Bouygues et Macron ciblent Alger

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A la veille de la commémoration du 67e anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne mais aussi et surtout à six mois de la tenue des élections présidentielles française, le groupe français de télévision TF1, propriétaire de Martin Bouygues a décidé de prendre en charge le volet médiatique de la question algérienne.

En effet, nous venons d’apprendre à travers plusieurs confrères algériens que la direction de l’information du groupe a formulé des demandes d’accréditations auprès des autorités algériennes pour une série de reportages quasiment tous liés à l’épineuse  question de la mémoire. Quoi de plus normal ? Seriez-vous capable de rétorquer. En effet, qu’un groupe media de la taille de TF1 s’empare de cette question et formule une démarche officielle pourrait s’apparenter à un acte tout à fait banal mais vu le contexte diplomatique actuel et surtout connaissant la proximité quasi charnelle entre les dirigeants du groupe Bouygues et le président Macron, l’action de la direction de l’information de la «Une» est loin d’être anodine. Rappelons le contexte. Dans la partie de jeu d’échecs entre Alger et Paris, Macron a débuté la partie en utilisant son «fou» en qualifiant la direction actuelle du pays de «système politico-militaire» et insultant le peuple algérien en relayant les propos des nostalgiques de l’Algérie française qui revendiquent la paternité de la création de la nation algérienne. Face à la réplique ferme d’Alger qui rappelle son ambassadeur et ferme son espace aérien aux avions militaires français, Macron scrute de nouveau son échiquier et semble vouloir utililiser d’autres pièces, sans  doute «plus imposantes», selon sa propre grille de lecture.

«Bouygues, un élément perturbateur»

C’est à ce titre que le président Emmanuel Macron fera appel à son vieil ami, celui qu’il a connu durant sa carrière de banquier d’affaires, son ancien client de la banque Rothschild, Martin Bouygues. Il faut dire que les liens entre les deux hommes est très fort. Malgré l’intermède tumultueux du flop du rachat de Bouygues Telecom par l’opérateur Orange, Macron a toujours trouvé en la personne de Martin Bouygues un soutien de taille. Et ce n’est pas pour rien que l’actuel secrétaire général de l’ensemble du groupe TF1, Didier Casas, a durant la 1re campagne électorale du candidat Macron, pu mettre entre parenthèses son job au sein du groupe Bouygues pour participer à l’élaboration du programme du président élu. Autre fait rapporté par tous les médias français y  compris la presse people : pour sa première intervention dans une chaine de télévision en tant que président, Emmanuel Macron a accepté de venir sur le plateau de TF1 à 20h05 pour évoquer ses six premiers mois de mandat et ses débuts de président, «grâce à l’intervention de Martin Bouygues.» De l’aveu même des responsables de la chaine. D’un autre côté, le patron a sans aucun doute une motivation supplémentaire. Quand en 2016, Bymaro, filiale marocaine de Bouygues Bâtiment, remporte la réalisation d’une tour futuriste de 122 mètres de haut à Casablanca, il se voit accusé par Alger à travers le ministre de l’Urbanisme de l’époque et président de la République aujourd’hui d’élément perturbateur. Devant ses cadres, Abdelmadjid Tebboune avait clairement mis à l’index le responsable du groupe Bouygues qui, selon lui, «avait orchestré une campagne de dénigrement à l’encontre du projet de la grande mosquée d’Alger parce qu’il ne la pas eu». Avant de rajouter que de toutes façons : «Il ne l’aura pas». Et l’histoire a montré qu’il ne l’a pas eu.

C. S.

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