Chute des cours du pétrole sous l’impact des mesures douanières américaines : Réaction «prudente» de l’OPEP+

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Par Abdellah B.

 

Le marché pétrolier est à la veille d’une profonde mutation sous l’impact de multiples paramètres liés à une restructuration du marché mondial. Les signes de bouleversement sont de plus en plus perceptibles, encouragés par une guerre commerciale déclenchée par l’administration Trump et qui a engendré une chute continue des cours du baril pour finir sous la barre des 65 dollars.

 

Face à cette situation, l’OPEP+ préfère adopter une approche «prudente» avant de faire connaître sa réaction pour maintenir les prix à des niveaux acceptables. En effet, au moment où les analystes s’attendaient à une réaction à chaud des membres de l’OPEP+, à l’occasion de la 59ᵉ réunion du Comité ministériel conjoint de suivi, tenue hier, le cartel affirme dans un communiqué que «ses membres restent pleinement mobilisés face aux développements en cours», sans décision précise visant à stopper cette dégringolade des prix qui n’arrange, désormais, ni les consommateurs ni les producteurs, du schiste américain en particulier. Cette approche vigilante de l’OPEP+ est dictée par la nécessité d’étudier l’évolution du marché dans tous ses aspects avant de réagir d’une manière ferme en faveur d’un équilibrage entre l’offre et la demande et par conséquent une stabilité du marché que la décision de Donald Trump a fortement perturbé.

 

Dans ce sens, même si la guerre commerciale déclenchée par l’administration américaine a exclu les hydrocarbures dans la panoplie de mesures douanières dictées par le président américain, le recul de l’activité économique a déjà eu un impact négatif sur les cours du pétrole sur le marché international ces derniers jours. Une situation qui a engendré des tensions commerciales avec de nombreux pays, dont certains sont déjà passés à l’application du principe de réciprocité, comme c’est le cas de la Chine qui a imposé des taxes de 35% sur les hydrocarbures américains et des pays de l’UE qui ont brandi la menace de recourir à cette option comme l’Espagne, l’un des principaux importateurs du GNL américain sur le Vieux Continent.

 

En effet, l’éventuelle accélération de l’entrée en vigueur de mesures douanières européennes sur les produits énergétiques en provenance des Etats-Unis prévue essentiellement en 2027 aura un impact assez important sur les approvisionnements du Vieux Continent en GNL. Autrement dit, une réaction des pays européens à la décision de Trump pourrait se traduire par une réduction drastique des débouchés pour les compagnies pétrolières américaines au moment où le marché du GNL est déjà marqué par une forte concurrence internationale et des fluctuations importantes des prix. Une situation qui serait favorable à d’autres pays producteurs comme l’Algérie qui dispose déjà d’une importante capacité de production de GNL et de gaz naturel pour subvenir aux besoins des pays européens en cette ressource énergétique.

 

Enfin, cette démarche américaine en faveur d’une baisse des prix du pétrole risque de peser lourdement sur un marché international qui a connu ces dernières années un retour des investissements en force dans le domaine des hydrocarbures après le choc pétrolier de 2014, ce qui pourrait se traduire par la réduction de la production et l’exposition du marché à un manque difficile à combler. Une situation qui n’arrange d’ailleurs ni les pays consommateurs qui seront confrontés à une réduction de l’offre, ni les pays producteurs qui seront incapables de mettre en valeur les richesses de leurs sous-sols.