Par R. Akli
Soumis la semaine écoulée aux débats à l’Assemblée populaire nationale (APN), le Projet de loi de finances pour l’exercice à venir (PLF 2025) devrait être adopté le 13 du mois en cours par les députés avant de faire l’objet d’un nouveau round de débats et de vote à la chambre haute du Parlement pour être par la suite officiellement promulgué au premier jour de l’an prochain. Le projet de loi auquel l’APN a suggéré d’apporter nombre d’amendements de fond ou de forme, touchant surtout à certaines nouvelles dispositions législatives et fiscales, devra ouvrir la voie, une fois approuvé par les deux chambres du Parlement, au changement total ou partiel prévu de l’équipe gouvernementale en place, afin d’amorcer une nouvelle phase de mise en œuvre des réformes en cours, corrélativement aux engagements socio-économiques et institutionnels pris par le président de la République. Tel que souligné en effet par le ministre des Finances, Laâziz Faïd, mercredi dernier à l’APN à travers ses réponses aux questions des députés, l’élaboration du PLF 2025 «intervient dans un contexte particulier marqué par l’achèvement d’un premier mandat présidentiel et l’entame d’un autre», qui s’articulera, a-t-il dit, «sur les réalisations économiques, tout en veillant à consolider les progrès sociaux réalisés ces quelques dernières années».Troisième PLF a être élaboré en mode «programmes, objectifs et résultats», selon les exigences de la nouvelle loi organique relative aux lois de finances, le nouveau texte budgétaire se veut, faut-il le souligner, comme une véritable feuille de route de politique économique et financière pour la période allant de 2025 à 2027 en fixant en ce sens les principales évolutions d’ensemble attendues sur les trois prochaines années, ainsi que la trajectoire tracée en termes de recettes, de dépenses et de réduction des déficits publics sur la même échéance.
Dépenses, recettes et déficit…
Elaboré à partir de scenarii prudents sur les évolutions futures du marché pétrolier mondial, le PLF 2025 est basé ainsi sur un prix de référence fiscal du baril de pétrole brut de 60 dollars et un cours prévisionnel du marché retenu à 70 dollars, et ce, pour l’ensemble de la période allant de l’exercice prochain à 2027. Aussi, les volumes d’exportations de produits d’hydrocarbures, est-il projeté à travers le rapport de présentation du PLF, «devraient augmenter de 1,9% en 2025, puis baisser respectivement de 0,9% et de 5,8% en 2026 et 2027». S’agissant de l’évolution de la population résidente, celle-ci devrait atteindre 47,8 millions d’habitants en 2025, puis 48,5 millions en 2026 et 49,1 millions en 2027, selon le même document qui prévoit par ailleurs des dépenses budgétaires de l’ordre de 16 794,61 milliards DA pour l’année prochaine, en hausse de 9,9% par rapport à 2024. Des dépenses qui devraient continuer à s’accroître pour s’établir à 17 948,64 milliards DA en 2026, avant de reculer légèrement en 2027 à 17 387,53 milliards DA. En contrepartie, les recettes budgétaires devraient s’améliorer de 3,5% l’année prochaine comparativement aux prévisions de clôture de l’exercice en cours, pour atteindre un montant global de
8 523,06 milliards DA, avant de progresser à 8 882,79 milliards DA en 2026 et à 9 036,50 milliards DA en 2027. Le budget de l’Etat sur la période 2025 à 2027, est-il précisé en ce sens, «s’inscrit dans la continuité de la démarche tracée dans la loi de finances précédente, confirmant ainsi la stratégie budgétaire à moyen terme qui repose sur le plafonnement de la dépense publique, conjugué à une évolution progressive des recettes fiscales». Une stratégie qui devra permettre à terme de ramener le déficit global du Trésor public rapporté au PIB de -24,4% en 2025, à -22,2% en 2027, prévoit le rapport de présentation du PLF.
Croissance économique et équilibres extérieurs
Le même document table par ailleurs sur une accélération de la croissance économique qui devrait atteindre un niveau de 4,5% en 2025 et 2026, mais qui marquerait par la suite une relative décélération pour s’établir à 3,7% en 2027, «en relation avec la baisse de la croissance du secteur des hydrocarbures», est-il expliqué. En revanche, la croissance attendue du Produit intérieur brut (PIB) en hors hydrocarbures devrait progresser en moyenne de 5% durant les trois prochaines années, tirée notamment par les secteurs de l’agriculture, de l’industrie, du BTPH et des services. Au registre des équilibres financiers extérieurs, la trajectoire économique triennale retenue table sur un excédent de la balance des paiements de 1,17 milliard de dollars en 2025, puis un léger déficit de 0,54 milliard de dollars prévu en 2026, avant un retour à l’équilibre attendu pour l’exercice d’après. Corrélativement, l’encours des réserves officielles de change devrait continuer à augmenter l’année prochaine, par rapport aux prévisions de clôture de 2024, pour atteindre 72,95 milliards de dollars, avant de marquer un léger recul pour se situer à 72,41 milliards de dollars en 2026 et 72,36 milliards en 2027. Un stock de réserves en devises évalué ainsi à l’équivalent de plus de 15 mois d’importations.