanie a été inaugurée par les deux présidents. Il sera question après de l’intégration économique entre les quatre pays. Les dossiers politiques ne devraient pas non plus rencontrer d’obstacle : les quatre pays partagent des visions très rapprochées sur les grands dossiers internationaux, notamment dans la région Afrique du Nord et la région du Moyen-Orient dont la question palestinienne. L’initiative algérienne va ouvrir de nouvelles perspectives pour la région Afrique du Nord qui pourra se constituer en bloc politique et économique pour pouvoir résister aux autres blocs, notamment l’union européenne, qui opèrent avec aisance et imposent leurs « lois ». C’est à tout le moins réussir là où a échoué l’UMA.
D. B.