Le Sud-Africain, Patrice Motsepe, semble sur la voie royale pour un deuxième mandat, et ce malgré les tentatives désespérées mais incessantes du Maroc de l’affaiblir. À un peu moins de 4 mois du scrutin, le poste de premier responsable du football africain polarise le débat politique avant le sportif entre certains pays africains, et lobbys puissants au sein du continent.
Le Sud-Africain est assuré du soutien d’une grande partie des associations membres, qui estiment que son bilan, même critiquable, mais aussi et surtout ses volontés et projets lors du second mandat méritent une prolongation. Il est nécessaire de souligner que le soutien des alliés de Motsepe s’inscrit dans une stratégie diplomatique sportive visant à s’aligner avec une figure perçue comme neutre dans les rivalités géopolitiques continentales. Motsepe, en tant que Sud-Africain, est jugé moins susceptible de privilégier une région particulière, ce qui rassure certains pays dont l’Algérie dans leur opposition à toute hégémonie d’un pays ou groupe sur la CAF. Ce n’est pas le cas de notre voisin de l’Ouest qui ne cache plus son appréhension de perdre une certaine influence au sein de l’instance faîtière du football continental. Leur plan consiste à affaiblir le président en poste par tous les moyens, comme en témoigne cette dernière enquête de jeune Afrique, un média connue pour être proche du Makhzen, qui, citant un audit interne, affirme que la CAFest déficitaire, pire, que 16 millions $ manquent dans les caisse, sous-entendant que l’une des 10 plus grandes fortunes en Afrique aurait dérobé cette somme, sans toute fois fournir la moindre preuve tangible de cette accusation.
Le SG premiére cible du Makhzen
Sous « l’autorité » de Fouzi Lekjaâ, la Fédération royale marocaine de football (FRMF) mène une campagne intense pour présenter un candidat alternatif -on parle d’Abu Rida), ou, par défaut, réduire le pouvoir du président sortant. Sa stratégie consiste à « diaboliser » le secrétaire général, Veron Mosengo-Omba, intransigeant avec le Maroc , et défaire Motsepe de son bras droit et homme de confiance.
Il estime que la gestion du Sud-Africain fait du Suisso-Congolais le véritable maître de la Confédération africaine de football (CAF). Il œuvre pour convaincre les Fédérations africaines à soutenir un changement au sein de l’instance et faire en sorte de se débarrasser de Veron Mosengo-Omba, accusé d’être derrière des conflits d’intérêts, d’ingérence et de favoritisme pour en placer leur poulain, le secrétariat général de la CAF étant le but suprême du Maroc. Cette approche inclut également une offensive diplomatique en direction des pays francophones et anglophones, souvent divisés au sein du football africain. SI cette élection illustre une fois de plus la politisation croissante du sport en Afrique, l’Algérie elle, cherche à défendre une vision du football africain où l’équité et le mérite sportif priment sur les calculs politiques. Si Patrice Motsepe parvient à se maintenir, il devra répondre aux attentes croissantes d’un continent qui aspire à un football plus performant et mieux organisé, mais surtout moins soumis à l’hégémonie de certains pays. En dépit de la colère des responsables algériens contre Motsepe lors de son premier mandat, en raison de son traitement du dossier des candidatures à l’organisation de la CAN- 2025 et de l’affaire du match de la Coupe de la CAF entraînant la disqualification (injuste) de l’USMA, le Sud-Africain devrait avoir une seconde chance avec l’Algérie. Les derniers amendements, approuvés à l’unanimité par l’assemblée de la CAF lors de sa dernière AG ordinaire, ont rendu, d’ores et déjà, possible la candidature de plusieurs gros poissons de la discipline la plus populaire au monde. L’Egyptien Hany Abo Rida (71 ans) en fait partie. Augustin Sanghor, le Sénégalais, ne s’est pas encore prononcé. La commission électorale de la CAF a arrêté au 12 du mois prochain la date limite du dépôt des dossiers de candidature à la présidence et au Comité exécutif (Comex) de la Confédération africaine.
Nassim Elyès