Batteries Lithium-ion. Pr Karim Zaghib : «Comment l’Algérie peut devenir un acteur clé»

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Par Abdellah B.

 

Riche en phosphate, minerai de fer et lithium, l’Algérie dispose de tous les atouts pour se positionner sur le marché des batteries électriques (LFP), selon le chercheur Karim Zaghib. Intervenant hier sur les ondes de la radio nationale, le chercheur algérien établi au Canada avec un bagage de 63 licences dans ce domaine compte investir son savoir-faire en mettant en place une véritable industrie de fabrication de batteries électriques en Algérie qui «possède les capacités et surtout l’écosystème requis pour sa transformation énergétique, à savoir le fer, le phosphate et le lithium».

Il explique sa vision pour l’avenir de la filière lithium en Algérie qui représente désormais un gisement important capable de transformer l’avenir du pays et son positionnement sur la scène internationale comme étant un acteur clé. En effet, pour cet éminent chercheur, l’Algérie devrait suivre l’évolution et les mutations que connaît la scène internationale en accélérant l’exploitation de ces ressources naturelles, notamment en métaux critiques dont le lithium indispensable pour à la fois le stockage de l’énergie via des batteries lithium et le captage de l’énergie solaire et le développement de la production des cellules photovoltaïques. En évoquant cette dernière technologie, le chercheur algérien affirme que «quelque 300 kilomètres carrés, dont le niveau solaire est très élevé, dit-il, sont capables de fournir de l’électricité pour l’Algérie et pour l’Europe.»

Dans ce sens, il suggère la mise en place d’une véritable industrie de transformation du lithium que l’Algérie peut faire «aisément». «L’industrie de transformation du lithium pour la production du carbonate de lithium et du dioxyde de lithium n’est pas compliquée, l’Algérie peut le faire facilement», explique-t-il.

De ce fait, il est question selon ce dernier d’accélérer cette transition vers une nouvelle ère industrielle qui sera bénéfique à l’Algérie à travers à la fois la valorisation de ses richesses pour répondre à l’une des problématiques majeures qui se pose actuellement sur la scène internationale liée au stockage de l’énergie propre. «Mon équipe et moi avons développé cette technologie avec plus de 63 licences d’exploitation utilisées dans l’industrie de l’automobile électrique à travers le monde, dont 70% par Tesla et 100% par les constructeurs chinois. Alors, pourquoi pas ne pas développer cette technologie en Algérie !»

Revenant sur la nouvelle mission qui lui a été confiée par le département de l’Energie, Karim Zaghib affirme qu’il est en phase de former une équipe de travail avec des chercheurs locaux pour l’élaboration d’une stratégie nationale visant le développement de la filière lithium. Une stratégie qui englobera selon lui toutes les étapes de valorisation de cette ressource minière critique, à commencer par la recherche, l’exploration, la transformation jusqu’à la production des batteries LFP (lithium, fer, phosphate) tout en se focalisant sur l’impératif de mettre en place une école de batterie lithium-ion.

Enfin, après l’exploitation du minerai de phosphate et de fer, l’Algérie s’attaque à la mise en valeur d’un minerai critique qui jouera un rôle crucial dans la transformation énergétique mondiale, le lithium, dont la présence en forte quantité a été déjà signalée dans le grand sud du pays.