Attar : «Il est temps de revoir les mécanismes du Gecf»

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PAR ABDELLAH B.

De la géopolitique de l’énergie à l’évolution du marché en passant par les perspectives du gaz, Abdelmadjid Attar, exministre de l’énergie et expert du marché, pointe les défis des pays exportateurs de gaz qui se réuniront du 29 février au 2 mars prochain à Alger. Intervenant hier au forum d’El Moudjahid, Abdelmadjid Attar estime que les pays exportateurs sont dans l’obligation d’accorder leurs violons pour arriver à un accord préservant l’intérêt commun des pays membres, et sur ce point l’Algérie, qui a déjà joué un rôle pivot dans la stabilisation du marché pétrolier en 2016, à l’occasion de la réunion de l’Opep, occupe une position « propre » au sein du Gecf, même si sa production n’est pas si importante.

« La situation géographique du pays est extraordinaire, l’Algérie est proche d’un marché en
crise et domine le bassin méditerranéen, et se présente également comme une grande porte pour l’Afrique dans la région. L’Algérie n’a pas de concurrent, ce qui lui donne une place propre au sein du Gecf. Même si elle n’est pas un grand producteur, sa démarche est d’être d’accord avec tous les membres pour se concerter sur une position commune », explique-t-il. Pour ce qui est du marché, l’expert en énergie estime que l’évolution des prix du gaz devrait fléchir à partir de 2026, ce qui représente une préoccupation pour les pays exportateurs, dans un contexte marqué par une course effrénée menée par les pays consommateurs pour jouer sur le prix de ce combustible. Selon ce dernier, le problème aujourd’hui est dans les échanges, au-delà du problème du réchauffement climatique. C’est la sécurité et l’indépendance énergétique des pays consommateurs qui sont devenues une préoccupation et qui auront un impact sur les stratégies de développement et les alliances pour la transition énergétique.

« Une troisième guerre énergétique mondiale se profile. Celui qui contrôle les échanges, les ressources et les prix, en plus de garantir des approvisionnements, sortira vainqueur. Sur ce point, les expériences récentes nous ont montré comment les Etats-Unis et l’Europe tentent de contrôler le marché gazier, et le rôle du Gecf est désormais de s’imposer comme étant un acteur clé », affirme-t-il. Il s’agit de permettre aux pays du cartel de jouer un rôle clé dans l’échiquier énergétique mondial, marqué par un déséquilibre de répartition des réserves mondiales de ce combustible, qui pose un sérieux problème. Pour ce qui est de la stabilité du marché, l’expert en énergie estime que les prix demeurent volatils, et c’est cela qui inquiète le plus les pays exportateurs.

De ce fait, l’expert évoque la nécessité d' »une cohésion et la formulation des propositions concrètes, notamment en matière de contrôle des échanges, les routes d’approvisionnement, la coopération dans la valorisation de la production des pays membres. Pour cela, il est question donc d’aller vers des mécanismes de fonctionnement du Gecf. C’est un peu complexe d’aller vers la création d’une organisation plus forte que l’Opep+, mais il est nécessaire d’aller pour un rapprochement des intérêts et vers le contrôle des échanges, une manière de garantir la souveraineté des pays sur les richesses dont ils disposent », indique-t-il.

A. B.