Circuit commercial : la restructuration en marche

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PAR NABIL M.

Dans un contexte marqué par de grands défis économiques et sociaux, l’Algérie intensifie ses efforts pour structurer et moderniser son circuit commercial. Sous l’impulsion des ministères du Commerce intérieur, de l’Agriculture et celui de l’Industrie, une série de mesures ambitieuses a été mise en marche, visant à renforcer la production locale des produits agricoles et agroalimentaires, à optimiser le stockage des produits frais et à organiser un circuit de distribution régulé et efficace. Ces initiatives s’inscrivent dans une
stratégie globale pour garantir un approvisionnement continu des marchés, lutter contre la spéculation et protéger le pouvoir d’achat des citoyens. Dans le volet de la distribution, le rafraîchissement des circuits existants est une option que l’Etat compte appuyer pour garantir la maîtrise du marché. En présidant hier les travaux de la rencontre nationale des
cadres du secteur, le ministre du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national, Tayeb Zitouni, a annoncé la relance et la modernisation de la Société de réalisation et gestion des marchés de gros (MAGROS) au cours de cette année. Cette société, qui gère actuellement neuf marchés régionaux de fruits et légumes, verra ses activités développées et modernisées pour jouer un rôle central dans la régulation et l’approvisionnement du marché national en produits agroalimentaires divers. Le ministre a insisté sur l’importance de cette initiative pour stabiliser les prix et assurer une disponibilité permanente des produits de première nécessité.

Renforcement des grandes surfaces commerciales

Pour compléter cette stratégie, le ministère du Commerce mise sur le développement des grandes surfaces commerciales, considérées comme un levier efficace pour réguler l’approvisionnement et contrôler les prix. Des investissements nationaux et étrangers sont attendus pour moderniser les infrastructures commerciales et créer de nouveaux espaces de distribution. Dans ce sens, il est à rappeler l’arrivée prochaine d’un investissement qatari prévoyant l’ouverture de 500 espaces commerciaux à travers le pays. En plus de cet
investissement, la société « Four Weeks » prévoit dans son plan de développement 2024-2032, l’ouverture de plus de 80 points de vente au niveau du Grand Alger, dont 14 hypermarchés (grandes surfaces), 43 supermarchés et 24 magasins de proximité, ainsi que 12 points dans les Hauts Plateaux, 10 à l’Ouest algérien et 12 dans le Sud du pays de type
hypermarché. Ces projets s’inscrivent dans une vision plus large visant à dynamiser le secteur commercial, mais également à réduire le nombre d’intermédiaires et à garantir des prix compétitifs, tout en luttant contre la spéculation, en plus d’intégrer les acteurs informels dans le tissu économique officiel.

Amélioration de la production et du stockage

Dans ce même circuit d’approvisionnement et de régulation, le secteur agricole joue un rôle
central. Les pouvoirs publics ont lancé un programme national pour la création de chambres froides de petite et moyenne taille, destinées à améliorer le stockage des produits agricoles et à éviter les pénuries. Ce réseau, soutenu par des facilités bancaires pour les agriculteurs, permettra de mieux réguler les marchés, notamment pour les produits sensibles comme la pomme de terre, l’oignon et les viandes. Par ailleurs, des projets de partenariats internationaux sont en cours pour produire localement des semences de légumes, réduisant ainsi la dépendance aux importations. Ces initiatives s’accompagnent de la modernisation des équipements agricoles, avec des entreprises locales qui jouent un rôle clé dans la diversification de l’offre et l’optimisation des pratiques agricoles. En parallèle de ces mesures, l’Etat reste à l’écoute du marché pour activer le levier de l’importation pour venir en aide à tout manquement de produits, particulièrement en ce qui concerne les viandes. Cette mesure reste nécessaire, malgré la disponibilité sur le marché d’une grande variété de produits locaux, pour assurer l’équilibre entre l’offre et la demande et garantir des prix abordables aux consommateurs. Outre ces mesures, une nouvelle loi sur l’approvisionnement et la régulation du marché est en cours d’élaboration, avec pour objectif de protéger le pouvoir d’achat des citoyens. Le ministère prévoit également de renforcer les mécanismes de contrôle pour lutter contre la spéculation et garantir la conformité des produits importés. Tous ces efforts déployés par l’Etat témoignent d’une volonté ferme de structurer et de moderniser le circuit commercial. En combinant relance des infrastructures, soutien à la production locale et régulation des marchés, l’Algérie se positionne pour atteindre une autosuffisance alimentaire et garantir une stabilité économique durable