Ben Jelloun, l’Algérie et la mauvaise foi intellectuelle

0
171

/Ben Jelloun remet ça. En plus de sa  génuflexion permanente face à ses maîtres, il s’est adonné encore une fois à son autre jeu favori, tirer à boulets rouges sur l’Algérie.

Dans une tribune «libre» sur le site de l’hebdomadaire français Le Point, l’écrivain marocain se pose des questions sur les relations de son pays avec la France  en commençant sa chronique par dire que le «Maroc est déçu» et que «les Marocains ne comprennent pas la politique française au Maghreb et surtout, tenez-vous bien ils ne comprennent pas «que le peuple algérien ne reçoive pas d’encouragements dans sa lutte digne et pacifique contre la junte militaire qui le bâillonne», sic. Pauvres Marocains qui, en plus de tous les problèmes auxquels ils sont confrontés, doivent «surveiller» la politique de Macron face aux… Algériens. Rien que ça.

Sautant du coq à l’âne, un style qu’il affectionne particulièrement, Tahar Ben Jelloun , aborde tout de suite après le problème des visas. Et là aussi, il croit savoir d’une source ne souffrant d’aucune partialité, puisqu’il s’agit d’un haut responsable à l’ambassade du Maroc à Paris, que  les consulats marocains ne refusent pas de reprendre des clandestins. «Ils les acceptent quand ils sont Marocains. Or, ces immigrés illégaux, sans documents, ne sont pas tous Marocains. Le ministère de l’Intérieur ne fait pas la différence entre Tunisiens, Algériens et Marocains. Un consulat marocain ne peut pas rapatrier des Algériens ou des Tunisiens. Le différend vient de là. Réaction de la France : on punit tout le monde !» re-sic. On comprend par là qu’il n y a pas de clandestins marocains en France, ni même «ces insaisissables mineurs marocains» qui hantent les villes françaises», et qui ont fait l’objet d’une entente judiciaire en décembre 2020 visant à mettre en place des outils concrets pour la prise en charge des mineurs non accompagnés originaires du Maroc. Un accord resté d’ailleurs sans lendemain. Non, la France a inclus le Maroc dans sa liste de restrictions de visas juste pour ne pas froisser l’Algérie ou encore pour mettre dans l’embarras le consul marocain parce que le ministère de l’Intérieur français ne sait pas faire la différence entre un Marocain, un Algérien ou un Tunisien. Bravo pour cette facilité dans le déni.

Poursuivant sa «brillante» analyse, il avertit que l’influence de la culture française passe par un mauvais moment au Maroc et que de plus en plus d’étudiants s’inscrivent au British Council pour apprendre l’anglais, que des familles qui ont des moyens préfèrent envoyer leurs enfants étudier aux États-Unis, en Angleterre ou au Canada, et que des panneaux publicitaires sont rédigés entièrement en anglais. Et là aussi, c’est la faute à qui ? Qui est derrière ce «désamour» ? L’Algérie pardi ! Pour Ben Jelloun, «la politique française dans la région est dominée par la culpabilité exercée par le régime algérien sur la France». Il regrette même que Macron ait tenté d’apaiser la tension entre les deux pays, «après le courageux constat à propos de la rente mémorielle du régime algérien». Voilà qu’il trouve enfin une vertu à la politique maghrébine de Macron, celle de renier l’atrocité du colonialisme français et résumer l’histoire dramatique de celle-ci à une rente mémorielle alimentée par le régime algérien. Re-re-sic

Pegasus ? C’est quoi ?

Evacuant ensuite le scandale Pegasus par un paragraphe alambiqué pour essayer de disculper son pays, Ben Jelloun veut faire croire que toute cette affaire des écoutes «a été savamment utilisée par les médias européens pour attaquer le royaume, lequel a perçu cela comme une campagne médiatique destinée à lui nuire sur tous les plans», et que de toutes les manières «plusieurs pays de l’UE, dont l’Allemagne, utilisent Pegasus». Donc pour l’écrivain «numéro un du Maghreb» comme il s’est toujours autoproclamé, l’affaire Pegasus n’est  qu’une invention de la presse mondiale pour nuire au Maroc, et la France n’a fait que tomber dans le panneau en suivant aveuglément des journalistes qui veulent du mal à son pays. Re-re-re-sic. Médiapart et le Monde apprécieront.

Tahar Ben Jelloun se pose ensuite la question de savoir si «les deux chefs d’État se sont parlé (le roi du Maroc et le président français, NDLR), mais que la politique de la France à l’égard du Maroc a changé.» «Disons que ce pays, qui a toujours bénéficié de relations privilégiées, se trouve aujourd’hui traité avec une certaine tiédeur surtout depuis les accords d’Abraham, où la France n’a joué aucun rôle», a-t-il écrit pour nous donner très vite son explication et devinez quoi ? Pour Ben Jelloun, la France est «incapable de faire quoi que ce soit qui puisse chagriner les dirigeants algériens, lesquels ne cessent de pester et d’accuser le Maroc d’avoir installé «l’entité sioniste» à ses frontières. Re-re-re-re-sic.

Ben Jelloun finit sa plaidoirie en minimisant toute cette mésentente entre le Maroc et son ancien protecteur puisque, d’après lui, son pays «a commencé à regarder ailleurs et à diversifier ses relations commerciales». Apparemment, le royaume commence à ne plus être focalisé sur la France et la francophonie, termine-t-il.  Donc tout ça, c’était juste pour régler ses comptes avec l’Algérie qu’il a toujours poursuivi de son venin à chaque fois qu’on lui offre une tribune dans la presse ou sur les plateaux français. L’écrivain marocain avait même fait  circuler la rumeur comme quoi Yasmina Khadra n’est pas le véritable auteur de ses romans. Décidément, après avoir écrit «le racisme expliqué aux enfants», Ben Jelloun nous doit aussi la bêtise expliquée à ces mêmes enfants.

Le privilégié de la cour

Tahar Ben Jelloun se veut un écrivain impliqué dans toutes les causes justes,  mais au Maroc il est surtout impliqué à la cour. En 1987, lorsqu’il reçoit le prix Goncourt pour la Nuit sacrée, Hassan II lui envoie ses «Félicitations paternelles» et «sa haute sollicitude».   Il devient peu à peu ce que le Maroc appelle «un protégé». Pendant ces années de plomb, Ben Jelloun ne risquera jamais un chuchotis, alors que s’accumulent les dénonciations dès le début des années 1980 de la part de plumes marocaines courageuses. Pour expliquer son silence,  Ben Jelloun avançait il y a quelques années : «J’étais comme tous les Marocains, j’avais peur. Je ne voulais pas affronter Hassan II de face. Je voulais pouvoir rentrer chez moi». Oui il est bien rentré chez lui le Ben Jelloun pour profiter du «brevet d’affaires», un privilège réservé aux seuls laudateurs et autres commis au service après-vente du royaume.  

N. A.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici