Zine Haddadi
Dans la foulée de l’échange téléphonique entre le président Tebboune et son homologue français Emmanuel Macron qui a scellé la fin de la brouille diplomatique entre Alger et Paris, les choses s’accélèrent pour acter le retour de la coopération dans plusieurs domaines.
Le point de départ sera la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean Noël Barrot, attendu dimanche prochain à Alger sur invitation du chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, comme cela avait été annoncé par les deux chefs de l’Etat lors de leur dernier échange de lundi dernier.
Jean Noël Barrot a, à maintes occasions, exprimé sa disposition à visiter l’Algérie pour discuter avec les autorités algériennes. Il le fera le dimanche 6 avril dans le cadre de sa première visite en Algérie et la première d’un membre du gouvernement français depuis l’éclatement de la crise en juillet 2024.
A l’Assemblée nationale française, Jean Noël Barrot a évoqué mardi soir sa prochaine visite en Algérie. Le chef de la diplomatie française a déclaré qu’il espérait, à travers sa visite à Alger, «résoudre toutes les tensions» entre les deux pays suite à l’échange entre les deux présidents de lundi dernier.
«Les tensions entre la France et l’Algérie ne sont dans l’intérêt de personne», a tenu à rappeler le locataire du Quai d’Orsay.
Durant les huit mois de tensions entre Alger et Paris, Jean Noël Barrot s’est distingué par un discours relativement mesuré sur l’Algérie. Ce dernier a clairement pris ses distances avec la logique de bras de fer menée par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Tout en avançant les arguments de fermeté, le chef de la diplomatie française a toujours prôné une approche basée sur le dialogue évitant la surenchère dans laquelle sont tombés plusieurs de ses collègues au gouvernement Bayrou.
Le président Tebboune avait déclaré lors de sa dernière rencontre avec la presse nationale que le président français Macron restait son unique «point de repère» en France, précisant que «tous les problèmes doivent se régler avec lui ou avec la personne qu’il délègue à juste titre dans ses prérogatives, à savoir le ministre des Affaires étrangères».
Côté algérien, le président Tebboune a estimé que «le dossier est entre de bonnes mains, il est entre les mains de quelqu’un de très compétent, qui a toute ma confiance, c’est le ministre des Affaires étrangères», parlant d’Ahmed Attaf.
Ainsi, c’est avec Ahmed Attaf, homme en qui le président Tebboune place toute sa confiance, que Jean Noël Barrot aura à mettre en exécution ce qui a été convenu entre les deux chefs d’Etat.
OQTF : réunion entre préfets français et consuls algériens la semaine prochaine
Dans le même sillage, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron ont convenu lundi dernier de relancer la coopération dans plusieurs domaines, notamment celui de la migration souvent utilisé par l’extrême droite pour attiser les tensions entre les deux pays.
Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron ont souligné, lors de leur échange téléphonique, «la nécessité de reprendre immédiatement une coopération fiable, fluide et efficace en matière de migration».
La question des OQTF qui a cristallisé les divisions entre Paris et Alger est concernée par la relance de la coopération. D’ailleurs, dans ce sens, «une réunion inédite entre les préfets et les consuls algériens pour régler ces questions-là» est prévue la semaine prochaine, ont annoncé les autorités françaises suite à une réunion tenue par le président français avec plusieurs membres du gouvernement Bayrou, mardi.
Les préfets français, signataires des OQTF, discuteront avec les consuls algériens des modalités d’application de ces procédures administratives pour éviter à l’avenir les querelles sur les mesures d’obligation de quitter le territoire français dont font l’objet des ressortissants algériens établis en France.
Retailleau mis sur la touche
Depuis l’appel téléphonique de lundi entre MM. Tebboune et Macron, il ressort clairement qu’il y a un perdant politique en la personne du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Le locataire de la Place Beauvau, qui a mené une croisade politique contre l’Algérie instrumentalisant tous les dossiers pouvant attiser les tensions entre les deux pays via un discours très agressif envers tout ce qui est algérien apparaît comme mis sur la touche depuis la discussion entre les deux chefs d’Etat.
Une situation qui n’étonne pas outre mesure, puisque les deux présidents avaient indiqué dans des précédentes déclarations que c’était à eux de régler les différends. Macron avait recadré Retailleau sur la question de l’abrogation des accords de 1968, précisant que ce dossier relevait de son seul ressort. De son côté, le président Tebboune avait déclaré la semaine dernière que le président français Emmanuel Macron était son seul repère en France.
Quelques jours après cette déclaration, le président Tebboune a tracé avec son «alter ego» le chemin du retour à la normale des relations entre l’Algérie et la France.