PAR ABDELLAH B.
La COP 28 dont les travaux prendront fin dans quelques jours a mis sur le tapis un dossier lourd avec des conséquences aussi importantes sur la scène internationale. Dans un document rendu public la semaine écoulée, qui devra servir de base de discussion en vue de son adoption à la fin des travaux cette semaine, la COP 28 a introduit une formule visant « l’élimination progressive des énergies fossiles ».
Cette démarche a suscité des interrogations : faut-il sacrifier le développement humain pour le climat en éliminant les énergies fossiles ? Ou simplement trouver une solution pour réduire les émissions des gaz à effet de serre en optant pour la décarbonation ? Dans ce sens, des voix se sont élevées face à une machination visant à l’élimination progressive des énergies fossiles et ont appelé à faire barrage à toute initiative allant dans ce sens. C’est bien le cas du secrétaire général de l’Opep, Haitham alGhais, qui a appelé les pays membres à rejeter tout accord ciblant les énergies fossiles lors des négociations sur le climat.
Ce dernier a plaidé pour que l’accent soit mis sur la réduction des émissions plutôt que sur la réduction de l’énergie, Pour Al Ghais, « il semble que la pression indue et disproportionnée contre les combustibles fossiles puisse atteindre un point critique avec des conséquences irréversibles, car le projet de décision contient toujours des options visant la suppression progressive des combustibles fossiles ». De ce fait, ce dernier estime que le débat doit être détourné vers la question de la « décarbonation ». P
as touche au charbon et promotion du nucléaire
En fait, cette réaction intervient après la publication de la deuxième version du texte qui servira de base d’insertion en vue d’une adoption par les participants aux travaux de la COP 28. Une version défendue par les pays du nord, notamment l’union européenne qui, à travers sa représentante, Wopke Hoekstra, a déclaré que l’UE souhaitait que la COP 28 permette d’accélérer la baisse des émissions des gaz à effet de serre dès « cette décennie ».
« Je veux que cette COP marque le début de la fin pour les énergies fossiles ». Pas un mot sur le charbon (sur pression de l’Inde qui, pour répondre à l’appel de certains pays, dont la France, à arrêter les investissements dans les centrales à charbon, a opposé son veto car dépendant largement de cette énergie) et beaucoup de publicité pour le nucléaire.
En effet, sur la pression du lobby du nucléaire, plusieurs pays ont appelé à tripler les capacités de cette énergie dans le monde d’ici 2050. 110 pays ont déjà affiché leur intention de tripler leurs investissements dans le nucléaire d’ici 2030. Il faut dire que cette démarche aura comme conséquence un déséquilibre fatal du marché des hydrocarbures, avec comme première réaction la réduction des investissements, sinon leur détournement vers le nucléaire, ce qui creusera davantage le fossé entre l’offre et la demande.
Pour sa part, la chambre africaine de l’énergie (CAE) n’a pas manqué de décocher quelques flèches à l’égard d’un Occident qu’elle qualifie d' »hypocrite » en matière de lutte pour le climat. Dans un communiqué rendu public, la CAE affirme que « l’élimination progressive des combustibles fossiles est le choix d’une approche occidentale de la transition énergétique, elle n’est tout simplement pas celle de l’Afrique ».
Pour la CAE, « le continent est non seulement celui qui a le moins contribué aux émissions mondiales de gaz à effet de serre – moins de 2% – mais il est également confronté aux pires impacts du changement climatique, en grande partie à cause des mesures prises par les pays développés depuis des siècles », lit-on dans le communiqué.
Au moment où les tentatives se multiplient de la part des pays occidentaux pour éliminer les énergies fossiles, des pays au sein de l’espace européen recourent au charbon ou encore au nucléaire pour la production de l’électricité, une situation qui montre l’écart existant entre le discours et la réalité sur un continent qui cherche toujours à multiplier ses importations en énergie fossile pour faire face à la crise énergétique qu’il traverse depuis l’année dernière.
A. B.