Par Zine Haddadi
Alors qu’en France l’extrême droite et une partie de la droite ne ratent pas une occasion de s’attaquer à tout ce qui est algérien, le ministre des Affaires étrangères Jean Noël Barrot a appelé, hier, à ne pas faire de l’Algérie un sujet de politique interne.
De passage sur la radio RTL, le ministre français des Affaires étrangères a implicitement appelé la scène politique française à éviter d’instrumentaliser les tensions entre la France et l’Algérie.
«Nous avons intérêt (…) à ne pas faire de l’Algérie un sujet de politique intérieure. Lorsque nous le faisons, nous prenons le risque de causer du tort à nos compatriotes franco-algériens, et c’est lorsque la relation est à peu près équilibrée que l’on obtient des résultats», a prévenu Jean-Noël Barrot. Le message est clair et le destinataire est connu.
Cette déclaration intervient dans un contexte marqué par l’approche des élections du parti les Républicains dans lesquelles est engagé le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Il s’agit d’une mise en garde à peine voilée du chef de la diplomatie française à l’adresse de son collègue de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Le locataire de Place Beauvau a depuis son entrée en gouvernement fait de l’Algérie un sujet central de sa politique notamment en matière d’immigration prônant une logique de bras de fer qui a sérieusement envenimé les relations entre Paris et Alger qui se trouvent actuellement au point mort.
La déclaration de Jean Noël Barrot anticipe une offensive anti-Algérie de la part de Bruno Retailleau en course pour prendre la tête du parti Les Républicains.
Bruno Retailleau est ainsi appelé à ne pas instrumentaliser les tensions avec l’Algérie à des fins électorales et partisanes comme il l’a fait depuis son entrée au gouvernement.
La sortie médiatique de Barrot coïncide également avec l’agitation de l’extrême droite au sujet de l’écrivain Boualem Sansal. Le Rassemblement national, parti de Marine Le Pen, pousse pour faire adopter une résolution pour la libération de l’écrivain franco-algérien à l’Assemblée nationale française.
Une initiative qui cache mal les intentions d’instrumentalisation et qui rend donc l’extrême droite destinataire de l’appel de Barrot à ne pas faire de l’Algérie une affaire interne. L’instrumentalisation du cas de Sansal par l’extrême droite ne trompe personne. Eric Coquerel, député de la France Insoumise a accusé l’extrême droite de vouloir «régler des comptes avec l’Algérie» derrière la demande de libération de l’écrivain.
« Situation bloquée»
Pour sa part, le député de LFI David Guiraud a abordé pratiquement dans le même sens que Jean Noël Barrot sur l’obsession d’une partie de la classe politique française de vouloir faire de l’Algérie une affaire interne en France.
«Le Rassemblement National confond la diplomatie avec l’Algérie et les affaires intérieures. Nous ne faisons que dire ici que le temps où l’Algérie était colonisée, cadenassée par le ministère de l’Intérieur est terminé. Que la colonisation est terminée», a déclaré le parlementaire français.
Depuis le gouvernement Bayrou, c’est Jean Noël Barrot qui de par sa qualité de chef de la diplomatie française, à qui revient la charge de régler le différend avec Alger, ne veut pas voir Retailleau utiliser l’Algérie comme tremplin pour gagner la présidence du parti ni voir l’extrême droite l’imposer comme un sujet interne.
Jean Noël Barrot avait été celui que la France avait envoyé à Alger pour acter la fin de brouille diplomatique entre les deux pays le 31 mars dernier. Lors de sa visite, il avait fait de grandes annonces dans le cadre de la relance des relations entre les deux pays avant que la crise ne reprenne suite à l’arrestation d’un agent consulaire par les autorités françaises.
L’incident a provoqué la réaction d’Alger qui a expulsé 12 agents du ministère français de l’Intérieur basés à Alger. La France, a, par la suite, fait de même avec 12 agents algériens postés sur son sol rappelant par la même occasion son ambassadeur à Alger Stéphane Romatet. Depuis le statu quo domine les relations entre les deux pays. Sur RTL, Jean-Noël Barrot a évoqué une « situation bloquée».