- Le projet Gemini censé révolutionner la compagnie espagnole encore retardé
- Total sur le point d’acheter des actifs dans la compagnie
En pleine crise énergétique, l’Espagne est exposée à une nouvelle problématique qui pourrait remettre en cause sa sécurité. Il s’agit de la mise en vente des actifs par la première compagnie espagnole d’énergie, Naturgy, qui affirme avoir entamé les procédures pour scinder le groupe en deux entités.
Le président de Naturgy, Francisco Reynés, a déclaré à ce propos : « Avec ce projet, Naturgy avance de manière décisive dans sa transformation et anticipe les mutations perturbatrices que connaît le secteur. Gemini encouragera la croissance au-delà du plan stratégique, ouvrant une nouvelle voie pour une approche pragmatique de la transition énergétique.» Mais avant d’entamer cette action, lancée en février 2022, il est question de régler sa situation avec le fournisseur algérien en gaz, Sonatrach.
Désormais, le retard enregistré dans les négociations entre Sonatrach et Naturgy concernant la révision à la hausse des prix du gaz importé d’Algérie constitue une entrave pour le développement de Naturgy dont les investisseurs ne veulent pas acquérir des actifs dans un groupe en difficulté. «Lancé il y a plus de six mois et connu sous le nom de projet Gemini, ce dernier a subi un retard important dans le calendrier prévu, qui devait initialement être prêt à la fin de 2022», rapporte la presse espagnole.
Mais le projet connaîtra un nouveau report suite au retard enregistré dans les négociations entre Naturgy et Sonatrach. De ce fait, la compagnie espagnole a fixé une nouvelle date pour le «2e trimestre de 2023» pour l’application de ce projet, d’après la même source.
«Le gouvernement espagnol ne donnera jamais l’accès aux contrats avec l’Algérie aux Français»
Par ailleurs, le groupe français Total-Energie, appuyé par Macron, s’est montré intéressé par le rachat des actifs de Naturgy mais préfère temporiser pour y voir plus clair dans les relations du groupe avec Sonatrach. L’entrée en ligne du groupe français commence déjà à inquiéter la partie espagnole, qui s’est sentie menacée dans sa sécurité énergétique au cas où Naturgy vendrait une part de ses actifs au groupe français. «En aucun cas l’Espagne ne laissera les Français avoir accès au contrat gazier avec l’Algérie, il y va de la sécurité nationale», écrit le journal économique espagnol LibreMercado, citant une source autorisée.
Beaucoup d’observateurs ont lié cela au refus de Macron de relancer le projet Midcat et aux nouveaux contrats gaziers annoncés entre Engie et Sonatrach. En d’autres termes, Macron, de par ses nouvelles ambitions, constitue une menace à l’investissement espagnol dans le projet de transformation du pays ibérique en première force énergétique de l’Union européenne au profit d’autres groupes étrangers comme Total.
Les chiffres qui désavouent Naturgy
Concernant sa relation avec la partie algérienne, Naturgy affirme que le contrat d’approvisionnement en gaz de la part de Sonatrach fonctionne «normalement», mais les données du ministère espagnol de l’Énergie indiquent le contraire.
Selon les dernières données du mois de septembre, les importations espagnoles de gaz depuis l’Algérie ont chuté de 40%, et aucun méthanier de la compagnie nationale des hydrocarbures n’a accosté les terminaux gaziers espagnols depuis l’escalade des tensions entre Madrid et Alger sur la question du Sahara occidental. Selon la presse espagnole, «les rapports sur l’approvisionnement en gaz relèvent que le commerce du GNL avec l’Algérie a littéralement disparu. Il s’agit de gaz liquéfié, qui arrive au moyen de méthaniers».
Les négociations avec la partie algérienne sont toujours en cours, et la situation tarde à connaître le dénouement après plusieurs mois de dialogue et d’échange. Enfin, la partie espagnole risque de perdre un marché de gaz moins cher en provenance de l’Algérie durant cette période d’inflation qui caractérise le marché du GNL sur le plan international dont les prix avoisinent 4000 dollars le kWh.
A. B.