Par Zine Haddadi
Depuis le 1er janvier, le paiement en espèces est interdit dans les transactions immobilières en Algérie. Dans la loi de finances 2025 entrée en vigueur il y a deux semaines, il est stipulé que ces transactions devront être effectuées par des moyens autres que l’espèce à travers les circuits bancaires et financiers.
Une telle mesure est susceptible de bousculer les mœurs du marché immobilier en Algérie, où le paiement en espèces était le principal mode de transaction dans ce domaine.
Habituellement, les acheteurs paient en espèces pour l’acquisition d’appartements dont le prix s’élève à des milliards de centimes. Dans la plupart des cas, le montant réel des appartements objets d’une transaction n’est pas celui enregistré dans le contrat notarié entre les deux parties. Pour réduire les impôts, acheteurs et vendeurs s’accordent sur un montant à mentionner qui est souvent loin du véritable prix du bien immobilier vendu.
Avec l’introduction de l’interdiction de l’espèce dans les transactions immobilières, il ne sera plus possible de recourir à ce genre de pratiques.
La mesure est accueillie différemment par les acteurs du secteur immobilier en Algérie. Interrogé sur l’impact qu’elle pourrait avoir sur le marché, un notaire, basé à Alger, est revenu dans une déclaration accordée à «L’Algérie Aujourd’hui» sur cette nouvelle donne.
«On peut s’attendre à des réticences de la part des agences immobilières peu habituées au circuit officiel. Chez les particuliers aussi, l’interdiction du cash va bouleverser les habitudes. Il m’est difficile de prédire une évolution des prix par rapport à cette nouvelle mesure vu que son entrée en application est assez récente», a-t-il indiqué.
Le notaire explique que désormais, «les deux parties d’une transaction immobilière sont contraintes de déclarer les montants réels».
«D’un point de vue fiscal, ce n’est pas possible d’échapper aux impôts, du moins en principe. A moins de continuer à faire de fausses déclarations, mais les montants mentionnés doivent être proches de la réalité car les autorités n’ignorent pas les prix pratiqués sur le marché non plus», a-t-il ajouté.
Ce qui pourrait changer
Du côté des agences immobilières, c’est un grand changement. «Il est trop tôt pour parler d’impact. La mesure n’est en vigueur que depuis deux semaines. Le marché est peu actif depuis au moins deux ans», réagit le gérant d’une agence immobilière sise à Alger.
Avec les limitations que suppose l’interdiction de l’espèce dans les transactions immobilières et l’obligation de passer par le circuit officiel, le recours au crédit bancaire pourrait connaître une progression dans les mois à venir.
De plus en plus de promotions immobilières qui, auparavant, refusaient de marchander via les crédits bancaires pourraient se montrer plus souples avec les clients préférant ce mode de paiement puisque désormais le passage par le circuit bancaire est inévitable de toute façon.
«Nous concernant, nous avons de tout temps offert à nos clients de passer par les crédits bancaires. Ceci dit, beaucoup de promotions immobilières travaillent sans agrément, c’est pourquoi elles refusaient les crédits bancaires aux clients», confie le responsable commercial d’une promotion immobilière située dans la wilaya de Blida.
Si les intervenants s’accordent à dire qu’il est trop tôt pour juger de l’impact de l’interdiction de l’espèce dans les transactions immobilières, ils sont unanimes à prédire un changement dans les habitudes du marché dans ce domaine.
Dans la loi de finances 2025, il n’y a pas de détails sur les modalités de mise en application de cette mesure. Il faut donc attendre les textes d’application.
«Les modalités d’application du présent article sont fixées par voie réglementaire», est-il précisé dans la loi de finances 2025.