Le coup d’envoi officiel de la campagne moisson-battage 2024/2025 au nord du pays est donné aujourd’hui à partir de la wilaya de Chlef, marquant le début d’une saison agricole aux perspectives particulièrement encourageantes.
PAR NABIL M.
Sous l’effet conjugué d’une pluviométrie favorable, d’un renforcement des capacités de stockage et d’un soutien accru aux agriculteurs, les services agricoles annoncent des prévisions de récolte optimistes pour la filière céréalière, renforçant ainsi les ambitions nationales en matière de sécurité alimentaire.
Ainsi, les différentes wilayas du nord du pays affichent des projections de production particulièrement dynamiques. La wilaya de Tiaret caracole en tête avec une prévision de 1 million de quintaux de céréales diverses. Annaba suit avec 400.000 quintaux attendus, tandis que Tizi-Ouzou table sur une production dépassant 192.000 quintaux. Dans la wilaya de Blida, les estimations s’établissent à plus de 90.000 quintaux, alors qu’El Bayadh enregistre une projection de 72.000 quintaux. Les wilayas d’Oran, Sidi Bel-Abbès, Mila et Djelfa affichent quant à elles des prévisions avoisinant les 47.000 quintaux chacune.
Cette dynamique positive s’appuie sur une superficie cultivée record dépassant les 3 millions d’hectares consacrés aux céréales au titre de la saison agricole en cours. Cette emblavure se répartit entre plus d’un million d’hectares pour le blé dur et une superficie équivalente pour l’orge. Pour accompagner cette expansion, les autorités ont mis à disposition des agriculteurs 4,2 millions de quintaux de semences certifiées, répondant ainsi pleinement à la demande croissante.
Une stratégie nationale volontariste
Toutes ces mesures sont prises dans le cadre des objectifs ambitieux fixés par le président de la République, comme l’avait réaffirmé le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, M. Youcef Cherfa. « L’enjeu de cette campagne consiste à faire de 2025 la dernière année d’importation de blé dur et de 2026 la dernière année d’importation d’orge », a-t-il déclaré, soulignant ainsi la priorité absolue accordée à la souveraineté alimentaire du pays.
Cette ambition se concrétise par un vaste programme d’investissements dans les infrastructures de stockage. Pas moins de 350 centres de stockage de proximité, d’une capacité unitaire de 50.000 quintaux, sont en cours de réalisation, portant la capacité totale à 17,5 millions de quintaux. Le programme comprend également la construction de 30 silos de stockage à long terme (250.000 quintaux chacun) et la remise en service de 16 silos laissés à l’abandon depuis 2016.
Un accompagnement renforcé des agriculteurs
Pour soutenir cette dynamique de production, l’État a mis en place un ensemble de mesures incitatives. Le prix d’achat des céréales et légumineuses aux producteurs a été révisé à la hausse, tandis que le taux de subvention des engrais a été porté à 50% de leur prix de référence. Ces dispositions visent à atténuer l’impact de la flambée des prix sur les marchés internationaux.
Parallèlement, les facilités bancaires ont été élargies avec une généralisation des crédits agricoles à travers l’ensemble des banques publiques. Le parc de transport de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a quant à lui été renforcé par l’acquisition de 120 nouveaux camions de grand tonnage, venant compléter une flotte déjà composée de plus de 1.500 véhicules.
Vers une autonomie céréalière durable
Avec un taux d’autosuffisance en blé dur atteignant désormais 80%, l’Algérie accélère sa marche vers l’indépendance alimentaire. Les premiers résultats enregistrés dans les wilayas du Sud, où la campagne a débuté dès le mois de mai dernier sur une superficie de 150.000 hectares, soit 40.000 hectares de plus que la saison précédente, confirment cette tendance positive.
Le transfert de la gestion des projets de silos aux walis, ordonné par le président de la République, garantit par ailleurs une mise en œuvre transparente et efficace de cette stratégie ambitieuse. Dans un contexte international marqué par une grande volatilité des marchés agricoles, cette mobilisation nationale témoigne de la détermination des pouvoirs publics à réduire la dépendance aux importations et à valoriser pleinement le potentiel agro-industriel du pays.
Cette campagne 2024/2025 s’annonce ainsi comme une étape décisive dans la consolidation de la souveraineté alimentaire de l’Algérie, conformément aux orientations stratégiques des plus hautes autorités de l’État.