Par Brahim Aziez
Pourra-t-on bientôt organiser le Championnat d’Afrique de canoë-kayak sur le plan d’eau de Oued El Harrach ? «Probablement», selon les dires de Kamel Boukricha, le Directeur des ressources en eau de la wilaya d’Alger (DRE) qui intervenait, dernièrement, sur les ondes de la chaîne 3, indiquant qu’une table ronde sur le projet d’assainissement et d’aménagement de Oued El Harrach qui tarde encore à être livré vient d’avoir lieu. Lancés en juin 2012, les travaux d’aménagement de Oued El Harrach accusent un énorme retard. En avril 2021, le président de la République avait ordonné la relance du projet de développement du périmètre de Oued El Harrach, avant d’enjoindre les départements concernés par le projet, début 2022, d’accélérer le parachèvement des travaux du projet intégré de Oued El Harrach afin que cet ouvrage stratégique pour la capitale et ses environs puisse enfin voir le jour. Sa relance en novembre 2021 a englobé des opérations d’aménagement hydraulique, qui s’articulent principalement autour des opérations de dragage et de protection des talus et de la réalisation de murs de soutènement, des aménagements paysagers, ainsi que la dépollution du canal de Oued El Harrach qui traverse 4 wilayas du centre du pays et compte sur ses abords 5 zones industrielles, 10 zones d’activité et un tissu urbain.
Le projet d’aménagement de Oued El Harrach est prévu sur une longueur de 67 km, dont 18,2 km dans la capitale, et devrait permettre la navigation sur près de 6 km de long, ce qui laisse entrevoir l’espoir de voir des compétitions sportives y être organisées.
Difficultés de la dépollution de Oued El Harrach
Mais pour le DRE de la wilaya d’Alger, les travaux d’aménagement sont achevés, et les complications qui subsistent résident dans l’assainissement de l’oued.
Il est vrai que l’environnement immédiat de Oued El Harrach offre un nouveau visage. Plusieurs espaces de détente et de loisirs ont déjà été dégagés et aménagés en aires écologiques. Des ponts et des passerelles ont été érigés pour relier les deux rives et permettre aux citoyens de s’y promener, mais le reste des travaux est concentré sur l’assainissement et le traitement des eaux polluées, et plus précisément celles en rapport avec les rejets liquides industriels. Pour ce qui est des rejets domestiques, le responsable précisera que plus de 250 stations de traitement des eaux usées sont opérationnelles à travers le Grand Alger, ce qui permet de récolter 50% des eaux usées, alors que la réalisation de 2 autres stations d’épuration sera incessamment lancée. Selon la Directrice de l’environnement de la wilaya d’Alger qui assistait aux débats, plus de 170 établissements classés (entre unités de production agroalimentaire, usines, parcs d’entretien automobiles…) ont été inspectés, et 108 ont reçu des premières mises en demeure pour non-conformité des rejets avec les normes en matière de rejets liquides industriels. Mme Matour précisera que 29 secondes mises en demeure ont été renvoyées pour déboucher sur la décision de 8 fermetures d’unités industrielles. Heureusement, dira-t-elle, «5 réouvertures ont été enregistrées après la mise en conformité, quoique le gros problème réside dans ces établissements non classés qui consistent en des ateliers clandestins de produits cosmétiques ou de détergents qui sont difficiles à localiser et qui continuent de déverser leurs rejets chimiques dans l’oued».
Pas de risque en cas de crue
Abordant le volet des risques qui pourraient survenir en cas de crue centennale que les spécialistes appréhendent, Kamel Boukricha rassurera en assurant que les travaux réalisés sont à même de faire face à un tel événement, d’autant que les abords des berges ont été renforcés et débarrassés des constructions illicites qui y avaient proliféré. «L’Oued El Harrach a été aménagé de manière à ce qu’il puisse recevoir jusqu’à 250 m3/seconde de déversements», confiera Kamel Boukricha qui appuiera ses affirmations en rappelant qu’«en 2017, une grosse crue avait eu lieu à Oued El Harrach, et les ouvrages de réaménagement et de renforcement qui étaient à 70% de taux d’achèvement avaient déjà bien résisté au déferlement des eaux».