Longtemps en stagnation sous le seuil marginal des 2 milliards de dollars par an, les recettes d’exportations hors hydrocarbures de l’Algérie marquent ces deux dernières années un véritable boom, passant à quelque 5 milliards de dollars en 2021, alors que pour la fin de l’exercice en cours, elles devraient atteindre pas moins de 7 milliards de dollars, selon les prévisions du gouvernement.
L’objectif officiellement affiché par les pouvoirs publics est de porter cette performance à 10 milliards de dollars à fin 2023, avec en toile de fond une diversification plus accrue de l’économie nationale pour la rendre moins dépendante des ressources pétrolières et gazières. Si le cap est ainsi clairement fixé, beaucoup reste néanmoins à faire pour maintenir et consolider cette tendance plus que positive des recettes du pays en exportations hors hydrocarbures.
Interrogé quant aux voies et moyens à mettre en avant pour diversifier et améliorer les ventes de l’Algérie à l’étranger en hors pétrole et gaz, Ali Bey Nasri, consultant en exportation et ex-président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), estime que «la stratégie à privilégier pour stimuler les exportations hors hydrocarbures doit être orientée vers la valorisation des ressources naturelles, dont notamment celles minières». Selon lui, «ces filières peuvent être sources de revenus très importants à l’export car il s’agit de produits à 100% de taux d’intégration et donc à très haute valeur ajoutée». Ce qui n’est pas tout à fait le cas d’autres filières, telle que l’agroalimentaire par exemple, «dès lors qu’elles dépendent de matières premières importées et ne sont donc pas suffisamment compétitive à l’export», explique notre interlocuteur.
N’estimant pas impossible d’atteindre l’objectif d’un chiffre d’affaires global de 10 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures dès fin 2023, l’ex-président de l’Anexal souligne toutefois que «cela dépend de plusieurs variables, dont notamment l’évolution des cours de l’énergie à l’international qui ont permis jusqu’ici de stimuler en partie les exportations du pays en valeur». L’Algérie, précise-t-il, «exporte des fertilisants, de l’ammoniac et beaucoup d’autres produits énergivores qui pèsent pour quelque 60% dans la structure actuelle de ses exportations».
Des produites très compétitifs
Les prix internationaux de l’énergie étant multipliés par cinq depuis l’année dernière, «cela rend les produits exportés par l’Algérie très compétitifs, vu que les coûts énergétiques locaux restent huit à dix fois plus bas qu’en Europe». Aussi, préconise Ali Bey Nasri, «pour améliorer les exportations hors hydrocarbures, il est important d’être prudent et attentif à l’égard de l’évolution des prix du gaz à l’international, de diversifier les filières exportatrices, de fixer et favoriser les produits émergents et, surtout, de développer des capacités de production importantes». Sur ces dix dernières années, rappelle-t-il en ce sens, «quelque 80% des produits exportés, tels que le ciment et les produits sidérurgiques, sont le fait des nouveaux investissements réalisés durant la dernière décennie».
Aux plans réglementaire et législatif, recommande en définitive notre interlocuteur, le développement des exportations en hors gaz et pétrole passe également «par la levée de certaines contraintes pour libérer l’acte d’exporter, à travers notamment la dépénalisation du défaut de rapatriement de recettes d’exportations dans les délais impartis, l’intéressement des exportateurs en recettes tirées de leurs exportations et l’accès aux possibilités d’externalisation et d’investissement à l’international».
A souligner que lors de son intervention, jeudi dernier au Forum de l’export à Alger, le premier ministre Aïmène Benabderrahamne avait clairement fait part de la volonté des pouvoirs publics d’œuvrer à lever toutes les entraves à la production nationale et à l’export afin de parvenir à consolider l’autosuffisance du pays et à favoriser les exportations hors hydrocarbures.
Par R. Akli