Biyouna : Une carrière hors normes

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Elle a marqué la scène, la télévision, le cinéma et plusieurs générations d’Algériennes et d’Algériens depuis ses débuts dans les années soixante-dix. Véritable icône, Biyouna s’est bâti une carrière hors normes, en traversant les décennies avec passion et panache.

PAR DELLOULA MORSLI

Issue d’une famille d’artistes, Biyouna s’intéresse au chant dès son jeune âge. Elle intègre différentes troupes dont celle de Fadéla Dziria où elle assure les chœurs en jouant de la derbouka. Au fil des fêtes de mariage, elle se construit une petite réputation et fonde sa propre troupe. Née le 13 septembre 1952 à Alger, dans le quartier de Belcourt, Baya Bouzar, de son vrai nom, investit les scènes des cabarets dès ses 17 ans, à travers la danse cette fois-ci.

C’est en 1973 qu’elle se fait remarquer par le réalisateur Mustapha Badie. Ce sont là les prémices d’un parcours artistique exceptionnel. C’est à travers le rôle de Fatima dans le feuilleton « La Grande Maison », adaptation du roman de Mohamed Dib, que le public algérien découvre cette jeune actrice. Dès lors, elle enchaîne films, séries et one man shows. Elle participe à plusieurs productions cinématographiques dont « Leïla et les autres » de Sid-Ali Mazif en 1978, « Les Vacances de l’apprenti » de Benamar Bakhti en 1999 en passant par « Une main pour une sorcière » d’Achour Kessai qui nous avait traumatisés aux débuts des années 1990.

Les années 2000 marquent un tournant dans la carrière de Biyouna. Le réalisateur Nadir
Moknèche lui offre le rôle de Meriem dans le long métrage « Le Harem de Madame Osmane », qu’elle tourne en France. En 2003, elle retrouve le même réalisateur avec « Viva Laldjérie », puis « Délice Paloma » dans lequel elle crève l’écran en interprétant le personnage de Madame Aldjeria. Mais c’est surtout en Algérie qu’elle conquiert le cœur de ses
concitoyens en s’invitant sur nos petits écrans durant le mois de ramadan, entre 2002 et 2005, avec la série humoristique « Ness Mlah City » de Djaâfar Gacem. Biyouna n’a jamais oublié son amour pour le chant et sort en 2001 l’album « Raid Zone », enregistré et produit en France.

Cet opus, composé de dix chansons, révèle l’étendue de sa voix rocailleuse. En 2007, elle réitère l’expérience avec « Blonde dans la Kasbah », enregistré lors d’un concert à Beyrouth. Cet album revisite de grandes chansons algériennes, dont les célèbres « Taali » et « El Bareh ». Après une longue absence, Biyouna est revenue sur nos petits écrans l’an dernier à l’occasion de la diffusion des séries « Eddama » de Yahia Mouzahem et « Dar Lefchouch » de Djaâfar Gacem, participant à travers ses brèves apparitions, à l’engouement du public pour ces deux succès ramadanesques. Avec une carrière qui s’étend sur plus de cinquante ans, Biyouna a su transcender les frontières de l’art. Elle a joué dans des pièces de théâtre, des films et des feuilletons télévisés, et a remporté de nombreux prix pour son talent. Personnalité unique, spontanée et attachante. Son héritage fait d’elle une icône incontournable du paysage artistique algérien.

D. M.